Zephire, père aux fleurs aux épaules dorées,
S'en revient coronner de son esmail divers
Les rameuses forests, les taillis, les prez vers,
Et
Flore épand ses dons a fécondes poignées.
Le
Rossignol couvert sous les flèches ramées
Degoisant ses amours à cent refrains divers,
Fait resonner les bois du fredon de ses vers,
Conviant les pasteurs à ses chansons sacrées.
Le ciel se réjouyt de voir à découvert
Son amie reprendre un beau cotillon vert,
Et l'Amour reverdit en moy ma peine antique
Flore au lieu de bouquets me charge de pensers,
En ce val recelé incognu aux bergers,
Pendant que de mon dueil le ciel fait sa
Musique.
Verray-je point la fin d'un si long navigage,
Comme jadis
Ulisse après mille demandements ?
Verray-je point calmer les ondes et les vents
Pour me faire aborder au désiré rivage.
Esprit qui rachetas
Moyse du naufrage,
Le tirant de la main des
Tyrans négligents,
Sois ce
Mercure heureux qui aux pieds diligens
Apporta du
Moly * le salubre breuvage.
Tu es ma seule
Hélice et mon fidelle
Nort,
Faisant surgir ma nef en ce paisible port.
Donc, ô mon sainct
Neptun, je tranche la cordelle
Des jeux
Idaliens, et t'offre le tableau
De mon naufrage fait en mon
Avril nouveau,
Te vouant tout le mieux de ma fraile nacelle.