Cyrano de Bergerac par Denis Podalydès

Encore une box sur une captation de la comédie Française.
Mais bon, comme j'habite pas sur Paris, je peux pas partager grand chose d'autre.
Il n'empêche que ça vaut son pesant de cacahuètes.

Bref, j'étais à la captation (en direct madame) de Cyrano de Bergera, avec Podalydès à la mise en scène, et Ruf à la scéno (on reviendra là dessus); avec Vuillermoz dans le rôle titre, qui m'a donné l'impression de n'avoir d'une voix de gorge du début à la fin, j'ai eu mal pour lui mais c'était saisissant.
Déjà, je partais avec un gros à priori, Cyrano est un texte que j'aime énormément et un personnage fantastique. Ca regroupe du romantisme dans son plus bel état, de la farce classique bien tournée, le portrait d'un géant fragile, et pleins d'autres trucs dont je pourrai pas faire la liste.

Le premier truc qui m'a sauté aux yeux, en plus de la scéno sur laquelle je vais revenir, c'est le personnage et le choix de l'acteur et sa direction. Que ça soit au ciné avec le célébrissime Depardieu ou même dans beaucoup d'autres mises en scène (je pense notamment à celle Ou Jacques Weber avait le rôle), on nous montre souvent plus (visuellement en tout cas) un Cyrano qui, d'accord, a un gros pif, mais qui reste sacrément beau gosse. D'accord, là on parle juste d'image, mais il n'empêche que c'est moins facile d'être en accord sur l'auto-apitoiement du personnage par rapport à sa laideur quand on voit le charisme de Depardieu.
Et là, bah on a un type effectivement assez disgracieux, donc en accord avec le personnage, qui fait ironiquement rejaillir encore plus la beauté intérieure et humaine du personnage. Il a des yeux globuleux, un costume qui lui donne du bide, une belle calvitie et une voix plutôt aigue, comme dit plus tôt. Rien à voir avec le mousquetaire Gérarg de 1990.
Et même si c'est un détail, parce qu'encore une fois, on parle simplement de visuel, ça fait quand même plaisir de voir combien le personnage peut en être encore plus magnifique lorsque le metteur en scène le rend réellement laid.

L'apparence mise de côté, un très beau parti pris de cette mise en scène, à mon sens, c'est d'avoir, toujours par rapport à Cyrano, voulu (et être arrivé à) montrer pleinement et sans compromis autant le poète libre, fier et gigantesque, le géant, que le misérable sans le sou terrassé par son amour impossible et par son esprit libre, enchaîné par un corps laid à un monde sale. Les deux (principales) facettes coexistent sans arrêt et se répondent continuellement, et contribuent à rendre cette humanité encore plus palpable.

A partir de quoi, puisque ça cause d'un seul personnage depuis tout à l'heure, il paraît important de souligner que Christian est, mis à part à la fin), mis complètement au second plan, alors que presque partout ailleurs le réalisateur/metteur en scène joue beaucoup sur la dualité entre les deux. C'est un choix de mise en scène qui fonctionne, qui déroute sans doute un peu quand on a l'habitude du film, mais qui apporte un autre angle de vue centré sur Cyrano (sachant que Roxane et DeGuiche gardent leur place de "semi-principaux"). Le Christian de Corbery est souvent tourné un peu en ridicule, on met sa sottise et sa maladresse en valeur beaucoup plus que d'habitude, mais ça contribue à le rendre plus touchant encore et son amour pour Roxane n'en paraît que plus désespéré.

Toujours sur les acteurs, c'est les deux trucs qui m'ont le plus marqué, mais tous les autres font aussi le job avec grand soin. Gillard apport à Roxane une malice et un côté pétillant plus marqué de d'habitude, Sandre est excellent en Deguiche, juste entre le charismatique, l'agaçant et le ridicule, même si à titre perso j'aimerais bien le voir dans un rôle autre qu'une figure d'autorité, Raguenau est touchant, etc...

Vient ensuite forcément la mise en scène, l'espace et la scénographie.
Y'a une bande annonce sur youtube, mais franchement, je vous conseille pas de la voir avant le spectacle, simplement parce que ça spoil la mise en scène et surtout la scéno. Parce que oui, on peut parler de spoil tellement cette scéno est furieuse, elle émerveille, elle surprend et elle éblouit. Bref, la comédie française ne fait décidément plus dans le sobre mais c'est à l'image du texte qui est autant profond qu'il est drôle, qui regroupe pleins de registres et d'époques du théâtre. La scénographie est costamment en mouvement, la mise en scène est très chorégraphiée, minutée, sans que ça ne sorte le spectateur de la magie de l'histoire, au contraire. Les scènes explosives à vingt figurants alternent sans défaut avec les les dialogues sobres et délicats de deux personnages qui s'affectionnent.


Bon, je crois que j'ai rien oublié et puis je suis pas metteur en scène, d'autant plus que la limite de caractère est déjà loin derrière.
Simplement, si vous avez moyen de voir la redif au ciné, ou mieux, de le voir directement à la salle Richelieu, foncez, c'est à ne pas rater.

Cyrano de Bergerac par Denis Podalydès
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