La Révolution des Œillets, Portugal, 25 Avril 1974

En 1974, la situation devient critique pour le Portugal. Ce petit pays d'Europe du Sud était dirigé par un régime totalitaire depuis 1926 dont le représentant le plus célèbre est Antonio de Oliveira (au pouvoir de 1933 à 1970). Le pouvoir autoritaire, conservateur et nationaliste oppresse sa population en se basant sur l'armée, la police secrète ainsi que l’Église Catholique -qui soutient le régime-.

En dehors du manque de liberté, la population subit également la mauvaise politique de développement de son gouvernement, qui n'arrive pas à sortir le pays de la pauvreté. Mais ce qui fit évoluer la situation fut le mouvement d'indépendance qui gagna l'Afrique dans les années 1960. En effet, le Portugal restait une puissance coloniale, et alors que la majorité des territoires africains étaient indépendant en 1974, le Portugal était toujours en guerre depuis une dizaine d'années pour garder le contrôle en Angola, au Mozambique et en Guinée.

Dès 1972, le commandant des Forces Armées en Guinée, Antonio de Spinola, essaya de convaincre le chef du gouvernement, Marcelo Caetano, de mettre fin aux guerres coloniales, en vain. Petit à petit, de nombreux officiers commencèrent à tourner le dos au régime et se mirent à militer pour la fin des combats, créant ainsi le Mouvement des Forces Armées (MFA) en 1973. Le programme du MFA était simple : démocratiser le pays, se retirer des colonies et se concentrer sur le développement économique.

En 1973, Spinola, qui était alors vice-chef des armées, se rapprocha du MFA. Cherchant d'abord à rester dans la légalité, il publie son livre « Le Portugal et l'avenir » le 22 février 1974, prônant la démocratisation et la décolonisation. Le livre fait l'effet d'une bombe et la protestation au sein du pays grandit, grossissant les rends du MFA.

Caetano comprend que son pouvoir s'affaiblit de jour en jour, et malgré des négociations avec Spinola pour rester à la tête du régime, ce dernier démissionne de son poste en mars 1974. Pour lui, un tel régime n'a plus sa place, et il se met à organiser le MFA pour renverser le pouvoir. Le 16 mars, un groupe d'officiers, impatient de passer à l'action, quittent la ville de Caldas da Rainha pour prendre Lisbonne, mais leur action échoue et 200 militaires sont arrêtés.

Finalement, le 25 avril 1974, juste après minuit, le MFA entre en action en utilisant comme signal une chanson interdite par le pouvoir. Des forces militaires occupent tous les points stratégiques du pays dans la nuit. Le régime réagit dès 4h15, mais c'est déjà trop tard, les soldats ont déjà adhéré au MFA.

Les troupes du jeune capitaine Salgueiro Maia (3 et 4) entrent dans Lisbonne peu après 5h et encerclent le ministère de l'Armée, le conseil municipal, la banque du Portugal et les bureaux de la police. Le capitaine Maia se fit remarquer lors de la Révolution, notamment lorsqu'il s'avança seul face à des forces militaires proche du régime en levant un mouchoir blanc, le brigadier d'en face refusa le dialogue et ordonna aux soldats de tirer, ce qu'ils refusèrent de faire avant de se rallier à Maia.

Malgré les annonces du MFA pour que les gens reste chez eux, une bonne partie de la population est descendue dans la rue pour soutenir les militaires. L'un des points de rassemblement était le marché aux fleurs de Lisbonne, où les gens brandissaient des œillets, ce qui devint le symbole de cette révolution.

Le capitaine Maia encercla Caetano alors que ce dernier s'était réfugier à la gendarmerie. Comprenant que le pouvoir était perdu, le chef du régime accepta de quitter son poste en le cédant à Spinola et non pas au MFA -qu'il considérait comme communiste-. Suite à cela, Spinola devient le premier Président de la République Portugaise tandis que Caetano s'exile au Brésil.

Même si le pays fut quelque peu divisé sur la marche à suivre pendant les deux années qui suivirent, cette révolution du 25 avril marqua le début de la démocratisation du Portugal, ainsi que la décolonisation des dernières grandes colonies en Afrique par des puissances européennes. Elle fut également particulière de part le fait qu'elle ne fut pas violente (seulement 4 morts à cause de la police secrète), mais aussi du fait que la population civile ait soutenu massivement l'armée et que cette dernière ait mit en place un régime démocratique.