La cérémonie du Naven

La communauté Iatmul se trouve en Papouasie-Nouvelle Guinée et a été fort étudiée par les anthropologues pour sa cérémonie du Naven.
C’est un rite qui marque le passage à l’âge adulte, et peut être traduit par « la cérémonie du travestissement ». Les hommes se déguisent en femmes, et inversement, en adaptant tenue, propos et comportements, largement exagérés. Les hommes sont singés avec vanité et hystérie, tandis que les femmes sont imitées cruelles, obscènes, et proposant de clairs invitations à l’inceste. À la fin de la cérémonie, l’ambiance s’inverse et tous adopte le sérieux, en silence, parfois accompagné de pleurs. Il existe plusieurs sortes de Naven, et ici je vais vous parler du Naven « du chasseur de tête » qui explique ce qui se passe après que le jeune chasseur ait tué son premier ennemi.
L’accolade de retour :
À son retour, son oncle vient pour le féliciter. Ils s’embrassent, se dénudent et sautent dans la rivière. Ils sont suivis des femmes du village puis de la première femme de l’oncle, donc la tante, qui se déplace en caricaturant les gestes de son mari.
La danse de l’épouse du wau :
Ensuite, la tante enfile une jupe peu couvrante, place sa propre tête dans un filet de pêche, et porte la tête découpée de l’ennemi vaincu autour du cou. Elle a les bras levés et danse jusqu’à ce qu’on lui apporte un coquillage, sur une lance, tout en lui enlevant la jupe.
Le vol des plumes :
Les autres femmes de l’oncle se couchent sur le sol, et sont enjambées par les s½urs du père du chasseur, habillées en hommes et portant des plumes comme celles qui seront remise au jeune chasseur. Les femmes de l’oncle (en dessous d’elles sur le sol) attrapent les plumes et s’enfuient avec.
Le coït inversé :
L’oncle enfile une jupe et s’enfonce un fruit orangé dans l’anus, tout en montant à une échelle, placée le long d’une maison, en exhibant son fruit. Arrivé en haut, il imite l’acte sexuelle avec son épouse, déguisée et jouant le rôle de l’homme pendant le coït.
Le pénis contesté :
Un grand piège à écrevisses est posé sur l’échelle d’une maison. Toutes les femmes du village, à part les s½urs du père s’allongent nues, côte à côte sur le sol, devant l’échelle. Accompagné par sa s½ur, le chasseur marche sur elles pour monter dans la maison. En marchant, il a honte de regarder leurs parties génitales; il avance donc tête levée, tâtant son chemin avec ses pieds. Pendant ce temps, les femmes allongées disent en parlant du sexe féminin : c’est d’un si petit endroit que ce grand homme est venu. La s½ur du chasseur, en accompagnant son frère, fait le geste de piétiner les vulves des femmes allongées, spécialement celle de l’épouse du frère aîné. Elle s’exclame : « une vulve » mais l’épouse du frère ainé répond « non un pénis ».
Le défi final :
L’épouse du frère aîné se met alors à chanter un chant comique. Reprenant une série de nom totémiques qui associent le piège à écrevisses posé sur l’échelle à un sexe de femme, elle lance un défi au jeune homme : « Va ! Tu ne l’atteindras jamais. Va ! Tu ne le transperceras jamais », etc. A la fin du chant, le meurtrier transperce le piège et monte dans la maison.
Source: Anthropologie sociale et culturelle d\'après Benjamin Rubbers