Haine.

Je ne suis certainement pas à plaindre et ne "mérite" surement pas votre attention, mais l'envie de vous écrire ces quelques lignes m'a pris et je la rassasie.

Je hais tout simplement tout ce qui compose ce monde qui m'a vu naître. Je n'éprouve que peu de choses mais voilà la plus puissante de toutes, ma haine. Et je parle bien de haine et non de colère, je parle bien de cette petite pernicieuse qui s'agrippe à votre nuque et vous chuchote que l'humanité ne mérite aucune rédemption, celle qui me donne envie de voir la peur et le désespoir dans le regard des Hommes, celle qui balayerait toute hésitation si je devais tenir la vie de quelqu'un entre mes mains, celle qui m'a jamais fait autant me sentir vivant à l'unique fois où j'ai pu jouer avec les sentiments de quelqu'un, le torturer, l'humilier seulement avec quelques phrases et un regard glacial. Unique fois ? Non pas parce que j'en ai pas l'occasion, mais parce qu'une fois m'a suffit à savoir que c'était une fois de trop. Je me complais dans cette haine mais je me refuse de la répandre, même si l'envie me démange autant qu'un lépreux ayant de l'urticaire. Au final c'est tout le contraire, j'essaye de faire en sorte d'être gentil, de faire rire mon entourage, d'être là et d'aider en cas de problème.

Mes amis sont fidèles et ma famille aimante. Le seul problème est que leur existence ne m'atteint pas, qu'ils meurent demain me laisse indifférent, mais ils sont gentils, et c'est ainsi que j'ai décrété qu'ils méritaient. Qu'ils méritaient que je sois là pour eux, tant qu'ils m'apprécient alors je me dois de renvoyer ce sentiment et essayer de les rendre un peu plus heureux. Et je le peux, car même si la haine est mon essence, je suis doté d'une énorme empathie, et j'arrive à ressentir à travers les autres tout ce que je ne ressentirai pas pour moi. Je vis à travers les autres, et je vis pour les autres, voilà ce que je fais ici.
Les deux seuls personnes avec lesquelles je n'arrive pas sont mes parents. Ils sont séparés depuis l'âge de mes 7ans (et ça ne m'a jamais touché comme à peu près 95% de ce que m'a offert ce monde), ils sont tous deux aimants, sympas et bien plus intelligents que toutes ces vermines qui peuplent cette Terre. En la présence de mon père je ne suis juste pas là, une entité vide qui se laisse vivre, mais avec ma mère avec laquelle je vis encore, je suis à la limite d'être méchant, je ne fais pourtant pas exprès, c'est comme un mécanisme de pitié, comme si j'avais envie qu'elle cesse de m'aimer, qu'elle ne soit plus attachée à son fils qui n'éprouve ni amour ni reconnaissance pour tout ce qu'elle a fait, pour son fils qui va inévitablement finir par mourir bien avant elle. Je n'ai pas envie de laisser des larmes dans ses yeux une fois que je ne serai plus.

Je ne suis pourtant pas dépourvu d'amour, et j'ai réussi à aimer quelques personnes d'un amour sincère, et même à être "heureux" un temps, mais je me répétais à longueur de temps - Mourir heureux, n'est-ce pas là le but ultime ? Il n'y a qu'un pas à faire pour le rendre réalité - mais je me refusais d'y penser, dans le doute où je pourrai avoir tort, dans le doute ou tout simplement pour celle que j'aime, la seule personne avec laquelle je me dis qu'il y a une chance que ça en vaille la peine.
Mais l'amour vient de s'envoler et le vide a pris sa place en un éclat. Pas de tristesse, pas de rancœur, rien.
Et pourtant je me sens mieux maintenant, comme si l'amour n'était que des chaînes rouillées qui m'enracinaient dans cette vie, un moyen désespéré à mon instinct de survie de me maintenir lié au vivant.

Et maintenant que cette petite escapade de bonheur s'est achevée, ma douce haine refait surface, et je dois vous avouez qu'elle m'avait manqué. Cette haine qui se cache derrière mon sourire, derrière mes blagues, dans mes poings lorsque je propose à ma voisine de porter ses courses jusqu'à chez elle, elle m'accompagne où que j'aille mais ne chuchote qu'à mon oreille. Et aussi paradoxale que ça puisse être, elle m'aide à être aimable, serviable et compatissant. Un peu comme un quota, comme si ma haine devait être équilibrée avec quelque chose de bien, et je m’efforce à faire le bien.

Mais comme vous l'aurez compris, rien ne m'attache à cette Terre, et je ne fais qu'attendre inlassablement d'avoir tort, jusqu'au jour où j’interromprai l'espoir.
Tout de suite, la seule chose qui pourrait me faire sourire, c'est de m'imaginer être enterré sur la Lune, si près de tous et pourtant si loin.

"You are strong child, but i am beyond strengh. I am the End and i have come for you." - Depression

TL;DR : Ne lis pas. C'est un jet à l'arrache et la logique a du se perdre avant même le premier mot.

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Sentry
Sentry
6 ans

laisse verzache en dehors de ta dépression

Asterawyn
Asterawyn
6 ans

Sans indiscrétion, tu habites quelle région ? J'ai l'impression de vivre la même chose...

Guezmo
Guezmo
6 ans

@Asterawyn: Marseille. Ca m'étonnerait que ça soit lié à la ville mais bon. Toi ?

Asterawyn
Asterawyn
6 ans

@Guezmo: Non c'était juste qu'on aurait pu se rencontrer pour tenter de se "calmer" un peu ahah, j'ai aussi cette rage en moi que j'arrive pas à calmer et qui me bouffe la vie au final...

Guezmo
Guezmo
6 ans

@Asterawyn: Haha je vois, dommage dans ce cas !

retsilA
retsilA
6 ans

Tu vis pas un peu dans le déni ?

Guezmo
Guezmo
6 ans

@retsilA: Peut-être. Mais je pose souvent la question, et je me dis que si j'étais vraiment dans le déni, je n’émettrai même pas l'hypothèse qu'il y ait une possibilité que ce soit le cas.
Sinon, n'hésite pas à être un peu plus explicite sur ce qui te fait dire ça.

retsilA
retsilA
6 ans

@Guezmo: "leur existence ne m'atteint pas, qu'ils meurent demain me laisse indifférent"
"Ils sont séparés depuis l'âge de mes 7ans (et ça ne m'a jamais touché"
"Mais l'amour vient de s'envoler et le vide a pris sa place en un éclat. Pas de tristesse, pas de rancœur, rien.
Et pourtant je me sens mieux maintenant"
Voilà ce qui me fait dire ça

Guezmo
Guezmo
6 ans

@retsilA: Tu insinues que je suis dans le déni dans ces phrases, ou que le tout se contredit ce qui impliquerait un déni de mon état ?

Dans le premier cas, je vois vraiment pas ce qui est choquant à ne pas avoir été touché par la séparation de mes parents, beaucoup de gens doivent être dans le même cas sans pour autant être dépressif ou quoique ce soit. Sinon, il est vrai que la mort ne m'a jamais touché, que ce soit un membre de ma famille, mon animal de compagnie que je chérissais lorsque j'étais petit, une célébrité que j'appréciais, n'importe quoi, de la relation la plus forte à la plus faible, jamais un haussement de sourcil. En revanche, la tristesse des autres me touchent, mais la mort, juste rien quoi, c'est pas comme si je refusais de faire mon deuil.
Pour la dernière phrase, c'est peut être un peu exagéré, c'est aussi parce que je le dis à chaud, mais c'est ce que j'ai ressenti sur le coup. Peut-être dans quelques jours je m’apercevrai m'être trompé.

En ce qui concerne le second cas, je n'ai absolument aucune idée de quoi te répondre

retsilA
retsilA
6 ans

@Guezmo: Un enfant qui voit ses parents se séparer ça l'affecte plus que tu ne peux le croire, sans pour autant finir dépressif.
T'es peut-être pyschopathe pour que ça te laisse indifférent.
Ça se trouve tu ne l'aimais pas réellement ton ex, c'était peut-être pour avoir un peu de compagnie ou ne plus avoir les patates au fond du sac

grQygz
grQygz
6 ans

C'est.... très... puissant...
/feelover9000

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