La Citadelle de Kowloon, Hong Kong, fin des années 1980

L'île de Hong Kong fut cédée à la Grande-Bretagne en 1842 mais la Chine y garda un poste militaire pour continuer à avoir une certaine influence. Ce poste militaire n'était rien d'autre que la citadelle de Kowloon, construite au XIe siècle. Une petite ville s'y développa à l'intérieur des murs et en 1898 environ 700 personnes, gardes y comprit, y vivaient.

Quand, suite à de nouveaux traités, les anglais tentèrent de prendre la ville en 1899, celle-ci était déserte. À partir de là, les britanniques ignorèrent la citadelle, la laissant à l'abandon alors que ni le Royaume-Uni ni la Chine ne la réclamait explicitement. Petit à petit des gens s'y installèrent et les maisons s'accumulèrent, jusqu'à la seconde guerre mondiale où le Japon détruisit le mur d'enceinte ainsi qu'une partie des habitations d'origines.

Après la guerre, la citadelle fut habitée principalement par des squatters, devenant le repère des escrocs, des toxicomanes et autres criminels, ceux-ci pouvant y trouver refuge vu que ni l'Angleterre ni la Chine n'avait de réelle autorité sur cette enclave. Le nombre d'habitants explosa encore plus après 1949 quand la Chine tomba au main des communistes, amenant un grand nombre de chinois à se réfugier là-bas.

Aucun gouvernement ne souhaitant organiser la citadelle, les Triades chinoises s'en chargèrent. Les activités illégales, le trafic de drogue, les casinos, la prostitution et les marchés noirs proliférèrent. Malgré des raids de la police dans les années 1970 baissant l'influence des Triades ainsi que le taux de criminalité, l'enclave continua de grossir et de se développer.

Son agrandissement se fit de lui-même, les bâtiments s'entassant les uns sur les autres, formant très rapidement un bloc compact traversé par des couloirs labyrinthiques, dont les ruelles étroites n'étaient éclairées que par des lumières artificielles. Les habitants s'organisèrent d'eux même, on y trouva des petites épiceries (photos 2, 3 et 4), des fabricants de tissu (5), des boucheries (6), des poissonneries (7), des coiffeurs (8), des dentistes -la plupart du temps sans licences mais ils ne risquaient aucune poursuites de toute façon- (9 et 10) voir même carrément des usines. Même si la plupart des habitations n'avaient pas de numéros et que les rues ne portaient pas forcément de noms, il existait néanmoins un service postal (11), aujourd'hui encore on se demande comment les facteurs faisaient pour s'y retrouver.

La criminalité était en baisse, mais le niveau de vie était complètement en dessous du reste de la ville, connaissant de graves problèmes sanitaires. Hong Kong devenait à la fin des années 1980 une de plus en plus prospère et riche, ce qui poussa les autorités à finalement raser la citadelle. L'évacuation commença en 1991 puis la zone fut entièrement détruite en 1993 pour y construire un parc.

Sur cette petite zone, faisant environ 150 mètres de large sur 220 mètres de long, des milliers de familles s'y étaient entassées. De 2 000 squatters en 1947, la population ne cessa de grimper, atteignant les 17 000 en 1950, les 35 000 en 1980 et dépassant les 50 000 lors de sa destruction. Cela représentait une densité de population d'environ 1 255 000 habitants par km², à titre de comparaison, la densité de Paris est de 21 067 hab./km² (environ 60 fois moins!). La citadelle de Kowloon était alors la zone la plus densément peuplée au monde.

Les photos ci-dessous ont été prise vers la fin des années 1980, surtout entre 1987 et 1990.