La Tempête du Siècle - 1999

Nous sommes le samedi soir. C'est le week-end. Plus que ça même, ce sont les vacances. La plupart des gens sont en familles, les enfants quant à eux s'amusent avec les jouets qu'ils ont reçu le matin même. La France, comme le reste du monde, s'apprête à changer de millénaire. En cette fin d'année, on pense surtout au grand bug de l'an 2000, au remplacement prochain du Franc par l'Euro ou encore au naufrage récent de l'Erika, qui avait provoqué une marée noie sur les côtes Bretonnes. Ce fut d'ailleurs par cet endroit là que tout arriva.

Alors que la Bretagne dormait, en plein milieu de la nuit, vers deux heures du matin le dimanche 26 décembre, le ciel se mit à gronder au dessus du Finistère. Lothar était là. Ainsi avait été nommée cette dépression qui s'était développée au niveau de la côte Est canadienne avant de traverser tout l'océan Atlantique en une journée à peine, pour venir frapper la France.

À Brest et à Quimper, le vent grimpa à un peu plus de 120 km/h, déjà bien au-delà des 80-100 km/h annoncé au bulletin météo. Mais ce fut en Normandie que le sinistre commença réellement. Lothar frappa la région avec une violence inouïe, les rafales de vent battant des records : 140 km/h à Rouen, 151 km/h à Caen, 166 km/h à Alençon et 180 km/h à Saint-Sylvain. Bien que Lothar ne soit pas un ouragan, sa puissance est proche de ceux-ci. Les bocages et exploitations agricoles sont ravagés, les arbres déracinés et les constructions trop fragiles sont soufflées.

Lothar se déplaça à grande vitesse, traversant le Nord de la France en une matinée seulement, atteignant Strasbourg aux alentour de 11 h du matin. À ce moment là, la tempête avait déjà fait un tour par Paris, couchant au passage des milliers d'arbres et bloquant des dizaines de rues de la Capitale. Les bois de Boulogne et de Vincennes sont couchés par des vents atteignant 169 km/h.

La tempête ne s'arrêta pas en si bon chemin et traça sa route dans le Sud de l'Allemagne, détruisant une partie de la célèbre Forêt Noire. En hauteur, les vents sont également beaucoup plus puissants. Ainsi, au sommet des Alpes, on atteint les 229 km/h à Säntis, en Suisse, et les 272 km/h à Hohentwiel, en Allemagne.

En tout juste une journée, c'est la moitié du pays qui est impacté par le passage de Lothar. Bon nombre de rues, de routes et de voies ferrées sont fermés à cause des dégâts causés par la tempête, des centaines de milliers de personnes sont privés d'électricité et des milliers d'autres voient leurs maisons, voitures ou caravanes défoncés par des arbres ou des briques. Lothar était enfin terminé en cette fin de journée du 26 décembre, pourtant la population n'allait pas avoir de répit.

Dès le lendemain, en début d'après-midi, le vent se remit à souffler sur la côte Atlantique, en partant de la Bretagne pour atteindre la Charente-Maritime en soirée. Une seconde tempête est en train de frapper le pays, celle-ci s'appelant Martin. Les îles de Ré et d'Oléron sont balayés par des bourrasques de 198 km/h, mais les grandes villes de la côte ne sont pas en reste avec 144 km/h à Bordeaux, 158 km/h à La Rochelle, 166 km/h à Biscarosse, 173 km/h au Cap-Ferret et 194 km/h à Royan. Les bateaux dans les ports sont ballottés dans tous les sens par les vagues et nombreux sont ceux qui finissent sur la terre ferme ou empilés les uns sur les autres.

Cette fois-ci, Martin passa par le Sud de la France, la traversant dans la nuit de 27 au 28 décembre, passant notamment par Limoges (148 km/h), Toulouse (137 km/h), Perpignan (140 km/h), Montpellier (115 km/h) ainsi que par la Corse (194 km/h). Tout comme pour Lothar, Martin coucha des forêts et priva des centaines de milliers de personnes de courant. À Blaye, en Gironde, la tempête affecta directement la centrale nucléaire en l'inondant partiellement, forçant celle-ci à s'arrêter.

Au matin du 29 décembre, plus personne ne pensait au passage à l'an 2000. La France venait de se faire frapper, en l'espace d'à peine 3 jours, par deux énormes tempêtes, parmi les plus puissantes de son histoire. Des régions côtières sont dévastés et des villages inondés, tandis que dans les terres, des forêts entières sont couchés, représentant 176 millions de m3 de bois abattus. La forêt des Landes, par exemple, vit 30% de ses arbres touchés par la tempête. Plus de 200 pylônes électriques haute tension furent abattus, plongeant plus de 3 millions de foyers dans le noir. Il faudra plusieurs semaines pour que tous les foyers retrouvent l'électricité, et plusieurs années pour replanter les forêts.

Le passage de Lothar et Martin, surnommé comme « la Tempête du Siècle », fit 140 morts, dont 80 en France.


C'était il y a 20 ans, quasiment jour pour jour. Tout avait basculé en seulement trois jours juste après le 25 décembre, donc profitez bien des fêtes tant que vous le pouvez.

Joyeux Noël à vous.

La Tempête du Siècle - 1999
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GoldenFist

Une belle box, et comme à chacun on y a ses souvenirs de l'instant T.

Pour ma part on se rendait avec ma mère chez mes grands-parents dans le Rhône. Partant de l'Allier, je me rappel qu'il tombait des cordes et qu'il faisait déjà nuit à 15h00, digne d'une fin du monde. L'aventure se compliquera à Tarare (69), après avoir descendu le col du Pin Bouchin miraculeusement sans encombre (l'état des bois bordant la route le lendemain était comparable à la photo des bois de Vincennes, les traces sont toujours visible aujourd'hui) mais la ville en contrebat est complétement inondée.

Le bruit des gouttes d'eau frappant la voiture est assourdissant, même en gueulant dans la voiture la conversation est difficile. Ma mère est en demi PLS, elle essaie d'appeler mes grands-parents mais le bordel ambiant rends la conversation impossible.
Ma daronne est totalement larguée, n'ayant pas encore le permis, c'est moi qui essai de la rassurer et de trouver les endroits pour passer en voiture au juger d'estimation des profondeurs d'eau.
On progresse, on est presque sorti d'affaire, la route a un semblant de praticable mais au loin ça clignote de partout, il se passe un truc et effectivement, au niveau du chantier navale (pour ceux qui connaisse, et oui il y a un chantier naval à Tarare aussi étonnant que ça puisse paraitre) la route est coupée par l'eau qui descends des montagnes, il y a même un bateau du chantier qui est couché en travers de la route, du grand délire!

On couchera au Logis Hôtel à coté, pas le choix, on aura déjà la chance d'avoir une chambre.

Je me rappel aussi être réveillé pendant la nuit, déjà que c'était pas des plus silencieux mais un grand bruit surpasse tout, suivi de "bruits de paniques".
Comme tout le monde je sors et je découvre dans le couloir que la trappe d'accès au toit terrasse de l’hôtel a cédé sous le poids de l'eau. C'est les chutes du Niagara dans les escaliers de l’hôtel, une sacré vision délirante que je ne pense pas oublier.

Le lendemain ça sera "plus calme", la route sera ouverte avec l'aide des pompiers et on arrivera enfin à l'Arbresle pour fêter Noël.

Feufollet
Feufollet
m
Buster Keaton
4 ans

Super box! Merci.

SainteRochefort

À l'époque, j'avais 8 ans, et je me souviens du témoignage de ce vieux monsieur qui expliquait qu'il avait tenu son petit fils (de mémoire) dans les bras pendant l'inondation, et que le petit était mort dans ses bras d'hypothermie. Le bonhomme expliquait ça, en larme.

anonyme
anonyme
4 ans

C'est vrai, ça fait vingt ans déjà et grâce à tes images, je me rends compte des dégâts que je n'avais pas vus.
Et pour cause, j'avais juste entendu souffler un peu plus fort que d'habitude, chez ma mère, près de l'Yonne.
On devait prendre la route pour aller finir l'année chez des amis, en Aveyron.
Contre l'avis de ma mère, on est partis.
C'est vrai qu'il y avait beaucoup de pompiers et autres équipes EDF au boulot sur la route mais c'était pas aussi impressionnant.
C'est le lendemain ou surlendemain de notre arrivée à Millau que la deuxième claque arrive sur nous, juste assez pour parsemer la pelouse de quelques tuiles envolées du toit de l'immeuble pendant qu'on jouait à Q3 Arena en réseau local grâce au hub que j'avais apporté.
Super box !

Strange
StrangeKarl Marx
4 ans

J'ajouterais, pour donner un ordre d'idée, que la quantité d'arbres abattus pendant les 3 jours de la tempête représentaient l’équivalent de 8 ans d'exploitation forestière.

Senten
Senten
4 ans

Je me souviens que j'étais sur la route à Metz avec mon père, le vent était tellement violent qu'il avait forcé le coffre de la voiture, et les immenses platanes d'une des rues que nous devions emprunter étaient tous couchés.

Divico
Divico
4 ans

Aaah c'était tellement impressionnant! Je m'en rappelle bien de la violence de ces vents! il y avait des grands échafaudage sur les immeubles d’à coté, ils se sont effondré dans un immense fracas

Ps. On dit au Au Säntis, c'est un sommet

anonyme
anonyme
4 ans

Je m'en souviens, mon père était encore agent EDF et on ne l'avait pas vu pendant trois semaines parce qu'il était parti en région marseillaise en renfort.
Et j'etais chez mon père avec mon frère et on était dehors et on voyait les panneaux se plier et les arbres tombaient et mon frère " con comme a son habitude " voulait aller faire du vélo.

KsiiKsii
KsiiKsii
4 ans

@patate: Et le miens grimpant sur le toit pour remettre les tuiles ... pendant la tempête. Ma soeur et moi par la fenêtre étions pas bien en voyant l'échelle partit faire sa vie chez le voisin

Hamork
Hamork
4 ans

J'avais 8 ans, je venais de recevoir Super Smash Bros sur N64. Je me rendais pas compte des dégats que la tempête avait causé, le petit merdeux que j'étais priait juste chaque minute pour le courant revienne. Et c'était long putain.

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