Philibert Aspairt – Saint Patron des Cataphiles

Les années 1790 furent une période assez trouble en France, comme vous le savez certainement, et les lieux de culte n’ont pas échappés à la frénésie ambiante. La république naissante a autant voulu se dissocier des nobles que du clergé, ce qui explique la désacralisation rapide de certains lieux saints.

C’est notamment le cas de l’abbaye du Val-de-Grâce. Désaffecté de 1790 à 1796, Ou elle deviendra ensuite un hôpital militaire, on lui assigne un portier chargé de surveiller la bâtisse et la protéger d’éventuelle pillage. C’est notre cher Monsieur Aspairt !

Le problème c’est que le gars est plus proche d’un pompier pyromane que d’un garde suisse. Une fois qu’il est suffisamment bien familiarisé avec les couloirs, étages et caves labyrinthiques du bâtiment, il pense pouvoir récupérer un trésor sous l’abbaye des chartreux en passant par les anciennes carrières serpentant sous Paris. Point d’or dans la balance, juste une bonne quantité de biture, à savoir des caisses de Chartreuse.

Si l’accès au souterrain lui est facilité par les caves du Val-de-Grâce, un grain de sable vient rapidement bouleverser les plans du bon Philibert : il est extrêmement difficile de se repérer dans ce dédale souterrain, digne de la niche du Minotaure.

Un coup à droite, deux à gauche, et c’est un uppercut qui vient frapper notre homme : il est complétement perdu !

Les heures passent et le constat demeure inchangé. A ce problème s’ajoute celui de la lumière. Son stock de torche est presque épuisé et qui dit extinction des feux dit mort certaine. Si encore il avait pu récupérer les bouteilles… Il aurait quitté cette existence rond comme un queue de pelle, ça oui, et pas aux abois comme une vulgaire proie. Dans le noir complet, être sous terre revient à visiter son propre tombeau.

Cette funeste conclusion est partagée par l’équipe impériale qui retrouve son cadavre en 1804 soit pratiquement 11 ans après. Le trousseau de clé à sa ceinture permet d’identifier le pauvre bougre et pour respecter sa mémoire, on l’enterre sur place avec une petite plaque dédiée.

Aujourd’hui encore, elle est visible à l’intérieur des carrières, ou catacombes. De par son étrange et tragique histoire, Philibert est devenu une légende pour les cataphiles qui défilent devant sa sépulture comme pour un pèlerinage. Le 3 décembre lui est même décerné comme jour de fête !