Le quatuor des pépés badass.

J'en avais un peu parlé dans cette box https://choualbox.com/vZ4OH il y a quelques temps, et je me décide aujourd'hui à vous raconter à quel point, nous tous, on est vraiment une série de générations de chiotte.

A la base je voulais vous parler de mes 4 arrière-grands-parents, mais je me rends compte qu'il y en a 3 dont je ne connais pas grand chose de leur passé. Exit donc le pépé qui a travaillé des années dans une mine de charbon à en cracher des résidus noirs de ses poumons et qui a combattu en 39-40 sur la ligne Maginot avant de se faire capturer et de travailler dans une ferme allemande pour le restant de la guerre. Exit le pépé qui faisait parti de la 2ème Division Blindée (celle ayant libéré Paris) et qui avait reçu une édition française de Mein Kampf par Leclerc, avec l'idée du "Connais ton ennemi avant de lui niquer sa mère", livre qui est d'ailleurs toujours dans la famille en tant qu'héritage, bien qu'il ai pris cher avec le temps. Exit aussi le pépé que je n'ai quasiment jamais connu, la seule chose qu'on m'ai dit sur lui étant qu'il était résistant.

Nan, aujourd'hui, je vais vous parler du seul que j'ai vraiment connu. Il est mort il y a quelques années, paisiblement, auprès de sa femme et pas loin de ses enfants, alors qu'il refusait depuis des années d'aller dans une maison de retraite, et qu'il s'occupait de sa femme pour lui éviter d'y aller.

Je vais vous parler d'un pépé rempli d'énergie jusqu'à la fin de ses jours, qui adorait jouer aux cartes avec sa famille, racontait les histoires de sa vie et promener le petit gamin que j'étais et faisait le tour de son immense propriété sur l'un de ses tracteur et en faisant des balades de plusieurs heures sur son étang (putain maintenant que j'y pense, il en avait un étang immense)

Aujourd’hui, je vais vous conter l'histoire de Pépé Tracteur.

Bon déjà Pépé Tracteur, c'était un gars qui avait décidé de rester badass jusqu'à la fin de sa vie. Quand il lui arrivait des trucs de ouf, il se démerdait pour que ça reste. Il m'avait déjà dit que son étant avait débordé de plus de 20 mètres et que toute sa propriété était inondée. Moi, bonne poire, j'imaginait que le garage de sa maison était rempli de flotte. QUE NENI ! Il avait fait faire un tableau à l'époque qu'il accrochait dans son salon : il avait une maison avec 2 étages, le pépé. Et pour rentrer, tu prenais soit l'escalier pour monter directement au premier étage, ou tu passais par le garage. Sur ce putain de tableau, l'eau arrivait jusqu'au deuxième étage. Il me racontait qu'ils étaient bloqué à l'intérieur pendant les quelques jours qu'a duré l'inondation, et qu'il restait au deuxième étage tout du long.

Il aimait aussi me raconter qu'il donnait régulièrement du pain aux canards de son étang ainsi qu'aux corbeaux qui traînaient. Il me disait en rigolant qu'à chaque fois qu'il partait quelques jours de chez lui, il retrouvait plein de conneries dans son jardins, des babioles à la con que les corbeaux lui avaient ramené pour avoir de nouveau à bouffer. Il en gardait même quelques uns dans une boîte à chaussure.

Mais bref, ce que nous intéresse avec Pépé Tracteur, c'est pas sa vie quand il était vieux. C'est sa vie quand il était jeune. A l'époque où un petit moustachu était venu nous casser les couilles pendant 5 ans.
A l'époque, Pépé avait l'âge pour le service militaire. Mais bien sûr, ces connards de boches pouvaient bien aller se faire foutre, donc il n'y ai pas allé. Du coup, il devait accomplir son STO (Service du Travail Obligatoire). En gros on t'envoyait en Allemagne et tu trimais comme un bâtard. Et là, il a dit également qu'ils pouvaient tous aller se faire foutre. Du coup à partir de se moment, Pépé était recherché par la police française et allemande.
Pour rappel à l'époque, on fonctionnait au ticket de rationnement. Tu voulais manger, il te fallait tes tickets. Sachant que ceux ayant des tickets étaient à la limite parfois de crever de faim, je vous laisse facilement deviner que quand vous êtes recherché par la police française et allemande, vous n'avez PAS de ticket. Du coup vu que Pépé détestait les boches et qu'il voulais tout de même manger parce que quand même faut pas déconner, il a rejoint la Résistance.

Avant la guerre, il était croque-mort. J'ai d'ailleurs une famille de croque-morts depuis 3 générations, bientôt 4 quand mon cousin aura l'âge de bosser. Et à l'époque, avoir un mec qui transporte des cercueils, c'était foutrement pratique. Déjà parce que ça permet de faire passer un peu tout ce que tu veux en douce, mais surtout parce que c'est le meilleur moyen de te débarrasser d'un cadavre de boche. Mon Pépé était du genre à savoir en un seul coup d’œil quel genre de cercueil il fallait pour tel ou tel gars, sachant que le plupart du temps, le mec n'était pas encore mort, bien sûr. Du coup ça magouillait, trafiquait et sauvait des gens de la déportation à plein temps. Mais ça, s'était au début de la guerre.

A la fin de la guerre, vous le savez sans doute, les allemands se chiaient dessus. Les américains arrivaient de Normandie, et ils avaient que deux idées en tête : buter du schleuh et violer de la française (ouais la seconde partie, on en parle pas assez dans les manuels d'histoire). Du coup, il fallait se barrer en Allemagne viteuf pour commencer à s'organiser (et à préparer la bataille des Ardennes, mais bon je vais pas vous faire un cours d'histoire). Le pépé me racontait que les boches avaient un moyen de transport assez artisanale et assez marrant : ils prenaient une camionnette, une grande corde y étant attachée, et on y liait le plus de vélos possible pour mettre de l'allemand dessus. Comme ça avec une seule camionnette, tu transportais 50 soldats très rapidement.
Un soir, un gars arrive et raconte aux résistants qu'une cinquantaine d'allemands viennent de s’arrêter dans une de ses granges pour s'y reposer. Ni une ni deux, tous les résistants qui étaient ont pris leurs armes et y sont allés. C'est à dire 3 mecs. ouais à l'époque ils s'en battaient les couilles, 3vs50 c'était easy, ils avaient pas peur les enfoirés, et ils avaient des couilles 200 fois plus lourdes que les vôtres.
Ils entrent donc tous les 3 dans la grande, avec une MP40, un fusil à verrou et un fusil-mitrailleur. Il se mettent en autour sur des ballots de paille, et leur gueule de se rendre ou ils leur nique leurs mères. Après quelques instants, tous les allemands sont debout, certains balancent des petits pets de stress façon choucroute. Seulement voilà, le nazi est têtu. Et un nazi, y'en avait justement un à leur tête. Du genre à dire en allemand à ses hommes "A mon signal, vous vous jetez sur vos armes et vous les tuez.", pensant que ces connards de français sont trop cons pour s'en rendre compte. Sauf que parmi ces connards de français, y'avait mon Pépé. Pépé qui avait appris à parler couramment l'allemand, suite aux conseils de son propre père ayant combattu dans la Grande Guerre. Et bien sûr, le Pépé, vu que c'était lui le plus badass, c'était lui qui tenait le fusil-mitrailleur. Du coup, ni une ni deux, il te lâche une salve DE BÂTARD au dessus de la gueule des schleuhs, avant de leur dire calmement "Le premier qui se baisse, il s'en prend une dans le gosier."
Le lendemain matin, 3 résistants livraient 50 soldats allemands.

Bon voilà, c'est à peu près tout. Je suis sûr qu'il y en a encore une chiée à raconter sur lui, il faudrait que je demande à mon grand-père de m'en dire à peu plus à l'avenir. Mais la morale de l'histoire, les enfants : on êtes tous des putains de tapettes par rapport à nos aînés.