Le féminisme, c'est quoi ? (Intro)

@hamble: Ce qu'on appelle "fausses luttes" vient à mon avis aussi de variables confondues, qui sont des "causes de causes" fondamentales dont la prise en compte doit être faite à l'échelle de notre société et non pas à l'échelle du genre qui est une conséquence réelle mais parmi d'autres.

Je m'explique avec l'exemple le plus frappant pour moi qui est l'inégalité de salaires car elle dépend énormément de la grille de lecture de valeur reconnue d'un salarié. Si on observe les salaires et le taux d'activité dans le secteur privé on trouve de grandes inégalités h/f. Or ces inégalités ne sont pas observables dans des secteurs non-marchands dont la fonction publique (cf http://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/publications/rapport_annuel/CC-egalite-2014.pdf). Et pourtant je pense pas que les fonctionnaires masculins soient moins machistes que les salariés du privé.

La différence tient à mon avis donc dans la logique de reconnaissance de la production de valeur: Une entreprise base nécessairement cette reconnaissance par une logique de profits générés par un emploi car sa finalité est de faire du profit. Pas illogique qu'à ce petit jeu là, tout ce qui s'éloigne du salarié productif de base (un homme en bonne santé performant) soit perçu comme un manque à gagner dont il faudra se prémunir en limitant soit le recrutement soit le salaire. Cette logique s'applique donc évidemment aux femmes (un congé maternité ne produit pas de valeur économique), mais aussi à tout ce qui touche à la santé (handicap, maladie) qui sont aussi très largement discriminés dans le monde du travail, sans parler des délits de faciès.

Inversement, la fonction publique évalue la production de valeur en amont de l'attribution d'un emploi, lors des concours. Une fois cette valeur attribuée, elle n'est pas révocable et ne cesse d'évoluer via des grilles de salaires non genrées. Les salaires sont donc exactement identiques car il ne peut en être autrement et la reconnaissance de valeur est indépendante de l'emploi occupé et/ou d'un éventuel congé impliquant un arrêt de l'emploi.

Conclusion: tenter d'imposer une vision égalitaire par l'angle du féminisme dans un univers fondamentalement inégalitaire et basé sur des valeurs de performance et de l'argent comme l'entreprise est une lutte perdue d'avance car on élude par exemple la problématique de la séparation valeur/salaire et par extension travail/emploi qui feraient échec et mat d'un coup à ces discriminations de merde au travail (d'où, je crois, le terme "fausse lutte". Je pense que toutes les luttes contre les inégalités d'accès au monde du travail et au salaire (genre, ethnie, handicap, santé...) auraient donc intérêt à se regrouper sous la même bannière pour changer complètement de modèle social en amont, plutôt que de lutter pour l'égalité au sein d'un modèle fondamentalement discriminant.

Edit: merci pour les liens sur les autres thèmes!

@Kolik: Done.