La catastrophe de Tchernobyl, 26 avril 1986
Fondée dans les années 1970, Prypiat (1) était une ville de taille moyenne appartenant au RSS d'Ukraine, en Union Soviétique, non loin de la ville de Tchernobyl. Elle était considérée comme une ville modèle du fait de sa conception et de son architecture soviétique, avec ses infrastructures de qualité. Pourtant, ses jours étaient comptés.
Samedi 26 avril 1986. La terre tremble légèrement, et une flamme de mille mètre surgit dans la nuit. Il est précisément 1h23 du matin, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire près de la ville vient d'exploser, à 3 km de là.
Lors d'un exercice, des défaillances couplées avec des erreurs humaines provoquèrent une surchauffe du réacteur se terminant dans une explosion qui projeta en l'air quelque 1 200 tonnes de bétons. Le cœur du réacteur est fracturé et un énorme incendie se déclara (2).
Sur le moment, personne ne se rend compte de l'ampleur des dégâts, et on fait simplement appel aux pompiers de Prypiat pour venir éteindre le feu. Les premiers pompiers arrivent sur place et commencent leur travail. Mais quelque chose cloche. Ils ressentent très rapidement des nausées et des maux de têtes, et doivent quasiment tous êtres évacués d'urgence. Sans même le savoir, ils ont subit une irradiation aiguë. Ils mourront dans les jours qui suivent. À la fin de la nuit, ils sont environ 250 pompiers et 70 techniciens à tenter d'éteindre l'incendie.
Malgré les efforts des pompiers, le feu ne peut être contrôlé, l'eau n'étant pas suffisant pour l'étouffer. Le seul moyen d'y arriver est de recouvrir le cœur en fusion par du sable, de l'argile ou encore du plomb. Il faut passer par les airs. On réquisitionne alors 30 hélicoptères de l'armée qu'on fait passer au-dessus du trou (3) pour y déverser ce mélange. Sauf que cela comporte des risques.
En effet, le taux de radiation est très élevé même dans les airs, et les pilotes ont pour ordre de larguer leur mélange le plus vite possible, ce qui ne facilite pas la précision. Les hélicoptères feront pas moins de 1 800 missions au dessus de la centrale, autant pour étouffer le feu que pour répandre de la poudre censée limiter la contamination (4 et 5).
Le site reste néanmoins instable et tous les moyens sont bon pour refroidir le réacteur. On passe par les airs, mais aussi sous la terre. Environ 400 mineurs sont appelés pour creuser un tunnel de 167 m sous le réacteur, dans le but original d'y verser de l'azote, en vain. À la place on y coule du béton, pour éviter que cela ne s'effondre.
Manquant d'informations sur ce qu'il se passe et ne voulant pas créer la panique dans la population, les habitants de Prypiat ne sont toujours pas informés par la catastrophe nucléaire qui se déroule à côté de chez eux. Il faut atteindre le 27 avril à 14h pour que les 49 360 habitants de la ville soient évacués (6).
Alors que le feu fait encore rage dans le cœur du réacteur, il faut désormais décontaminer la zone le plus vite possible, mais par où commencer ? On envoie des personnes déblayer les débris radioactifs autour de la centrale nucléaire, et aussi sur les toits de celle-ci. Ils sont très peu protégés, et portent tout juste un masque et une combinaison légère. Certains déblayent même avec les mains, fautes de pelles. Ce sont les « liquidateurs ». Le taux de radiation est si important qu'ils ne peuvent rester plus de 90 secondes sur place.
Vers le 5 ou 6 mai, l'émission du cœur du réacteur est largement redescendu et l'incendie est étouffé, grâce au largage des hélicoptères. C'est 5 000 tonnes de mélange qui ont été déversés en une dizaine de jours.
Débute alors un long travaille de déblaiement et de décontamination qui durera 5 ans, où participeront entre 600 000 et 800 000 liquidateurs (7 à 25). Souvent ce sont des anciens employés de la centrale, des soldats, des mineurs, voir même des prisonniers qu'on envoie. Au vue de la radioactivité du site, leur travail était très dangereux. On peut d'ailleurs constater sur certaines photos où des liquidateurs déblayent des débris du toit de la centrale des franges blanches, celles-ci sont provoquées par le rayonnement ionisant du toit (12 à 14), et pourtant ces photos ont été prises des semaines après l'explosion.
Très souvent, les liquidateurs manifestent de nombreux symptômes : douleur aux yeux, nausées, saignement de nez, goût de plomb dans la bouche... un bon nombre d'entre eux sont hospitalisés pendant des mois après leur passage. Ils sont hébergés dans des camps et maisons alentours, ainsi que sur de grands bateaux sur la Dniepr (26).
On constate dès lors la lave de corium refroidie qui a coulé en dehors du réacteur (27 et 28) et qui est hautement radioactive. La construction d'un sarcophage autour du réacteur est donc décidé (29) et est terminé 7 mois après la catastrophe.
Le long travaille de décontamination continue encore longtemps cependant. Les liquidateurs doivent retirer la terre, raser des villages, tuer les animaux (susceptible de transporter de la poussière radioactive) et nettoyer les véhicules. Cela va durer des mois, des années.
La terre contaminée a été stocké et/ou enterrée, mais il est encore très difficile de tracer les déchets radioactifs de Tchernobyl. On décompte environ 1 000 dépôts rien qu'en Ukraine, ce qui équivaut à un volume d'un million de m3 de matière radioactive. On boucla la zone, ce qui causa la perte de 784 000 ha de terres agricoles et de 694 000 ha de forêt.
Vient alors le décompte des victimes. Entre la désinformation de l'URSS, les lobbys du nucléaire et les groupes militants anti-nucléaire, il est difficile d'avoir des données fiables sur le nombre de personnes touchées.
L'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) a fait état en 2005 de seulement 30 morts direct et 4000 cas de cancers. Un an plus tard, un rapport de l'ONU, sous la direction de l'AIEA, fait cette fois-ci l'état de 9 000 morts. Les données de l'AIEA sont souvent remises en question, étant donné son côté pro-nucléaire. Il est a noter que son directeur général, Hans Blix, avait déclaré en mai 1986 que tout était normal autour de Tchernobyl et que les habitations autour de la centrale étaient saine. Bien entendu, cette affirmation était fausse.
L'ambassade d'Ukraine en Belgique a communiqué en 2004 le nombre de 25 000 liquidateurs morts. Viatcheslav Grichine, de l'Union Tchernobyl, décompte 60 000 morts et 165 000 blessés/handicapés. L'Ingénieur biélorusse Guergui Lepine, qui participa au programme de décontamination, donne le nombre de 100 000 morts. Yves Lenoir, de l'Association Enfants de Tchernobyl Belarus, parle de 125 000 morts parmi les liquidateurs ukrainiens. D'après Greenpeace, la catastrophe provoquerait potentiellement 200 000 décès. Enfin, les travaux des professeurs Youri Bandajevski et Vassili Nesterenko donnent des estimations allant de 600 000 à 900 000 morts.
Autant dire qu'il est quasi impossible de connaître le nombre exact de victimes. Pour autant, la désinformation règne depuis 1986 à cause des autorités soviétiques qui ne communiquaient pas la véritable irradiation des liquidateurs. Aujourd'hui, la majorité d'entre eux sont suivis médicalement et/ou handicapés.
Depuis la catastrophe, 250 000 personnes ont été évacué. Prypiat est aujourd'hui une ville fantôme, où on peut encore observer les restes du travail pharaonique et dangereux qu'ont effectué les centaines de milliers de liquidateurs (30).
Une catastrophe mythique ! Super box comem d'habitude.
Elle a donné une aura particulière à la ville et les clichés aujourd'hui sont teintés d'émotion !
J'ose même pas imaginer la vie des liquidateurs qui sont encore en vie aujourd'hui, quel boulot de bâtard.
En Ukraine en 2011 le gouvernement avait baissé leurs indemnités et leur pension de retraite alors que le coût des soins augmentent, c'est clair qu'ils sont pas aidés
J'en profite pour partager une des rares vidéos filmées à l’intérieur du sarcophage, dans la chambre du réacteur accidenté.
J'ai une cousine qui habitait à Metz qui est décédé d'un cancer quelques années plus tard, elle avait 20 ans, je ne peux m'empêcher de penser que c'en est la cause...
Marielle si tu nous regardes <3
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