Je suis infirmier au Samu Social

Salut graine de champion ! Depuis février j’ai intégré un tout nouveau service de Samu social. J’ai pu donc avec mon équipe construire de AZ nos outils, partenariats, projets etc.

Alors c’est quoi le samu social ? C’est avant tout une équipe de professionnelle. Aujourd’hui nous sommes 4 (2 travailleurs sociaux et 2 infirmiers) qui maraude tous les soirs de la semaine sauf dimanche. Partant à la rencontre des « grands exclus », nos missions se sont avant tout de créer un lien avec ce publique, de leur proposer avec leur accord de faire un diagnostique social et sanitaire. A partir de là, on leur propose des accueils de jours, des structures de soins, un suivi avec un service social qui correspond à leur parcours, leurs besoins. On est aussi amené à faire des soins (très basique, c’est surtout de la bobologie), a faire de la prévention (on dispose de stéribox, roule ta paille), on distribue des couvertures, vêtements et des boissons chaudes (qui nous sert principalement comme outils a la création d’un lien avec la personne)

Le fonctionnement de nos maraudes suit plus ou moins en 3 points (toujours avec l’accorde la personne) :
• Par signalement du 115. Le 115 c’est un service de l’état qui centralise les demandes des personnes. Dans ma ville, quand vous contactez ce numéro, on vous propose de vous mettre sur une liste d’attente pour trouver un hébergement d’urgence, une mise à l’abri pour une nuit et faire une demande de maraude (alimentaire, sanitaire, social).
Tous les soirs, on reçoit un appel du 115 qui nous donne la liste des personnes qui souhaitent nous rencontrer.
• Par signalement de partenaire. En gros soit des accueils de jour, soit d’autres structures de maraude qui pensent qu’il serait intéressant de rencontre la personne.
• Et enfin en exploration. On se balade en camion à la recherche de personne.

A ce jour, nous n’avons pas encore de lieu de mise à l’abri (a notre grand désarroi) sauf une mise à l’abri réservé uniquement pour les femmes et les enfants. C’est un lieu qui n’appartient pas à notre association.
Donc c’est un « combat » de notre direction avec l’état pour un jour ouvrir des places de mise à l’abri inconditionnelle durant quelques jours. Mais la joie de la politique fait que c’est long et laborieux.

Notre seule « « force » actuelle de notre maraude c’est de rédiger des alertes en fonction des vulnérabilités des personnes que nous rencontrons à la rue. Chaque semaine, nous sommes en contact avec la DDETS (Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités), afin de leur communiquer ses alertes. Et une fois par mois, on assiste à une réunion avec le 115 et une grande partie des acteurs de la rue dans le but de faire un bilan des conditions actuelles des gens à la rue.

De mon point de vue, depuis ma prise de poste, c’est que c’est la merde. Que cela soit au niveau politique, moins ils en font, mieux ils se portent, c’est long, ne donnent pas de solution. J’ai surtout le sentiment de pisser dans un violon quand on fait remonter nos alertes. Mais je garde espoir qu’un jour ils se bougent le cul.
Que cela soit au niveau des hébergeurs, ben y’a pas de place, certains lieux accueillent les gens dans des conditions inadaptées (lieux insalubres, marchant de sommeil, accompagnement social inexistant ou/et surchargé, accueil inconditionnelle qui ne l’ai pas vraiment, hébergement inadapté (si tu PMR, toxico, trouble psy, c’est mort, reste à la rue)

Concernant le 115, ils cumulent les alertes, les DAHO sans aucune possibilité d’abriter et de prendre en charge les personnes, au point que le nombre d’alerte est tellement important que ça n’en devient plus une alerte.

Sinon ça reste un métier passionnant, partir dans la rue, à la rencontre des gens, découvrir autant de personnes avec des histoires de vie si différentes, des parcours de vie qui mériteraient d’écrire des livres, c’est un taf enrichissant.

Mais faut pas oublier que souvent quand tu rentres chez toi, tu es envahi d’un sentiment de colère, d’impuissance et d’incompréhension. J’ai la chance d’avoir une équipe au top, avec qui on peut relâcher la pression, se remettre en question, essayer de trouver des solutions. Ça reste pour moi, mon filet de sécurité avec ses limites mais ce n’est pas à négliger.

Voila, j’espère que ce que j'ai écris est assez claire, navré pour les fautes, et n'hésitez pas si vous avez des questions.

Je suis infirmier au Samu Social
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anonyme
anonyme
2 ans

Commentaire "à la brancobilly", pour qu'il puisse s'abstenir de commenter:

"Tu bosses en association, encore pire qu'un fonctionnaire quoi !
Et tu aides les pauvres en plus. Bravo, c'est à cause de toi qu'on est grand-remplacés par tous ces petits juifs-algériens-assistés-qui-ressemblent-à-Gargamel...."

Bon, sans rire: Merci pour ton taf, il est nécessaire, vraiment utile et humain.

Drazin
Drazin
2 ans

@newfagvIHPAfDT2: je lui répondrai que je leur pisse dessus a ces fdp, ça leur tiendra chaud durant la nuit !

Mise à part, merci beaucoup. C'est pas évident tout les jours mais on s'accroche.

Jimbolamouche

Y'en a marre ! Marre! Des pooooovreuuuu!

Plus sérieusement, tu crois pas que ton genre de poste est créé pour qu'au dessus, ils se donnent bonne conscience ?

Drazin
Drazin
2 ans

@Jimbolamouche: Alors a la base c'est un appel à projet qui était tenu par la Croix rouge durant 2-3ans. Le soucis c'est que dans leur équipe y avait que 2 pro, le reste des bénévoles. Donc très peu de moyen et avec des bénévoles, le fait de dire "mais ils dorment dehors les pauvres" ben ça avancé a pas grande chose. Du coup mon assoc a pris le relai.
Alors j'ai envie de te dire que oui, c'est pour se donner bonne conscience, mais sans ça, même les petites choses ne verrait pas le jour. Donc, pas le choix, on doit composer avec.

Drazin
Drazin
2 ans

TL : DR : je suis infirmier au Samu social, je vais à la rencontre des « grands exclus », leur propose des orientations en fonction de leur besoin, je distribue des petites choses, appuie leur demande d’hébergement, rédige des alertes les concernant afin d’accélérer leur demande.
La vie à la rue c’est compliqué, nos politiques s’en branlent royalement, y’a pas de place pour les gens, ils attendent des mois et des mois avant qu’on puisse leur proposer une mise à l’abri. Et winter is coming.

TontonEd
TontonEd
2 ans

En te lisant j'ai l'impression que le plus difficile à gérer, ce ne sont pas les personnes en grandes difficultés (avec peut-être des problèmes de drogues ou et mentaux ....) mais plus les problèmes de suivi par les organismes sociaux qui dépendent de politiques. Est-ce ton sentiment aussi ?

Drazin
Drazin
2 ans

@TontonEd: c'est un ensemble des 2. Y a des gens, ca a beau être les plus adorable du monde, y a des gens qui leur chie dessus constamment. Tu en as qui ont eu alors c'est pas le mot mais pas de chance dans leur vie, ils enchaînent les merdes. Ils pourraient s'en sortir mais les réponses derrières sont pas adaptés. C'est une sorte de cercle vicieux.
Il reste des adj indépendantes de l'État qui fonctionnent bien, mais elles reste limitées dans leurs possibilités d'actions.

Godela
Godela
2 ans

J'en ai fait en journée pour porter le café aux sdf de la ville pas loin de chez moi, c'est une expérience unique. Et la colère est légitime.

Drazin
Drazin
2 ans

@Godela: oui malheureusement, le système te bloque rapidement.
Mais déjà rien que le fait d'avoir fait ça, tu donnes un coup de pouce au gens, même si ça paraît que dalle, c'est déjà beaucoup.

WoAw
WoAw
2 ans

Ta plus belle histoire ?
Et si t'en a la force, la pire ?

Drazin
Drazin
2 ans

@WoAw: Alors belle histoire c'est compliqué, c'est surtout contextuel donc je galerai a la narrer. Mais après y a pleins de petites victoires quand les gens rentrent en hébergement, arrive à s'en sortir (taf, droit admi, logement...)

Pour la pire, la actuellement on suit une femme medicamentée, plusieurs TS, plusieurs refus d'hospitalisation psy malgré le fait qu'elle le demande, refusée des mises à l'abri car comportement inadapté. Donc aucune solution aujourd'hui...
Après on avait accompagné un jeune mineur venu de l'étranger seul, donc tu imagines le parcours. Arrivé sur place, il est allé chez les flics : "ben vous faîtes pas mineur, on vous emmènera pas dans un lieu d'accueil pour mineur, merci, au-revoir". Donc a la rue sans rien. On avait perdu de vue depuis plusieurs semaines, et y a pas longtemps, il a enfin décroché son tel. Sur la capital, pris en charge, donc "bonne nouvelle".

WoAw
WoAw
2 ans

@Drazin: merci pour les réponses et pour le travail que tu fais !

petitechaise

je trouve ça énorme ce que tu fais
j’ai vu des gens usés par le social
je te souhaite du courage
j’ai soufflé du nez sur le « mis en liste d’attente pour un hébergement d’urgence » !

Drazin
Drazin
2 ans

@petitechaise: ouai, je le remarque depuis plusieurs mois, ça pèse beaucoup sur la santé psychique. Je veux au moins faire 1 an, après je verrai.

Tads
Tads
2 ans

Tu es dans quelle ville ? ( si tu peux le dire )

Drazin
Drazin
2 ans

@Tads: Désolé, au cas où, je vais éviter de dire où je suis. Après si on cherche bien, j'ai dû dire a un moment où j'habite.

ZiSs
ZiSs
2 ans

@Tads: Sur l'image, au 3ème plan, l'utilitaire est estampillé " Allo Mairie 0810 813 813. Une recherche google plus tard, j'en déduis que votre homme se situ à Marseille.

Amok
Amok
2 ans

@ZiSs: Dommage que t'en ais pas profité pour voir que c'était pas une photo prise par OP.

Drazin
Drazin
2 ans

@ZiSs: bien tenté mais oui, c'est pas notre camion.

Mustaphary

J'ai fait 3 ans de maraudes avec la Croix-Rouge et aujourd'hui je suis infirmier. Ton poste, même s'il est pas facile, j'adorerais le prendre mais je sais qu'il est rare et très demandé. Donc profites en, ça doit être une sacrée expérience!!

Drazin
Drazin
2 ans

@Mustaphary: ah le boulot d'infirmier dans le social c'est des places rares et chères. Après je vais pas te le cacher. En ce moment, j'ai le sentiment d'avoir beaucoup perdu, que cela soit dans la pratique, que dans la théorie. Tu fais beaucoup dans le social, tu apprends énormément sur l'accès au droit etc.. mais pratique infirmier c'est pas le must. Après ça dépend peut être des villes où tu te trouves.

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