Bernadotte: de roturier palois à Roi de Suède et de Norvège

Jean-Baptiste Bernadotte est un fils de procureur palois, Henri Bernadotte. Né le 26 janvier 1763, il est le cinquième enfant de la famille et est voué à des études de droit. A la mort de son père en 1780 il en décidera toutefois autrement en s’engageant comme soldat (1) à l’âge de 17 ans dans le régiment Royal-La Marine (2)

Arrivé au grade de Sergent, il est gravement blessé le 7 juin 1788 à Grenoble, lors de la Journée des Tuiles (3), mais survivra grâce aux premiers secours d’un botaniste. Malgré l’arrivé de la Révolution, il ne quittera pas les rangs de l’Armée et sera affecté, toujours en tant que sergent, à l’Armée du Rhin. Il s’y distingue et est promu lieutenant en 1791 (4), et général de brigade après la bataille de Fleurus (5) le 8 messidor de l’an II (26 juin 1794) . Deux mois plus tard il est nommé général de division dans l’armée de Sambre-et-Meuse.

En 1797 il est chargé de renforcer par les 20.000 hommes de l’armée de Sambre-et-Meuse les forces de Napoléon en Italie. Elles s’assurent ainsi la victoire face à l’Autriche achevée par leTraité de Campo-Formio (6) signé le 27 vendémiaire an VI (18 octobre 1797). Bernadotte est alors envoyé à Vienne en tant qu’Ambassadeur. Il y créera une émeute pour avoir arboré, sur la facade de l’ambassade, le drapeau tricolore, ce qui le poussera à quitter la capitale autrichienne, seulement 2 mois après son arrivée.
Au cours de la même année 1798 il se mariera à Désirée Clary (7), la première fiancée de Napoléon, et rentrera ainsi dans la famille impériale en devenant le beau-frère de Joseph Bonaparte (8), époux de Julie Clary (9). Le 4 juillet 1799 naitra Oscar (10), son unique enfant.

En 1799 il reçoit le commandement de l’armée d’observation puis est nommé Ministre de la Guerre du 3 juillet au 14 septembre 1799 avant d’être écarté du pouvoir par Emmanuel-Joseph Sieyès (11).
Le 18 brumaire de l’an VIII (9 novembre 1799) marquera ses premières défiance vis à vis de Napoléon. Il refusera de participer au coup d'État du 18 brumaire (12) puis se retrouvera impliqué dans le complot des libelles en 1802.
Bernadotte se rallie au fraîchement élu Empereur en 1804, est nommé gouverneur à Hanovre, et reçoit le bâton de maréchal (13-14). Il combat à Austerlitz (15) le 11 frimaire de l’an XIV (lundi 2 décembre 1805) et défait les prussiens à Halle (le 17 octobre 1806) et Lübeck (les 6 et 7 novembre 1806). Il y fera prisonniers des officiers Suèdois qu’il traitera avec la plus grande courtoisie, chose dont ils se souviendront. Il combat encore à Elbing, Braunsberg, Mohrungen… Est blessé au cou à Spanden, mène son corps d’Armée au massacre à Wagram (16), ce qui lui vaudra le retrait de son commandement et son renvoie à Paris. A la tête de l'armée de l'Escaut, il repousse les forces britanniques débarquées à Walcheren en juillet 1809. Toutefois Napoléon le replongera en semi-disgrâce en lui retirant de nouveau le commandement.

En 1810, un coup du sort frappe Bernadotte… En Suède, le roi Charles XIII (17) se retrouve de nouveau sans héritier. Et ces mêmes officiers Suèdois pour lesquels Bernadotte avait montré tant d’égards il y a quelques années poussent à le faire élire héritier au Trône de Suède. L'élection se tient le 21 août 1810 devant les quatre ordres suédois, réunis lors des États Généraux à Orebro.
Pourquoi choisir un français? Qui plus est un maréchal de Napoléon? Tout simplement pour se rapprocher de l’Empire face à la Russie et récupérer le duché de Finlande, perdu dans la guerre russo-suédoise (1808-1809) .
Pourquoi Napoléon accepterait il de perdre un de ses maréchals? Et surtout de mettre sur le trône un officier compétent qui n’est pas dans les bonnes grâces impériales? Parce qu’il espère se doter ainsi d’un allié au Nord.

Le 5 novembre 1810, il est adopté par le roi Charles XIII et prend le nom de Charles-Jean. Officiellement roi en 1818, il prend en charge le royaume dès 1811 en raison de la sénilité de son père adoptif. Face au refus de l’Empereur Napoléon de lui laisser envahir la Norvège (possession du Danemark, allié de la France), il refusera de l’accompagner dans sa campagne de Russie. Celui se vengera en envahissant la Poméranie Suèdoise.
Charles-Jean, en 1813, fait rentrer la Suède dans la Sixième Coalition. Et après avoir défait les armées françaises, il force le Danemark à céder la Norvège à la Suède, formant ainsi en 1814 les Royaumes unis de Suède et de Norvège.
Caressant un temps le rêve du trône de France, laissé vacant par Napoléon, il s’en voit déçu par le retour des Bourbons. Et malgré le retour de Bonaparte pendant les cents jours, les nouveaux Royaumes unis de Suède et de Norvège resteront neutre… Engageant pour la Suède une période de Paix qui durent depuis maintenant 203 ans.

Le 5 février 1818, l'ex-révolutionnaire, soldat, officier, puis maréchal Bernadotte devient roi des royaumes unis de Suède et de Norvège sous le nom de Karl XIV Johan (18-19)(Charles XIV Jean de Suède). Un comble pour celui qui, selon la légende, aurait eu le torse tatoué de « mort aux rois ! » (ou «Mort aux tyrans ! »). Il régnera jusqu’à son décès le 8 mars 1844, laissant le trône à son fils Oscar Ier (20-21) et démarrant ainsi la lignée des Bernadottes qui règnent aujourd’hui encore sur le Royaume de Suède.

TL;DR : Bernadotte est un fils de procureur palois. Il s’est engagé dans l’armée comme simple soldat sous l’Ancien régime puis a gravit les échelons, profitant de la révolution, devenant général de division et ministre de la Guerre. Gouverneur et Maréchal sous l’Empire, il se retrouvera toutefois quelque peu disgracié suite à des victoires à la Pyrrhus. En 1810 il est nommé héritier du Royaume de Suède et est adopté par son roi sénile. Menant en sous main le royaume, il s’opposera à Napoléon et étendra le royaume en prenant la Norvège au Danemark en 1814. Ce sera la dernière guerre de la Suède qui vit à présent en paix depuis 203 ans. La dynastie des Bernadottes règne toujours sur le Royaume de Suède.