Rock vs Vatican : l'opération Nifty Package

En 1989, dans le cadre de l'opération Just Cause, les Etats-Unis interviennent militairement au Panama, remplissant leur rôle ô combien nécessaire de gendarmes du monde, afin de rétablir la démocratie par l'usage de missiles dans la gueule.

Le général Noriega, commandant en chef des forces du Panama, principal cible de l'opération, va alors prendre refuge avec quatre autres hauts fonctionnaires, dans l'ambassade du Vatican, pour éviter que l'armée américaine ne le capture.

Au cinquième jour de l'invasion, l'armée va alors encercler l'ambassade du Saint-Siège. Le secretary of state de l'époque (équivalent de notre ministre des affaires étrangères) James Baker, va alors écrire au Vatican, en expliquant que cette situation constituait une exception aux principes de protection diplomatique, dans la mesure où Manuel Noriega était un dealer de drogue, et, je cite "vous devez comprendre,qu'ayant perdu des vies américaines pour restaurer la démocratie au Panama, nous ne pouvons permettre à Noriega de se rendre dans tout autre pays que les Etats-Unis".

Jean-Paul II se contentera de pleurer les vies perdues au cours de l'opération. La réponse du Vatican viendra en la personne de Joaquin Navarro-Valls, le directeur du bureau de presse du Saint-Siège, qui va alors refuser catégoriquement de se soumettre aux demandes américaines, et offre par conséquent l'asile diplomatique à Noriega.

Les 52 Navy SEALS mobilisés vont alors avoir recours à une tactique militaire pour le moins originale : la musique.

Ayant été informé que Noriega abhorrait le Rock, lui préférant la musique classique, les militaires vont alors constituer une playlist qu'ils vont diffuser tout autour de l'ambassade à des niveaux assourdissants, dans le but d'établir une guerre psychologique.

Au bout de dix jours, n'en pouvant plus, l'ambassadeur Monseigneur Laboa, va sommer Noriega de se rendre, menaçant d'évacuer l'ambassade avec l'ensemble du personnel, pour élire domicile dans une école catholique qui serait alors désignée comme nouvelle ambassade, ce qui permettrait à l'armée d'investir les lieux.

Noriega n'a d'autre choix que d'accepter, il appelle sa femme et ses trois filles, qui avaient trouvé refuge au sein de l'ambassade cubaine, pour leur annoncer qu'elles seraient exfiltrées vers la République dominicaine. Il va ensuite aller à la messe célébrée dans l'ambassade, puis écrire deux lettres; la première adressée à sa femme, la seconde au pape, pour le remercier.

C'est ensuite accompagné de trois prêtres que Noriega va faire les 50 pas qui séparent l'entrée du bâtiment de la sortie de la zone d'immunité. D'après des témoignages, un soldat extrêmement costaud lui fonce alors dessus pour le plaquer au sol.

Noriega est ensuite extradé, jugé, condamné le 16 septembre 1992 à 40 ans de prison. Il sort finalement en 2007, puis décède à Panama City le 29 mai 2017.

Je vous copie ici le lien de la playlist Spotify de l'opération, et la liste des titres les plus savoureux (notez les titres qui collent extrêmement bien au contexte :

(You've Got) Another Thing Coming - Judas Priest
Blue Collar Man - Styx
Danger Zone - Kenny Loggins
Dead Man's Party - Oingo Boingo
Don't Look Back - Boston
Electric Spanking of War Babies - Funkadelic
Heaven's On Fire - Kiss
If I Had A Rocket Launcher - Bruce Cockburn
In My Time of Dying - Led Zeppelin
Iron Man - Black Sabbath
Judgment Day - Whitesnake
Jungle Love - Steve Miller
No More Mister Nice Guy - Alice Cooper
Paradise City - Guns & Roses
Panama - Van Halen
Paranoid - Black Sabbath
Refugee - Tom Petty
Renegade - Styx
Run Like Hell - Pink Floyd
The Party's Over - Journey
This Means War - Joan Jett
Wanted Dead or Alive - Bon Jovi
Wanted Man - Ratt
War Pigs - Black Sabbath
We're Not Gonna Take It - Twisted Sister
You Shook Me All Night Long - AC/DC
Your Time is Gonna Come - Led Zeppelin

https://open.spotify.com/user/andywokao/playlist/1oIeOF4ZfkXstMnTnnaUSn