Une box sur le combat de la mine de Miike (1), toujours au Japon.

Il s’agit d’une mine de charbon se situant sur l’île de Kyushu, entre les préfectures de Fukuoka et Kumamoto, à proximité de la ville d’Ômuta. Son histoire remonte au moins jusqu’au XVème siècle. Appartenant au clan Tachibana, elle est nationalisé en 1872, en pleine restauration Meiji. Malheureusement, la gestion de la mine est un échec, car les bureaucrates de Meiji n’ont pas les compétences pour la faire fonctionner correctement. Elle est alors vendue en 1899 à Mitsui, l’une des plus puissante Zaibatsu du pays. Sans rentrer dans le détail, cette mine possède une histoire propre, tout au long de la première moitié du XXème siècle, servant de sentence à des prisonniers notamment.
En janvier 1957, KISHI Nobosuke (2) (pour info, grand-père de ABE Shinzo, l'actuel premier ministre) prend le siège de premier ministre. Cette nouvelle est très mal perçu par l'opinion publique car il a été accusé d'être un criminel de rang A (crime contre la paix) , le plus grand crime qui soit, pour ses agissements lors de la seconde Guerre Mondiale Ce dernier va prendre une décision aux lourdes conséquences pour les mineures de Miike, et par conséquent, de la région alentour. Face à la montée du pétrole et du gaz comme combustible, pour les engins mécaniques notamment, le charbon fait pâle figure. Plus difficile à extraire et plus chère que les deux autres énergies, le charbon n’est plus rentable, surtout que les accords avec les américains sur le pétrole sont très avantageux. KISHI va alors simplement réduire la production de charbon domestique pour la remplacer par le pétrole. Mitsui, face à une demande moins forte, est contrainte de licencier du personnel. Cette décision du premier ministre n’affecte pas que la mine de Miike, mais toute la production de charbon du pays. Les mines ferment et c’est près de 33 000 mineurs qui tombent au chômage dès 1959, une catastrophe sociale sans précédant.

Les années suivantes ne sont pas meilleures. Mitsui met en place un plan de licenciement à grande échelle. 100 000 mineurs sur le carreau pour 1963. Le Tanro, une branche du Sohyo, qui est le Conseil Général des syndicats japonais, ne l’entend pas de cette oreille. Fort de sa victoire de 1953, où il avait réussi à empêcher le licenciement abusif « d’éléments perturbateurs », il décide de faire un piquet de grève. Si au début, Mitsui tente de relativiser les choses en proposant des plans de départ volontaire, et parfois même, des places en tant qu’employés dans un autre secteur, la situation va vite dégénérée. Car Mitsui est sûr de sa victoire, l’entreprise a le soutient de l’État et la police de son côté, à telle point qu’elle va se permettre d’embaucher des hommes de mains (des boryokudan, des yakuzas pour faire simple) pour faire le sale boulot. Comble de la condescendance et du clivage social, les cadres de Mitsui ne communiquent avec les mineurs que par hélicoptère (3).

Au cours du mois de mars 1960, des yakuzas attaquent à plusieurs reprises les grévistes qui bloquaient la mine et cela sans aucune intervention policière. Le 29 de ce mois, ce sont 200 yakuzas armés jusqu'au dent qui arrivent tranquillement en bus pour en découdre avec les grévistes (4). Arriva ce qui devait arriver, l’un des leader du Tanro, KIYOSHI Kubo est tué à l'épée.
Cet assassinat et ces violences vont provoquer un vent de terreur dans les rangs des grévistes, et très vite certains vont accuser le PCJ (proche de Tanro) des les avoir entraîner dans un combat perdu d’avance. Plusieurs milliers de mineurs finissent par reprendre le travail ou quittent simplement les lieux, la peur de la mort étant trop forte. Même si la grève ne s’arrête pas, la mine ouvre de nouveau. Certes elle tourne au ralenti, mais c’est une victoire pour la Zaibatsu.

Si vous voulez approfondir, je vous conseille de voir la vie de Matsuo Keiko (5), fille d'un des mineurs qui c'est battu en 1960 et femme d'un mineur mort lors de l'explosion de la mine en 1963.