Ça aurait pu être moi

(le titre de cette box est à prendre au second degré ou en tout cas avec un peu de légèreté). 


Je vais vous raconter une histoire qui s'est passée il y a 20 ans, la veille de passer mon bac. Sous forme de schéma narratif standard, histoire d'être clair. 


Situation initiale :

21h, trois potes et moi décidons d'aller au Quick de la zone commerciale proche de chez nous, à pied. Pour nous y rendre, nous devons traverser tout le parking de cette zone qui comprend pas mal d'enseignes, dont une enseigne de bricolage qui stocke sur le parking même une partie de ses produits et notamment des éléments de décoration pour jardin (fausses plantes etc).

Nous passons un petit bout de cette soirée au Quick tranquilou pépère OKLM tavu. Deux bonnes heures plus tard, nous reprenons la route, et traversons donc le parking à nouveau.

À ce moment tardif de la soirée, le parking est vide. Le vigile de nuit commence sa ronde. Le soleil est couché depuis un moment. Tout est calme. Trop calme à notre goût. On s'emmerde un peu, et surtout on est des gamins...

Élément perturbateur :

En passant près du stock de marchandises de décoration, nous vient l'idée de déplacer certains éléments pour les mettre sur la route dans le but d'emmerder le vigile (qui devait s'emmerder lui aussi, j'en suis certain). Des vrais gangsters.

Nous nous exécutons rapidement avant son passage, puis allons nous cacher assez maladroitement dans des buissons à quelques dizaines de mètres pour observer.

Vient le vigile avec son 4x4, il s'arrête, bloqué par des palmiers verts fluos en plastique. Il regarde un peu aux alentours, ne semble rien remarquer, déplace les merdes sur le côté de la route puis reprend sa ronde. Nous, des vrais déglingos, on replace le tout sur le chemin. Puis on se recache.

Revient le monsieur de la sécurité. Cette fois, il semble énervé, sort son talkie, fait des mouvements d'exaspération avec ses bras, bougonne des trucs en regardant dans tous les sens et vers nous mais à nouveau ne semble pas nous voir. Il finit par remettre les trucs sur le côté, puis repart. Il s'éloigne, on repositionne tout, des vrais oufs je vous dit.

Et même pas 5 minutes plus tard, le revoilà. Il ne sort pas de sa voiture cette fois. Il ne fait rien, si ce n'est qu'il semble être en communication par téléphone. Que fait-il ? Nous allons le savoir très vite...

Une voiture de type Ford Mondéo beige dégueulasse arrive en roulant au pas et s'arrête près du 4x4. Les occupants échangent quelques mots avec le vigile. Ils sont 4, costauds, crânes rasés, doudounes sans manche.

Subitement, la Mondéo démarre en trombe, fonce vers nous, pleins phares dans nos gueules, moteur qui hurle, le 4x4 la suit. Oula, ça pu, on va se faire démonter. C'est chaud, tayaut tayaut.

Péripéties :
On se taille en courant, sauvés momentanément par le petit bois qui sépare la zone commerciale de la ville, puis on s'enfonce dans les rues en prenant à droite à gauche à droite à gauche, en sprint presque en mode parkour..

Après un bon gros kilomètre parcouru, on s'arrête, essoufflés, un peu en flip aussi mais surtout on ne sait pas qui sont ces gens qui nous ont coursé : les potes balèzes et violeurs du vigile ? Le GIGN ? Des fans de Ford Mondéo beige dégueulasse un peu énervés? La ligue des défenseurs des palmiers fluos en plastique ? Nous ne sachons guère.

Quoiqu'il en soit, pas le temps de souffler, les individus dans leur bouse qui fume bleue nous ont retrouvé, et foncent à nouveau sur nous. Ils passent tout près de nous cartonner violemment et un pote se retrouve quasi allongé sur le capot. Bonne ambiance. On se barre en essayant d'oublier qu'on a que deux poumons et qu'ils sont déjà pas mal entamés. On entend le moteur qui hurle derrière nous, on court, on zigzag dans les rues et les ruelles.

Que veulent ces gens ? Qui sont-ils ? Nous allons vite le sachoir. "ARRÊTE TOI FILS DE PUTE OU JTE PLOMBE !!!", "À TERRE ENCULÉ OU T'ES MOOOORT !!!", "DÉZINGUE-LE IL EST CUIT !!!".

Je comprends que ces paroles sont adressées au plus gros d'entre nous (petit tip : si vous faites des conneries, ne soyez pas gros, vous ne courrez jamais assez vite). Après quelques dizaines de mètres de course poursuite, je commence à comprendre que ces gens sont de la maréchaussée nationale, et pas n'importe lesquels : l'élite, les meilleurs des meilleurs des meilleurs, en deux mots, les génies, la BAC. Ils ne se sont toujours pas annoncés comme tel, pas de gyro, pas de semonces, rien.

Je suis presque rassuré de savoir que je suis pas entrain de me faire pourchasser par une bande skinheads sous acide mais j'aurais préféré que ça soit la LDDDPVFEP (je vous laisse trouver). On continue de galoper. Première fois que je me fais poursuivre par la police, autant tenter le coup et les semer, je pourrai le raconter à mes gosses. Plus la course poursuite dure, plus le nombre de voitures augmente, et rapidement c'est au moins 5 bagnoles qui sont à nos trousses.

Bordel, c'était des palmiers piégés ou quoi ? C'est si grave ce qu'on a fait ? Je comprends pas comment on en arrive là si vite et j'ai pas vraiment le temps d'y réfléchir. L'instinct de survie prend le dessus, faut juste courir.

Mais j'entend une détonation. Un PAW, ou un PAN, ou un POW... je sais pu trop, un truc sec et soudain qui résonne dans la nuit, et qui ressemble à un bruit de pétard du genre Tigre E4. D'un coup d'œil rapide en arrière, je vois mon gros copain à terre à quelques dizaines de mètres de moi. Merde. C'était quoi ce bruit ? Pourquoi il est à terre ce con ? Je m'arrête, je baisse la tête et me protège un peu inutilement comme ci j'allais stopper une éventuelle balle. Ils sont en train de l'écraser au sol, 3 genoux sur le dos, un sur la nuque, un pied dans la gueule et une arme de poing braquée sur lui. Bien qu'ayant une cinquantaine de mètres d'avance et que les cinglés semblent décidés à se contenter de leur première prise, je décide de stopper la cavalcade.

Je reviens vers l'attroupement de fonctionnaires et mon pote qui semble mal en point. "LÈVE TES MAINS FISSEDEPUTE !!!" me dit-on courtoisement. Alors, déjà, ma mère c'est pas une pute OKAY ? Je lève les mains et je crie en leur demandant ce qu'ils lui ont fait. Des lumières s'allument dans les chaumières de la rue. Le bruit que j'ai entendu était un coup de semonce tiré en l'air selon l'un des génies. Euh, pourquoi bro ? T'as le droit de faire ça ? On est pas armé et pas menaçants, c'est pas un peu too much ?

Je me fais mettre au sol après un chassé derrière le genou, et me fais menotter à mon tour, tête claquée contre le bitume, nez écrasé, lèvre qui se met à saigner. On nous jette sur la banquette arrière de la limousine qui sent la clope, le shit, la trans et d'autres odeurs inconnues mais bien dégueulasses.

On nous questionne : "vous êtes qui ? pourquoi vous vous sauvez quand on courre derrière vous ? Vous aimez bien casser les couilles aux flics hein ? On va vous foutre en GAV et on va s'amuser avec vous pendant 24h ! HAHAHAH" (Comment ça Kevin ? tu veux m'enculer l'anus ? Pédé va -> nan je l'ai pas dit à voix haute).

Quelques baffes dans nos gueules plus tard, arrive le chef des génies qui heureusement semble avoir un peu plus de neurones que les autres.

Élément de résolution :

"On les relâche, ils ont emmerdé le vigile comme des gamins, on garde leur identité pour les enregistrer, on part vers jesépuoù, il y a des méchants jeunes qui sont en train de cramer des voitures dans le quartier chépukoi" ... je sais c'est un peu décousu mais je vous retranscris ça pele mele.

Même pas une minute après, on est debout dehors, sans menottes, libres, et les carrosses avec les lumières bleues qui tournent enfin allumées s'éloignent. Les habitants nous demandent si on va bien, avec nos gueules éraflées et le tee-shirt de mon gros pote à moitié arraché, visiblement on est pas beaux à voir, et surement nos têtes ahuries nous attirent un peu de compassion. Mais dans le fond, ça va. 

Situation finale :
On retrouve nos potes, méfiants, qui ne nous ont pas cru tout de suite quand au téléphone on leur a dit que c'était OK et qu'on était pas en train de leur demander de revenir sous la menace d'une arme sur nos tempes.

On débriefe pendant 2-3h sur ce qui vient de se passer. On a décidé de ne plus jamais aller à Quick, et de ne plus jamais déranger un stock de palmiers en plastique copains d'un vigile, lui-même copain de mecs un peu trop énervés qui ont choisi la police de nuit parce que dans le fond ils étaient pas vraiment capables de faire autre chose. Heureusement, y'en a des biens.

Bref, je suis vivant, mais ça aurait pu être moi.

tldr:quick, palmier plastique, vigile, cours forrest cours, pan, enculage en gav ?, liberté

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Divico
Divico
10 mois

Putain aère ton texte enculé! Ou j'appelle la BAC

Mari0
Mari0
10 mois

@divico c'est mieux là ?

Divico
Divico
10 mois

@Mari0: Merci, tu mérite un bisou maintenant

Mari0
Mari0
10 mois

@divico tu veux m'enculer Kévin ?

Divico
Divico
10 mois

@Mari0: J'osais pas demander Jean-Eudes

Commentaire supprimé.

MuruKai
MuruKai
10 mois

Ah oui la LDDDPVFEP, la fameuse Ligue Des Durs Didiers Pouvant Vite Finir En Prison.

Mari0
Mari0
10 mois

@murukai nan c pa sa

anonyme
anonyme
10 mois

@MuruKai: La Ligue Des Déglinguées Dodues Prenables Vaginalement : Féministes Enculées Permises.

Mari0
Mari0
10 mois

@lechasseur nan c pa sa

utopia
utopia
9 mois

@Mari0: la ligue de droit de défense des palmiers vert fluo en pagaille ?

anonyme
anonyme
10 mois

Ahahaha les stars ! Que des numéros 10 dans les protagonistes de cette histoire ! À part le Grand Schtroumpf, quel casseur d'ambiance celui là ! À ça de découvrir ta véritable identité sexuelle...

Mari0
Mari0
10 mois

@lechasseur on est cons à 18 ans c'est vrai, et encore plus dans la police à 40 piges apparemment

anonyme
anonyme
10 mois

@Mari0: El Vigilante rigole zer' non plus !
"On a touché mon pot de fleur en plastique, ils vont roter du sang, bâtards !"

anonyme
anonyme
10 mois

Et t'as eu ton bac ou pas ?
Bac à fleur !

Mari0
Mari0
10 mois

@Grooland: mon bac à schnik

boulbi
boulbi
10 mois

Je confirme pour la mondeo, et je confirme aussi qu’elle a rien dans le sac, mais c’est une autre histoire que je vous conterai un jour.

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