Alors sexisme ou pas?

ou sur les crevettes

Devons nous arrêter le sexisme dans l'humour aujourd'hui ?

Une vanne sur une minorité plus petite et/ou "qui a plus souffert" que la tienne est elle légitime ?

OK donc globalement je pense que sans être dans la censure, parfois c'est pas une mauvaise chose de s'abstenir sur certaines choses et surtout dans certains contexte. Les phrases genre "femme au volant, mort au tournant" déjà que ça fait rire que les beaufs en plus c'est une généralisation offensante. En revanche une blague genre "c'est l'histoire d'une blonde..." dans un contexte adéquat ça ne fait pas de mal.

Mais globalement je pense que la retenue est bienvenue dans la mesure où en effet ça perpétue une certaine dévalorisation de la femme et normalise cet état de fait. Tout le monde n'a pas le même sens de l'humour et parfois ça peut offenser voire blesser quelqu'un. Et que d'autre part des blagues on en trouvera toujours donc finalement pourquoi s'obstiner à faire toujours les mêmes blagues sur les mêmes minorités

Mon avis c'est que de toute façon la quasi totalité de l'humour à part peut-être l'absurde ou les jeux de mots repose sur une forme de moquerie. Les blancs se moquent des noirs, les noirs des blancs, les médecins de leurs patients, les flics de leurs cibles, les citoyens des flics, la droite de la gauche, la gauche de la droite, les vieux des jeunes, les vivants de la mort... D'un point de vue formel, quasi tout l'humour est inapproprié pour une part de l'humanité. La question c'est est ce que ça vaut le coup de vivre dans un monde où on a le droit de rire que de calembours ?

Et avant que la citation de Desproges "on peut rire de tout mais pas avec tout le monde" ressorte hors contexte, une bonne fois pour toute, il n'encensait pas la moquerie dans le dos des coincés du cul, mais soulignait que pour lui, l'important n'est pas la blague en elle-même mais celui qui la profère et donc les intentions sous-jacentes, bonne enfant ou malveillantes.

Amen.

je pense quand même qu'il y a une différence notable entre "les facteurs, les flics, les médecins" qui ont des connotations neutres, et "les femmes, les arabes, les noirs" qui clairement visent une tranche de la population discriminée

Pour en revenir au fondement même, le rire est provoqué par une seule chose : l'inattendu, un décalage avec ce à quoi l'on pourrait s'attendre. C'est tout. Le comique de situation, il se passe une scène que l'on ne voyait pas venir. Le jeu de mot, il existe un double sens inattendu, etc.

En ce qui concerne tout ce qui touche un humain, c'est un décalage "de niveau" ressenti ou fantasmé via les clichés, que ce soit une blague foncièrement raciste ou toi qui vanne ton pote. Prononcé ou non. C'est toujours un sentiment de domination ponctuelle.
Un mec se pète la gueule, t'y pourras rien, tu vas rire à cause de sa maladresse. C'est pas de l'arrogance, tu vas pas le prendre de haut pour autant, c'est juste qu'il a subit un événement inattendu. Ton pote fait un move de merde dans un jeu vidéo, même s'il est meilleur que toi 95% du temps, tu vas te foutre de lui pour cette "incompétence momentanée". Les noirs se moquent des blancs par exemple sur la base d'une domination dans la danse ou la taille de leur bite (encore une fois, c'est pas forcément fondé). Une meuf va se foutre de la gueule de sa collègue parce qu'elle a fait une bourde, chose que bien entendu ladite meuf n'aurait jamais fait n'est-ce pas...

Exemple :
- Je reviens de Rennes, ils sont vraiment sympas en Bretagne.
- Ah ouais ? T'as essayé les putes là-bas ?
- Non qu'est-ce qu'elles ont de spécial ?
- Là bas elles proposent trois formules, une à 50 balles, une à 100 et une à 200.
- Ah ? Et qu'est-ce qu'elles font pour ces tarifs ?
- A 50, elle enroule ta bite dans une crêpe au sucre et te la mange.
- Et c'est bien ça ?
- La chaleur rend le truc vraiment agréable mais le sucre gratte un peu. A 100, elles font la même chose avec une crêpe à la confiture. T'imagines même pas les stimulations que ça provoque.
- Et du coup la formule à 200 ?
- Je sais pas, quand je l'ai vu arriver avec une bouteille de grand marnier et un briquet j'ai préféré me barrer.

Bon là, c'est pas très fin et peu importe que ça nous fasse rire. Ça repose sur des clichés sur les bretons, les putes, les michetons, le tout enrobé d'un peu d'absurde. Ça crée une distanciation avec ces populations. Stricto sensu, c'est une discrimination. Qui va te faire un procès pour ça ?

Dans un autre registre, une vidéo du JdG sur les RPG se clôturait sur la formation d'un groupe d'aventuriers avec le guerrier, le mage, l'elfe,... et le voleur avec à l'image à ce moment Karim Debache (un arabe donc) et sans le moindre cosplay contrairement aux autres. C'est le plus vieux cliché de la terre, mais, pour moi, le timing est ici impeccable et c'est un bon point pour la vidéo (et d'ailleurs c'est ptet lui-même qui l'a écrit).

Par contre, le breton (qui n'est pourtant pas une population victime de racisme systémique) qui va bosser dans une boîte à Paris et qui est accueilli tous les matins par un "alors pas trop la gueule de bois ? Au fait, y a pu de crêpes à la cantine ce midi", ça risque, à juste titre, de lui casser les couilles menu assez vite. Le problème n'est pas l'humour en soi, mais son absence chez celui qui fait la vanne. Après tout être con, c'est comme être mort ; quand on l'est on s'en rend pas compte et ce sont les autres qui souffrent. L'ennemi ce n'est pas l'humour, c'est ceux qui se cachent derrière pour dire des conneries et faire chier le monde en riant grassement.

Justement la citation de Desproges signifie que rire avec une personne n'est pas équivalent à rire avec une autre. Dans son cas, rire avec LePen signifiait se moquer de quelque chose avec lui, et donc d'établir une complicité dans le mépris du sujet de la moquerie.

Ça signifie bel et bien que tu peux faire une blague sur les noirs avec un noir qui sait que tu ne penses pas réellement que la moquerie est justifiée, mais pas avec un noir qui ne le sait pas, ni avec un blanc dont tu n'es pas sûr qu'il ne prendrait pas la moquerie au sérieux.

Bah oui, on est d'accord là. Les blagues sont comme les mots, ils ne sont pas bons ou mauvais en soi, tout dépend du contexte ou de l'intention. Un homo qui emploie le mot "pédé" ne pourra pas être taxé d'homophobie. Tout au plus de vulgarité ou d'entretenir l'usage d'un mot insultant dans un contexte où il était inutile.

Voilà. Donc dire que les blagues sur les femmes/noirs/homos sont susceptibles d'être sexistes/racistes/homophobes ne signifie pas que "on peut plus rien dire sans offenser quelqu'un".
C'était juste pour clarifier ça.

c bo ske tu didi bb

en vrais t'as absolument tout dis et clairement, l'humour c'est de la caricature verbale, tu force bien tout les traits et tout les clichés au point d'en devenir absurde