O.F.N.I. #14- A Ghost Story
"Vous pouvez écrire un livre, mais les pages brûleront. Vous pouvez chanter une chanson et la transmettre, vous pouvez écrire une pièce et espérer que le monde s'en souviendra et continuera de la jouer, vous pouvez construire la maison de vos rêves... Mais finalement, rien de tout cela ne compte plus que de planter ses doigts dans le sol pour enterrer une clôture ou que de baiser." Un monologue plein d'ivresse et pourtant chargé de sens qui s'interroge, comme l'intégralité du métrage, sur la place de l'individu au sein d'un univers trop grand, comme un point au milieu d'un espace infini, une lacune sans conséquences; la vie se présentant alors comme un temps de latence négligeable dans une temporalité qui se dilate et qui s’achèvera fatalement.
Et pourtant, la vie est un tout; et à aucun moment le métrage plonge dans un nihilisme profond et désespéré sans grand intérêt. Bien au contraire. La vie comme incident trivial vaut le coup d'être vécue. Et c'est à travers la mort que David Lowery nous offre une acception de la vie aussi intense.
Un couple qui restera anonyme vit son amour dans une maison américaine sans prétention. Le mari meurt dans un accident de voiture. Allongé sur sa table funéraire il se redresse, recouvert de son linceul, percé de deux trous tristes en guise d'yeux. Il devient alors un être errant muet, apathique mais toujours touchant. Nous suivons alors les pas lents et réglés de ce fantôme enfantin qui retrouve son amour et assiste impuissant à son deuil puis à ses nouvelles conquêtes, son départ pour une nouvelle vie tandis que lui reste enfermé dans la solitude de sa mort. Il se tient simplement là, debout, à observer et contempler le monde, ou plutôt son monde, restreint au cadre de sa petite maison.
Avant de partir définitivement, elle laissera un mot dans le bois pourrissant de sa maison. Ce mot devient alors la quête ultime de notre héros silencieux. Le temps alors se dilate et s'étale, un clignement d’œil pouvant devenir une décennie et un pas en avant un retour d'un siècle en arrière. Et nous spectateurs partageons la solitude du voyage de celui qui devient finalement une sorte d'ami, ou une projection de nous-mêmes au-delà de la mort.
Le cadre est complétement maitrisé, une image en 4/3 composée à la perfection avec un certain naturalisme cher à Terrence Malick. La colorimétrie alterne entre des tons chauds et une désaturation mélancolique. Le travail sur le son est également tout aussi impressionnant que ce soit pour le choix des musiques qui donne au film toute son ambiance contemplative, surréaliste et nostalgique mais également sur la maîtrise du silence qui, lorsque l'on met en scène un fantôme, prend tout son sens.
C'est un film profondément touchant, jamais ridicule ni vain, mais toujours humain et plein de vie, assez paradoxalement. Ses thématiques -l'amour, la vie et son sens, notre pesanteur sur le temps, l'apaisement- ont été sur-utilisées voire souillées par le cinéma, mais David Lowery se les réapproprie pour créer cette œuvre unique, qui m'a atteint et m'a retourné comme je ne l'avais pas été par un métrage depuis un certain temps. 8.5/10
"Am I runnin late?
I get overwhelmed
All the awful dreams
All the bright screens
Is my lover there?
Are we breakin up?
Did she find someone else?
And leave me alone?"
G tou lu lol !
Et j'avais l'impression d'entendre la voix des p'tits gars de Balade mentale tellement ton texte pourrait ressembler a ce qu'ils font !
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