Stanislas blanchi, les-inspecteurs confirment sous serment l'intervention de la numéro deux du ministère

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Mayalebourdon

Devant la commission parlementaire consacrée aux violences à l’école, quatre membres de l’inspection générale ont reconnu que Caroline Pascal, directrice générale de l’enseignement scolaire, était bien intervenue pour réécrire la lettre concluant le rapport sur le prestigieux établissement catholique.

C’est bien la cheffe de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) d’alors, Caroline Pascal, qui a réécrit la lettre de transmission du rapport sur Stanislas, rendue au ministre de l’époque, Gabriel Attal. Caroline Pascal est aujourd’hui directrice générale de l’enseignement scolaire, soit la numéro deux du ministère de l’éducation nationale.

Une modification jugée « totalement étrangère » au contenu du rapport très sévère qu’ils ont rédigé en 2023 sur le prestigieux établissement scolaire catholique parisien par au moins trois inspecteurs et inspectrices sur les quatre mandaté·es pour cette mission. Ils et elles ont été auditionné·es mercredi 21 mai 2025, sous serment, devant la commission d’enquête parlementaire post-Bétharram.

En juin 2022, Mediapart publie une enquête sur Stanislas et son univers sexiste, autoritaire et homophobe. Un rapport de l’inspection générale, que le gouvernement a d’abord voulu cacher, confirmait largement nos révélations. Ce document de trente pages montre notamment que l’établissement ne respecte pas la loi, en obligeant tous ses élèves à suivre une heure hebdomadaire de catéchèse. Et que dans ces cours, des intervenant·es tiennent des propos homophobes, anti-avortement, font la promotion des thérapies de conversion et demandent à « pardonner aux violeurs ».

Mais la lettre de transmission accompagnant ce rapport et transmise au ministre concluait tout l’inverse : « Au terme de la mission, l’équipe ne confirme pas les faits d’homophobie, de sexisme et d’autoritarisme mis en avant par la presse à partir de témoignages anciens, sauf éventuellement à remonter à une époque antérieure à l’actuelle direction et pour laquelle la mission n’a, au demeurant, recueilli aucun témoignage à charge. »

C’est cette conclusion qui sera ensuite utilisée sans relâche par le diocèse de Paris, la direction de l’enseignement catholique, le directeur de Stanislas Frédéric Gautier, et même Caroline Pascal et la ministre de l’éducation d’alors, Amélie Oudéa-Castéra, pour discréditer nos révélations.

Un ajout « très grave »
« Ce paragraphe, je le dis sous serment, je ne l’aurais pas accepté, je suis très claire », a expliqué Françoise Boutet-Waïss, inspectrice générale de l’éducation, du sport et de la recherche, devant la commission d’enquête parlementaire qui l’interrogeait sur le sujet mercredi 21 mai.

« J’endosse le rapport mais je n’endosse pas la lettre de transmission », a également affirmé sa collègue, Annie Dyckmans-Rozinski, considérant que ce paragraphe « discrédit[ait] l’inspection générale ». « La chose qui consiste à renvoyer au passé, c’est le discours de la direction. Nous avons enquêté au présent, a-t-elle ajouté. Il est écrit “l’équipe”. C’est mon intégrité professionnelle qui a été remise en cause et c’est très grave. »

Sur une position différente de celle de ses deux collègues, Roger Vrand, l’un des quatre inspecteurs choisi comme pilote de la mission, confirme l’intervention de sa supérieure, mais refuse d’y voir une quelconque dissimulation : « Caroline Pascal a voulu répondre à la saisine du ministre faite à l’inspection générale, aux accusations très graves de Mediapart. C’est uniquement dans ce sens qu’il y a eu cet ajout ! »

Son collègue Patrick Allal, l’inspecteur référent de la mission, ne voit lui non plus aucune malice dans cet ajout de dernière minute : « Un rapport ne peut être modifié sans l’accord des inspecteurs. La lettre de transmission c’est autre chose, c’est une prérogative de la cheffe de service [Caroline Pascal]. »

De quoi faire sortir la présidente de la commission parlementaire, la socialiste Fatiha Keloua-Hachi, de ses gonds : « La lettre de transmission est un outil politique, c’est la seule chose que lit le ministre ! Et Amélie Oudéa-Castéra [ministre ayant succédé à Gabriel Attal – ndlr] l’a utilisée, le diocèse de Paris l’a utilisée [pour défendre Stanislas]. Et non, la lettre de transmission n’est pas fidèle au rapport, vous ne pouvez l’affirmer ! »

Elle est rejointe par le corapporteur insoumis Paul Vannier : « Ce dernier paragraphe qui n’est écrit par aucun membre de la mission, ajouté par Caroline Pascal, c’est un paragraphe décisif car il blanchit l’établissement, au nom des inspecteurs… C’est donc la responsabilité de Caroline Pascal qui est posée », assène le député insoumis.


Trois inspecteurs veulent immédiatement déclencher un article 40, un signalement auprès du procureur auquel est tenu un fonctionnaire lorsqu’il prend connaissance d’un crime ou d’un délit. Mais là encore, le sujet ne fait pas consensus, le pilote et le référent craignant que cela ne fragilise leur travail, ces propos graves n’ayant pas été tenus en cours, mais dans le cadre du catéchisme.

« Il n’y a pas eu de censure, assure Roger Vrand. J’ai suspendu mon jugement pour que ce soit discuté en réunion. Cela va être difficile de faire entendre mon souci de rigueur juridique après ce qui vient d’être dit, j’en suis conscient... »

Plus loin, l’inspecteur revient sur cette question des limites du contrôle, avec l’épineuse question du respect du « caractère propre » des établissements privés sous contrat. « Est-ce que c’est normal dans le cadre des cours de dire que l’IVG est une solution et dans le cadre de la pastorale, de dire que l’IVG c’est très mal ? C’est toutes les contradictions de la loi Debré », qui encadre la relation entre l’État et le privé sous contrat, s’interroge-t-il.

Finalement, un article 40 a bel et bien été déclenché. « C’est même moi qui, comme pilote, ai rédigé la lettre au procureur, se défend Roger Vrand. Et la mention de cet article 40 a été incluse dans le rapport. »

Une des deux inspectrices rappelle aussi le contexte de cette enquête sur Stanislas, et la « terreur » de certains témoins. « Nous avons par exemple reçu un témoignage d’un salarié, tellement terrorisé qu’il nous a écrit sous pseudo pour s’assurer que ses propos ne seraient pas rapportés, explique Annie Dyckmans-Rozinski. Lui dénonçait des propos d’homophobie graves. Est-ce que nous prenions la responsabilité de mettre cette personne en difficulté en l’écrivant ? Ce sont des cas de conscience. »

Des contrôles sans effet
Malgré le rapport accablant médiatisé en 2023, le lycée Stanislas refuse toujours de suivre les recommandations des inspecteurs. La commission d’enquête a révélé mercredi que deux contrôles récents ont pointé de graves dysfonctionnements.

En mars 2024, un rapport de suivi constate que les programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle, pourtant obligatoires, ne sont toujours « pas respectés ». En seconde, les séances « ne sont pas suffisamment développées ». Et pour les classes de première et terminale, le contenu des heures n’a pas été « présenté » aux inspecteurs.

Lors d’un deuxième contrôle effectué le 17 mai 2024 sur deux classes de cinquième, les inspecteurs ont relevé que les cours d'éducation à la sexualité étaient « insuffisants et non conformes au programme ». Plus grave encore, ils ont constaté qu’une heure « d’instruction religieuse » était toujours imposée à tous les élèves du lycée Stanislas, ce qui relève d’une atteinte à la liberté de conscience et constituait un point clé du rapport. Ils ont dénoncé plusieurs autres dérives :

- absence de « message de prévention » auprès des élèves,
- absence de « mise à disposition de préservatifs », pas même à l’infirmerie,
- « stéréotypes de genre entretenus »,
- « des contenus scientifiques approximatifs et inappropriés ».

Interrogée sur ces nouvelles dérives, Élisabeth Borne a refusé d’évoquer la suspension du contrat d’association. « Aujourd’hui, je pense que 10 % des élèves bénéficient des cours d’éducation à la vie affective et sexuelle », à l’échelle nationale, a-t-elle minimisé en promettant qu’ils seront assurés dans tous les établissements à partir de la prochaine rentrée.

Sur les autres manquements, la ministre s’en remet à un prochain contrôle de l’établissement prévu le 28 mai. « Je ne suis pas en mesure de me prononcer sur l’état des recommandations et des mises en demeure », balaye-t-elle ensuite.

À la fin de son audition mercredi, Françoise Boutet-Waïss a déploré la nomination du nouveau directeur de Stanislas, déjà responsable sous l’ère de l’ancien directeur Daniel Chapellier, accusé d’avoir agressé sexuellement un élève de 14 ans et jugé mercredi à Nanterre. « L’esprit Stan’ a de beaux jours devant lui, a regretté l’inspectrice. On peut faire tous les contrôles que vous voulez. Stan ne bougera jamais. C’est un peu désespérant. »

anonyme
anonyme
6 mois

Comment cet établissement peut-il être encore ouvert..?

Globoso
Globoso
6 mois

Y'a le bon et le mauvais établissement privé religieux sous contrat.

dobbey
dobbey
6 mois
two men standing next to each other with the words " bijou mission vincent " on the bottom
Tete2Fiak
Tete2Fiak
6 mois

Des oies blanches qu'on vous dit

dobbey
dobbey
6 mois

On le sent bien le débat pluraliste des gens qui n'ont aucune prétention à gouverner l'ensemble de la société dans un cadre démocratique

The_Doc
The_Doc
6 mois

Vite vite médiapart! détournons l'attention de ce rapport sur les frères musulmans dans nos écoles en France en sortant un vieux article bidon sur une école d'excellence, vite, vite !

Globoso
Globoso
6 mois

Alors en fait cet article fait part de l'ensemble de la commission d'enquête par l'assemblée nationale suite à l'affaire Bétharam ; ainsi qu'aux révélation sur l'école Stanislas après l'affaire Oudéa CCastéra; qui date donc d'il y'a quelques mois. Du coup c'est juste une retranscription d'une audition réalisé par une comission d'enquête de l'assemblée nationale. Pas un "article bidon"

Le rapport sur les frère musulmans sort aujourd'hui et mystérieusement dans les médias alors qu'il devait rester confidentiel.

Vu la chronologie et la méthodologie, si on voulais détourner l'attention, c'est plutôt le rapport des frères musulmans qui tente une grossière diversion.

a player with the number 23 on their jersey
anonyme
anonyme
6 mois

Bien vu !

Mayalebourdon

Une "école d'excellence" qui est dans le viseur depuis maintenant 3 ans et qui, miraculeusement, ministre après ministre, échappe a toute sanction... Je pourrais me laisser tenter de faire un parallèle avec le lycée Averroès qui a perdu son contrat avec l'Etat pour moins que ça (avant que la justice ne casse la décision du ministère il y a quelques semaines après enquête et rapport qui, EUX, n'ont pas été déformés par les hauts gradés du ministère).

Mayalebourdon

Rapport que l'Elysée a décidé de garder et présenter lui même au grand dam de Retailleau qui voulait le faire et ... Pouf c'est sorti dans le Figaro quelques jours après alors qu'en effet il ne devait sortir publiquement que plus tard.

Je n'ai pas lu les 75 pages du rapport (qu'on peut trouver en ligne paraît-il) mais en plus, l'instrumentalisation qu'en fait Retailleau avec force de "charia" et "d'instauration du califat" alors que le rapport n'évoque jamais cela est risible. Ce mec drague à l'extrême droite en vue des élections et il ne s'en cache même pas.

On pourrait aussi souligner le fait que le rapport a été réalisé en partenariat avec les Emirats, qui font la chasse aux FM et veulent les faire disparaître (comme l'Arabie Saoudite), quand l'un des grands amis de la France, aka le Qatar, les soutient.

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