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Delixi
Delixi
8 mois

Voici :

Daft Punk, une odyssée du Nouveau Monde

La mémoire vive de Daft Punk — 1/5 — Le duo français a réussi un exploit jusque-là réservé aux stars britanniquesde la pop : conquérir l’Amérique. En 2014, l’album « Random Access Memories » rafle cinq Grammy Awards

Le contact avec les humains est rétabli le 26 février 2013. Ce jour-là, la page Facebook de Daft Punk cesse d’être inactive en changeant sa photo de présentation. Sur fond noir se détache un casque bicéphale, mi-chromé, mi-doré. En bas à droite, le logo de leur nouvelle maison de disques, Columbia, nom de la figure féminine allégorique des Etats-Unis. Le message sans texte est reçu instantanément. La Toile s’affole. Le binôme de robots musiciens le plus célèbre de la culture pop prépare un coup. Depuis leur enfance, les prodiges que la planète électro nous envie rêvent du Nouveau Monde. L’Amérique, ils veulent l’avoir, et ils l’auront.

Onze mois après ce post sur Internet, les Parisiens Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo sont sacrés à Los Angeles, devant 30 millions de téléspectateurs, lors des Grammy Awards, les Oscars de la musique. Daft Punk triomphe avec un quatrième album studio, Random Access Memories, numéro 1 dans une vingtaine de pays, un exploit qu’aucun artiste ou groupe français n’avait réalisé auparavant. Pour la cérémonie, ils sont vêtus de blanc, comme les soldats de l’Empire dans Star Wars. Les visages dissimulés dans ces casques que tout Terrien connaît. Un attribut ambigu puisqu’il permet à la fois de s’exposer publiquement et de se cacher pour préserver son intimité.

En une quinzaine d’années, le duo a déjà imprimé sa marque sur l’histoire des musiques populaires en portant une culture underground – l’électro – aux oreilles du grand public. A un rythme quadriennal. L’album fondateur, Homework(1997), a su imposer la house music et la techno, des styles apparus dans les années 1980 aux Etats-Unis, construits à partir de boucles rythmiques. Il est suivi d’un Discovery(2001) rétrofuturiste avec son tube néodisco One More Time, puis de Human After All (2005), mal-aimé et incompris. Impossible d’en rester là.

En 2011, les laborantins rompent radicalement avec leurs habitudes. Ils délaissent l’autarcie du « studio à la maison » pour faire interpréter à d’autres musiciens, ceux de l’Orchestre philharmonique de Londres, la bande originale qu’ils ont composée pour Tron. L’héritage(2010). Ce film de science-fiction produit par Disney donne déjà un indicateur du marché convoité. La France a toujours été trop petite pour eux. Leur destin se joue désormais en Californie et à New York. « Nous concevons d’abord la musique comme un divertissement », affirme, dès 2001, Thomas Bangalter au Monde , une déclaration d’intention idéale pour réussir en Amérique. A leur aise en anglais, les Frenchies partagent alors leur existence entre Paris et Los Angeles.

Avant de se lier à Columbia, Daft Punk s’est imposé en Europe sous l’enseigne du label britannique Virgin. « Ils avaient signé pour quatre albums, se souvient Emmanuel de Buretel, qui a dirigé Virgin France jusqu’à son départ en 2004. Mais, après l’échec commercial deHuman After All ,EMI, le propriétaire de Virgin, a échangé un live de Daft Punk contre l’option du quatrième album, qui seraRandom Access Memories. C’est une faute de carre d’EMI de les avoir laissés partir. »

La cour des grands

Pour le choix de sa nouvelle maison de disques, Daft Punk ne déroge pas à sa règle : l’album, déjà enregistré et en cours de mixage, sera livré clés en main. A prendre ou à laisser. Le coût, estimé à 1 million de dollars (910 000 euros), a été entièrement financé par les deux musiciens, qui ne transigent pas avec leur indépendance. Fidèles à leur réputation, ils entendent tout contrôler et défendre au mieux leurs intérêts. Emmanuel de Buretel se souvient ainsi des conditions de la signature avec Virgin, en 1996 : « Je suis venu dans la chambre de Thomas et, sur les murs, il y avait tous les fax des propositions des maisons de disques. Il n’y en avait pas une française, sauf la nôtre. C’était assez intimidant pour moi, je suis sorti du rendez-vous avec beaucoup de pression. »

En août 2012, deux dirigeants de Columbia, le big boss, Ashley Newton, et Rob Stringer, à la tête du département américain de la maison de disques, peuvent enfin écouter le résultat. «L’album me parlait directement, témoigne le second, interviewé en visio depuis son bureau new-yorkais, toujours décoré d’un poster de Daft Punk. J’y ai entendu des résonances de Stevie Wonder et de Steely Dan, qui sont à mon avis les deux principales influences, mais ce n’était pas un exercice rétro, c’était frais et excitant. Je l’ai trouvé extraordinaire et, en même temps, j’étais anxieux qu’il nous échappe. Tout le milieu savait que le contrat de Daft Punk avec Virgin était arrivé à terme, et nous n’étions pas seuls sur les rangs. » Selon Emmanuel de Buretel, c’est l’autre auditeur qui fait la différence : « Daft Punk est allé chez Columbia parce qu’ils connaissaient Ashley Newton, un Anglais qui avait été directeur artistique chez Virgin et nous avait aidés à les signer à l’origine. »

Pour les deux parties, le deal a les avantages d’un gagnant-gagnant. Le fétichisme vintage des Français est comblé avec Columbia, propriété du japonais Sony Music, dont Rob Stringer est aujourd’hui le patron. La marque est doyenne dans son secteur, ses origines remontant à 1889, douze ans après l’invention du phonographe par Thomas Edison. Son logo stylise un disque vinyle et une tête de lecture. L’audience internationale de Daft Punk les attache non à la filiale française, mais à la maison mère new-yorkaise, à une prestigieuse famille dont les membres se nomment Billie Holiday, Bob Dylan, Bruce Springsteen ou The Clash. Le duo français, fan de musique funk, a sans doute été plus sensible à l’idée d’y rejoindre Michael Jackson, Herbie Hancock ou Earth, Wind & Fire. Pour eux, on réactivera même la typographie jaune et rouge usitée dans les années 1970 et 1980.

Du côté américain, l’absolutisme de Daft Punk ne constitue pas un problème. « Je me considère comme un curateur de musée, dont la fonction est de mettre en valeur des œuvres d’art », réagit Rob Stringer. Cet Anglais quinquagénaire ne s’est jamais remis d’avoir vu The Clash quand il avait 14 ans. Il n’en défend pas moins l’idée, chère à Daft Punk, qu’on peut aimer à la fois le punk-rock et la pop d’Abba. Tout lui sourit ces derniers temps : travailler avec les Français l’a mis tellement en joie qu’à l’automne 2012 c’est avec un casque de robot sur le chef qu’il accueille dans son bureau un autre nouveau partenaire : son héros absolu, David Bowie, qui lui aussi prépare son retour avec l’album The Next Day.

Le paysage a pourtant beaucoup changé. Dans la décennie 2000, l’industrie du disque a connu la pire crise de son existence avec l’effondrement des ventes de CD et le piratage des fichiers. Le temps des blockbusters comme Thriller (1982), de Michael Jackson, l’album le plus vendu de l’histoire (autour de 80 millions d’exemplaires), est révolu. Quoique. En 2011, Columbia a réalisé une performance miraculeuse avec 21, deuxième opus d’une jeune chanteuse britannique de pop-soul, Adele. Numéro 1 dans une trentaine de pays, il deviendra le best-seller du XXIe siècle avec 35 millions de copies écoulées.

La firme donne pourtant l’impression de s’être reposée sur son glorieux catalogue et d’être passée à côté de la révolution électronique. Ce que Rob Stringer pondère : « Lors de notre première rencontre, Thomas Bangalter m’a cité deux albums récents de Columbia. Ils avaient aiméOracular Spectacular [2007] ,de MGMT, dont on a dû vendre 3 millions d’exemplaires, un disque qui m’a rappelé la scène new wave de New York à la fin des années 1970, mais avec une dimension moderne dans l’utilisation des synthétiseurs et des samplers. Des centaines de groupes s’en sont inspirés. Thomas a ensuite évoqué 21 , d’Adele, cette fois pour des raisons d’échelle. »

Columbia et Daft Punk s’entendent autour d’une stratégie de marketing associant sans le moindre paradoxe le secret et le teasing, cet art de l’effeuillage fait de messages espacés et progressifs, incomplets et énigmatiques, pour attiser l’excitation du client. La séduction mise en œuvre jusqu’à la sortie, le 17 mai 2013, de Random Access Memories, va représenter un cas d’école, à enseigner pour les études commerciales. Loué pour son savoir-faire machinique, Daft Punk mérite aussi de l’être pour son faire-savoir.

Pour la partie visuelle, les Français « avaient déjà leur idée puisqu’ils m’ont apporté un livre », raconte Rob Stringer. Il tire d’un rayonnage Rock’n’Roll Billboards of the Sunset Strip, que venait de publier le photographe Robert Landau (Angel City Press, 2012). Sur la couverture, un panneau publicitaire gigantesque reproduit la célébrissime pochette des quatre Beatles traversant le passage piéton d’Abbey Road, en surplomb du boulevard du C...

Walkshadow
Walkshadow
8 mois

@Delixi: hé merci chef !

Delixi
Delixi
8 mois

Partie 2 :

en surplomb du boulevard du Crépuscule, à Los Angeles. A l’intérieur, des affichages similaires pour les Doors, David Bowie, les Rolling Stones, Bruce Springsteen, Stevie Wonder, Pink Floyd… Daft Punk veut ressusciter ces peintures faites main, condamnées dans les années 1980 par le vidéoclip. Les noms précités laissent entendre qu’on s’invite dans la cour des grands.

Mélange des genres

La campagne dépassera le modèle originel en ne se limitant pas à Los Angeles. L’image duale des robots postée en février 2013 sur Facebook apparaît sur les murs de Londres, Paris, San Francisco, Seattle, Chicago, New York, Miami, Austin – dans ces deux dernières villes à l’occasion de festivals, ce qui ne manque pas d’alimenter des rumeurs de concert surprise .Sur neuf métropoles, sept sont américaines. Le dessein est clair : conquérir les Etats-Unis, un privilège qui semblait réservé aux groupes britanniques depuis les Beatles.

Daft Punk avait déjà fait une percée aux Etats-Unis depuis 2001. L’album Discoveryy a été disque d’or (500 000 exemplaires). Et leur marque était bien identifiée en s’associant à des produits de grande consommation ou de luxe. Le marketing doit être un acte créatif, selon Thomas Bangalter, qui prend modèle sur Andy Warhol. Le pape du pop art sérigraphiait des bouteilles de Coca-Cola, Daft Punk en stylise deux en 2011, l’une en or, l’autre en argent, pour une édition limitée à vingt exemplaires. L’opération de joint-venture s’intitule Daft Coke et on ne sait plus qui promeut l’autre. Un an plus tôt, pour une publicité Adidas, les deux robots avaient croisé ceux de Star Wars dans un remake d’une scène du film. Le mélange des genres continue en mai 2013 : quelques jours après la sortie de Random Access Memories, ils promènent leurs casques intégraux dans un lieu adéquat, le Grand Prix de Monaco. Leur logo est apposé sur les deux formules 1 de l’écurie Lotus.

Depuis 2005, ces gravures de mode ont leur couturier attitré, Hedi Slimane, qui travaillait pour Dior homme et avait conçu leurs combinaisons de bikeur en cuir noir. Ils le suivent chez Saint Laurent quand il en devient directeur artistique, en 2012. Pour leur retour sous les projecteurs, le tenant du style rock chic leur réserve des vestes de smoking brodées de sequins. Les produits dérivés à cette occasion se distinguent par leur originalité : le japonais Bandai fabrique des figurines de robots, et Durex de commercialise des préservatifs Get Lucky, l’expression signifiant la réussite dans l’initiative sexuelle. Enfin, plus seulement depuis qu’elle se rapporte au tube stratosphérique de l’été 2013 .

Le dévoilement du son de Random Access Memories, lui, va mettre les fans au supplice. Ou en extase, c’est selon. On procède lentement avec des stimuli, en commençant plus de deux mois avant la sortie de l’album. Daft Punk choisit de se tourner vers une institution aux Etats-Unis, l’émission de divertissement « Saturday Night Live » sur la chaîne NBC. Non pour en occuper le plateau. Ces deux-là fuient les caméras. Le 3 mars sont diffusées quinze secondes de musique dansante dynamisée par une guitare funk. C’est peu. Mais bien assez pour le Web, où prolifèrent captures d’écran et même des remix – dont une version de dix heures – du court extrait. Vingt jours plus tard, un autre fragment musical de même durée ajoute la parole avec une voix robotique. A ce stade, on ne connaît toujours pas le titre de cette mystérieuse chanson, mais on apprend celui de l’album annoncé. Et que Random Access Memoriessera disponible dans sept semaines. Pour les précommandes, se diriger vers la plate-forme iTunes.

A l’âge de l’hypercommunication, Daft Punk a compris que la rétention d’information peut générer de l’excitation. Encore faut-il savoir lâcher prise pour que l’emballement s’alimente de lui-même. Le 13 avril, un trailer, long cette fois de deux minutes, est projeté sur la scène du festival californien de Coachella. La cible est judicieusement choisie : c’est là que Daft Punk était remonté sur scène en 2006, après plus de huit ans d’absence, marquant les esprits avec une pyramide de diodes électroluminescentes. C’est toujours la même chanson, mais elle est enfin incarnée par un quatuor franco-américain : le chanteur Pharrell Williams et le guitariste Nile Rodgers, vétéran du groupe disco-funk Chic, sont au premier plan, devant une section rythmique, basse et batterie, formée par les deux robots.

Dans l’espace VIP de Coachella, Thomas Bangalter, Guy-Manuel de Homem-Christo et Pharrell Williams savourent les réactions enthousiastes du public. A New York, Nile Rodgers tweete une vidéo captée sur place par un internaute. Reprise virale. Le matériel amateur est intégré à la communication officielle. De Homem-Christo encourageait ces initiatives en octobre 2008 dans la revue new-yorkaise Stop Smiling: « C’est vraiment super parce que chacun peut donner son interprétation. (…) Ce que les gens font sur YouTube est beaucoup plus excitant – et beaucoup plus vivant que ce que nous pourrions faire nous-mêmes. »Et, en plus, c’est gratuit. Pour avoir piraté leurs œuvres, la Toile leur doit bien ça.

Fantasmée depuis six semaines, la chanson Get Luckyest enfin livrée dans sa complétude le 19 avril. Mais pas n’importe où : sur Vevo, plate-forme de vidéos montée par les majors Universal et Sony. La décision a probablement été précipitée par la fuite du titre, la veille, sur une radio d’Edmonton, au Canada. Comment est-ce possible ? Car les séances d’écoute pour les médias de Random Access Memoriessont dignes de Fort Knox : devant des journalistes médusés, l’attachée de presse américaine Kathryn Frazier déploie une mallette en titane dotée d’une serrure à empreinte digitale.

Delixi
Delixi
8 mois

Partie 3 :

La moisson de Los Angeles

L’incident paraît aussi surréaliste que le lieu retenu pour le lancement de l’album : le Wee Waa Show, une fête agricole dans une localité de 1 700 âmes en Australie. Comme c’est le cas pour le Nouvel An, l’île-continent célébrera en avance la sortie de Random Access Memories. Avec sa piste de danse géante réunissant 4 000 personnes, Wee Waa symbolise pour un soir le village global de Marshall McLuhan. En l’absence des deux Français. La joie de leur come-back a été assombrie par la mort, le 7 mai à Austin (Texas), du DJ et producteur américain Romanthony, la voix de One More Time, tube de l’an 2000.

En France, Daft Punk devient le groupe des superlatifs. Get Luckypulvérise en trois jours le record de ventes digitales à l’unité, récemment détenu par la chanson Skyfall, d’Adele. Ce sera le single le plus diffusé en radio en 2013 et le plus acheté, avec 350 000 exemplaires. Sur le marché numérique , Random Access Memories fait de même avec un volume quatre fois supérieur au précédent champion, Futur, du rappeur Booba. Ses ventes globales atteindront 500 000 copies. Pour la première fois, un album de Daft Punk domine la concurrence. Enfin prophètes dans leur pays. Mais, lors du bilan annuel, il sera largement devancé par Racine carrée, du Belge Stromae. Au Royaume-Uni, Get Luckyaccomplit ce qui avait échappé à One More Time: le haut du podium, avec 1,3 million d’exemplaires. Daft Punk sera élu « groupe international de l’année » lors de la cérémonie londonienne des Brit Awards.

C’est Los Angeles qui concentre toutes les attentions : nommés dans quatre catégories pour les Grammy Awards, les Français ont prévu d’apparaître à la cérémonie, le 26 janvier 2014, au Staples Center, et même de jouer. Leur précédent et seul passage à la télévision avait eu lieu à cette occasion en 2008, en compagnie du rappeur Kanye West pour son hit Stronger, bâti sur un sample de leur titre Harder, Better, Stronger, Faster, qui lui-même échantillonnait un obscur funk des années 1970.

Daft Punk rafle dans la soirée tous les gramophones dorés possibles : ceux pour la performance pop en duo ou en groupe, l’album de dance électronique, et surtout l’enregistrement et l’album de l’année. Comme si cela ne suffisait pas, un cinquième prix récompense les ingénieurs du son de Random Access Memories. Seuls le chef d’orchestre Pierre Boulez (vingt-six trophées), le groupe vocal parisien The Swingle Singers et le compositeur Michel Legrand avaient fait au moins aussi bien aux Grammy Awards, mais jamais en une même édition. Et, parmi eux, seul Legrand a pu occasionnellement concourir dans des catégories convoitées par les superstars américaines et britanniques de la musique populaire.

Retransmis par la chaîne CBS (C pour Columbia), le programme est un moment de gloire pour Columbia Records, qui vient de recruter Pharrell Williams. Après Get Lucky, sa chanson soul Happys’annonce déjà comme le grand succès de 2014. Lui et Nile Rodgers entourent Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, qui ne cesseront de se lever et de s’enlacer, sans piper mot. Pharrell Williams s’improvise porte-parole : « Je parie que la France est très fière de ces gars maintenant. » Un autre Williams, Paul, connu pour sa musique et son rôle dans le film de Brian De Palma Phantom of the Paradise(1974), se charge à son tour des remerciements pour le Grammy album de l’année, reçu des mains de Yoko Ono.

Le raout est interminable et le parterre clairsemé quand Pharrell Williams, Nile Rodgers et un invité de luxe, Stevie Wonder, prennent la scène .Le néon rouge « Recording »est allumé et Get Luckyjoué dans un studio reconstitué. Daft Punk est invisible jusqu’à ce qu’un volet découvre ces envahisseurs de l’espace. Get Lucky mute alors en pot-pourri mêlant à leurs classiques Le Freak, de Chic, et Another Star, de Stevie Wonder. Dans l’assistance, cette communion intergénérationnelle est partagée par Sir Paul McCartney. Le vénérable septuagénaire danse.

Album fédérateur

« Ce disque a séduit deux publics, relève le producteur Daniel Vangarde, père de Thomas Bangalter. Ceux qui, comme moi, ont vécu le disco, et sont devenus des décideurs dans l’industrie de la musique. Et puis les jeunes, qui ont aimé entendre de grands musiciens de studio. »De fait, peu d’albums ont été aussi fédérateurs : la promotion n’a cessé de stimuler la curiosité des milléniaux avec des références musicales orientées vers la nostalgie des baby-boomeurs.

« Ils se sont imposés sur le marché américain avec un disque en hommage à la musique américaine », relève de son côté Rob Stringer. Cette singularité ne perturbe pas les cocoricos dont bruisse déjà Paris. « La France est fière de vous ! », tweete le premier ministre Jean-Marc Ayrault. La ministre de la culture Aurélie Filippetti salue « l’opus qui électrise la planète »et cette « French touch appréciée du monde entier ». Mais l’élan cocardier est rapidement douché par l’absence des héros aux Victoires de la musique, le 14 février. Daft Punk a refusé toute nomination. Les relations sont exécrables avec France 2 qui, à dix-neuf reprises, a utilisé et modifié des extraits de trois titres sans leur consentement. Procès en 1997 et 1998. La chaîne pensait être couverte par la somme qu’elle verse chaque année à la Sacem. Sauf que Daft Punk est inscrit à la Performing Right Society britannique.

« On ne se revendique pas comme un groupe français, spécifiait le duo, en mars 2001, dans un entretien au magazine Perso. La scène électronique a montré qu’il y avait une internationalisation, et, en même temps, on aime la langue anglaise, au niveau de l’esthétique et de ce qu’elle peut véhiculer. » On n’entendra pas Get Lucky au Zénith de Paris. Mais son air joyeux a retenti une semaine plus tôt lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, en Russie, adopté par un des deux ensembles qui perpétuent l’héritage des Chœurs de l’Armée rouge. La musique de Daft Punk résonne de la Californie au Caucase.

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