Péripéties d'un carabin à l'hôpital 40

Ahhh la Médecine.

J'en entends parler depuis tout petit via ma mère médecin, en fin de journée elle me racontait toujours des histoires incroyables, émouvantes, parfois terribles.
Des étoiles plein les yeux j'en avais, je peux vous le dire ! Je peux affirmer que c'est en grande partie grâce à elle si j'ai fait mon choix de carrière fin collège : Adieu la voie dentaire, bonjour le stétho !

Seulement, passé les trois premières années je réalise rapidement que l'apprentissage de l'art hippocratique consiste à ingurgiter des tonnes de connaissances via des bouquins représentant l'exact inverse de la pédagogie.
Entendons nous. Nous apprenons la médecine par appareil (appareil digestif, appareil cardio-vasculaire etc...), et d'un seul coup. Par exemple, quand le module Neurologie est à bosser pour les partiels, nous devons connaître le livre par cœur, quitte à tout mélanger.
Ainsi un futur nutritionniste sera obligé de connaître TOUT sur la maladie de Parkinson, un futur chirurgien cardiaque devra savoir sur le bout des doigts TOUTES les subtilités des blessures médullaires.


La suite en commentaires.

Péripéties d'un carabin à l'hôpital 40
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Razorbakk
Razorbakk
7 ans

Désireux de devenir médecin généraliste, je suis contraint en ce moment de réviser des protocoles relevant de la spécialité médicale pure et dure, alors que je ne les appliquerai jamais plus tard et que je m'en tamponne royalement le coquillard.
Une pensée pour mon meilleur ami futur chirurgien orthopédique, qui révise en ce moment les traitements des otites, des grippes et autres maladies n'ayant rien à voir avec sa carrière envisagée...
Alors oui, il est important d'avoir des connaissances médicales dans tous les domaines quand on veut décrocher son diplôme, mais pourquoi pousser l'apprentissage aussi loin ?
On oublie avec le temps, on mélange, et au final cela parasite la mémorisation des données essentielles à notre spécialité.
Je préfère retenir qu'un bébé a besoin d'un lait de suite de 6 mois à 1 an, plutôt que les valeurs de TOUTES les amplitudes articulaires du corps.

Vous voyez où je veux en venir ?

Alors une fois qu'on a ce paquet de connaissances en tête, on se dit qu'il va falloir aller sur le terrain pour mettre ça en pratique, et ne pas oublier.
Ça me ferait mal de ne plus me rappeler les protocoles des chimiothérapies en hématologie, c'est sur...
Au début j'imaginais les stages hospitaliers comme un formidable moyen de concrétiser la théorie, avec une transmission orale au lit des patients par les médecins.
Maissssss non, ça c'est fini, dans mon C.H.U en tout cas.
Sur le terrain, je suis relégué au rôle de petite main. J’accueille les patients, je fais leur observation détaillée, j'appelle leur médecin traitant pour avoir des informations complémentaires, je fais leur examen physique complet, je constitue leur dossier médical, je faxe, je téléphone, je tape des comptes-rendus, je prends les rendez-vous, j'écris les bons d'imagerie etc et etc...
Quand j'ai fini, l'interne passe après moi et fait pour le coup de la vraie médecine : il réfléchit, fait des hypothèses diagnostiques, lance des traitements.
Et moi ? Et bien pendant ce temps là j'ai déjà débuté ma deuxième observation médicale et je continue mon boulot de secrétaire.

Qu'on ne se méprenne pas, les internes sont aussi débordés que nous vu qu'ils se tapent tout le travail des médecins.
Les médecins parlons en, ils arrivent comme des fleurs en fin de matinée en véritables inspecteurs des travaux finis. Ils font leurs critiques par-ci par-là, font deux trois signatures, et filent à la cantoche.
Donc résumons : Les internes n'ont pas le temps de nous apprendre le métier, et les médecins dans leur majorité n'ont pas envie de nous apprendre quoi que ce soit;
alors qu'ils sont payés pour.

En plus de nous ignorer royalement, il faut composer parfois avec leur sale caractère, leur égo surdimensionné, leur personnalité bizarre. Nous les externes et les internes subissons le stress, les humiliations , les critiques non constructives et nous ne pouvons rien dire. Pourquoi ? Qui valide ou non notre stage à votre avis.

Alors du coup nous discutons entre nous pour savoir quels services sont safes ou pas.
Moi par exemple je suis une buse en Neurologie, mais je ne peux pas aller dans le service de mon CHU parce que les médecins là-bas sont des psychopathes et l'ambiance est abominable. Petite citation : "Moi ma méthode c'est l'apprentissage par la terreur et l'humiliation."

Est-ce normal ?

La vérité c'est que j'en ai ras le cul de l'omerta hospitalière, de notre exploitation, de notre impossibilité de nous défendre face à l'oppression de nos supérieurs sous peine de représailles, de cette putain de loi du silence qui étouffe tout, que ce soit les agressions physiques, les pressions psychologiques, le harcèlement moral et sexuel.
Je suis coincé, je dois prendre sur moi pour aller jusqu'au bout, ne rien lâcher.

Il me reste moins de la moitié des années d'études totales à tirer, et après je me barre sans jamais me retourner. Ce qui me fait tenir, c'est que j'aime les patients, j'ai envie de les aider. Si fin terminale j'avais été au courant de tout ce qui se passe dans ce milieu pourri qu'est l'hôpital, honnêtement j'aurais choisi une autre voie professionnelle parce que c'est juste décourageant.

Après tout ce que j'ai vécu, je suis écœuré du système hospitalier, de sa mentalité, de sa hiérarchie à la con ultra codifiée.

J'ai qu'une hâte, empocher mon diplôme, et ouvrir mon cabinet libéral.

Quartz
Quartz
7 ans

C'est drôle tiens, ça résume assez bien mon ressenti en tant qu'agent hospitalier (non médical).
Les médecins de chez moi sont (pour la plupart) de petits pleurnichards haineux, et capricieux.
Et puis même quand tu t'attaques au système éducatif. C'est la même chose dans les autres branches (à l'inverse des stages, qui ont été un vrai souffle libérateur pour moi, du genre à enfin te faire prendre confiance en toi et à développer ton potentiel. Même si trop courts). On nous bourre le crâne avec 90% de merde qui ne serviront même pas, du plus pauvre technicien larbin à l'ingénieur sur-diplômé. Et on se retrouve un peu cons quand vient le jour de se foutre au boulot dans un domaine peu (ou in)connu.

'Bref, bisous <3.

Vaval
Vaval
7 ans

@Razorbakk: Tu devrais bien t'entendre avec Martin Winckler. Pour l'absurdité de la formation, elle est comparable à celle des professeurs.
Tiens bon !

Razorbakk
Razorbakk
7 ans

@Vaval: Je vais me renseigner sur lui, je le connais pas.
Merci.

DeKluis
DeKluis
7 ans

@Razorbakk: En gros t'es un apprenti... perso vu la configuration très corporatiste de la médecine (en tant qu'institution) ça m’étonne moyen... allez courage ça ne dure qu'un temps.

Razorbakk
Razorbakk
7 ans

@Quartz: Ça me parle ce que tu dis, merci ;)

Razorbakk
Razorbakk
7 ans

@DeKluis: C'est ce que je me dis, merci !

Vaval
Vaval
7 ans

@Razorbakk: C'est un médecin généraliste qui a écrit plusieurs romans sur la gynécologie et les absurdités de la médecine et des médecins français.

https://www.dailymotion.com/video/x12lmyr_martin-winckler-marc-zaffran-devenir-medecin-aujourd-hui_tech

Razorbakk
Razorbakk
7 ans

@Vaval: Je vais y jeter un coup d'oeil ;)

Marlebe
Marlebe
7 ans

@Razorbakk: Au moins t'as un interne qui s'occupe un peu de toi, moi y en a aucun Haha

4rthur
4rthur
7 ans

@Razorbakk: Tu noircis un peu le tableau, tout n'est pas si simple, les médecins hospitaliers ne sont pas tous des connards, je dirais même plutôt qu'il y en a moins que dans d'autres structures par expérience.

La formation a des lacunes mais elle évolue, il y a pas si longtemps les médecins généralistes rentraient en activité après leur externat d'emblée... Il n'y a pas si longtemps les gardes duraient 72h... Il n 'y a pas si longtemps la discipline et l'enseignement étaient militaires dans quasiment tous les services.

Ce n'est plus le cas.
Les choses évoluent malgré ton ressenti.

Oui, l'externat est un dur moment à passer (et il faut mettre sa fierté de côté souvent), plus tard se sont les responsabilités et la charge de travail qui vont t’éreinter, et crois-moi, quand on traite l'humain ce n'est pas plus simple. Ce ne sera jamais le monde des bisounours, même quand tu seras installé en libéral.

Bref, c'est un beau métier, mais dur. C'est comme ça, et la formation l'est un minimum malheureusement pour te préparer à cela.

Inseikei
Inseikei
7 ans

@Razorbakk: t'aurai dû acheter une console et laisser passer ton année, en tout cas bonne chance, j'ai tenté et rester assis les six prochaines années de ma vie à apprendre des bouquins par cœur c'est pas fait pour moi

Karyud0
Karyud0
7 ans

Ma mère était infirmière il y a une trentaine d'année. Elle a vite quitté l'hôpital pour devenir libéral, et ce pour les mêmes raisons ! Courage !

Razorbakk
Razorbakk
7 ans

@Karyud0: Merci pour ton témoignage, c'est important pour moi ;)

Commentaire supprimé.

Shird
Shird
7 ans

je suis en D1 et quand je te lis, j'ai des envies de ragequit... tu apportes une pierre de plus à l'édifice qui dénonce le système hospitalier français

Hemelka
Hemelka
7 ans

Je viens de voir que tu voulais devenir médecin généraliste.
Tu penses quoi des déserts médicaux en France concernant le manque de généraliste dans les campagnes.
Comment pourrait-on régler ce problème ?

MOONY
MOONY
7 ans

J'me pose la question depuis un moment, c'est toi vie de carabin ? (http://www.viedecarabin.net/)

Shird
Shird
7 ans

@row638: non ça m'étonnerait, Razorbakk doit être en D4 alors que VdC est interne

GreenLeRetour

T'as baisé l'infirmière ?

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