L'Impérialisme Américain en Amérique Latine 2/4

DICTATURE HONDURIENNE

Dès 1899, l'industrie de la banane connut une croissance importante au Honduras. En 1902, un chemin de fer fut construit pour développer l'industrie bananière, notamment la multinationale américaine United Fruit Company. Manuel Bonilla devint président en 1903, renversant le général Terencio Sierra. Il s'avéra être encore plus proche des compagnies bananières que Sierra. Ces sociétés furent exemptées de taxes et eurent la permission de construire des routes.
Bonilla était un conservateur qui opprimait les libéraux à travers le pays, ce qui fit augmenter les tensions avec le président voisin, le nicaraguayen Zelaya. Ce dernier soutint les libéraux honduriens exilés à renverser Bonilla, qui s'était établi comme dictateur, en 1907. Le général Miguel Davila prit la tête du pays. Bonilla s'enfuit grâce aux États-Unis.
Davila s'unit donc avec Zelaya pour contrer l'expansionnisme américain en Amérique centrale. Les États-Unis financèrent les opposants conservateurs, avec à leur tête le dictateur déchu Bonilla. Ce dernier renversa le gouvernement en 1911 et réinstaura un gouvernement pro-américain au Honduras.

COUP D'ETAT AU NICARAGUA

En 1909, le président libéral nicaraguayen Zelaya fit face à une révolte de conservateurs, menés par Estrada et soutenue par les États-Unis. Deux américains furent arrêtés en train de poser des mines pour les rebelles et furent exécutés. À partir de là, les forces navales américaines se mirent en position et firent pression sur Zelaya, le poussant à démissionner. Ce dernier ne le fit pas mais nomma quand même un successeur, Madriz, en décembre 1909.
La rébellion d'Estrada était faible, les conservateurs étant minoritaires dans le pays et le peuple soutenait Madriz et Zelaya. Pour autant, les USA continuèrent d'appuyer les conservateurs. Le 27 mai 1910, 250 marines arrivèrent au Nicaragua, tandis que le Secrétaire d’État américain Knox condamnait les actions de Zelaya et faisait l'apologie d'Estrada. Face à la menace, Zelaya est contraint de s'exiler, puis Madriz démissionna en août 1910. Estrada devint alors président du Nicaragua, avec le soutien des États-Unis.
Estrada permit aux USA de pratiquer la « diplomatie du dollar », ce qui aboutit en juin 1911 au traité Knox-Castillo, permettant aux banques américaines de contrôler la banque nationale et les douanes. Les investissements américaines grimpèrent : mines, chemin de fer, transport, électricité. Le but étant de contrer les intérêts financiers européens.
Le peuple gronda. En 1912 Estrada dut laisser sa place à son vice président, Diaz. Conservateur comme son prédécesseur, Diaz est tout aussi impopulaire. Débuta alors en juillet 1912 une guerre civile. Le régime est maintenu grâce à l'envoie de troupes américaines, puis des élections supervisées par les États-Unis sont effectuées en janvier 1913. Diaz est réélu pour 4 ans, après des votes biaisés. En retour, les USA obtinrent le traité Bryan-Chamorro, qui permet la présence de troupes américaines au Nicaragua, l'obtention de portions de territoires et de bases navales, le tout contre la réduction de la dette envers les États-Unis de 3 millions de $.

OCCUPATION D'HAITI

Haïti, au début du XX siècle, était sous influence de l'Empire Allemand, qui cherchait à étendre son influence en Amérique latine. En 1910, il n'y avait que 200 allemands dans le pays mais ces derniers contrôlaient 80% du commerce international du pays, les investissements dans les services publiques étaient d'ailleurs importants. Sans surprise, l'influence allemande était mal perçue par les États-Unis.
Le pays était assez instable politiquement et de nombreux coup d'États eurent lieu. Certains d'entre eux étaient anti-impérialistes. Ce fut le cas en 1915 quand Rosalvo Bobo, chef révolutionnaire haïtien et proche des allemands, renversa le dictateur Vilbrun Guillaume Sam.
Le président américain Woodrow Wilson envoya aussitôt le 28 juillet 1915 trois cents trente marines à Port-au-Prince. L'objectif était de protéger les intérêts américains et de réduire l'influence allemande, mais surtout de changer la constitution du pays qui interdisait aux étrangers d'y posséder des terres.
Les États-Unis prirent alors le contrôle du pays, notamment des banques, de la trésorerie national et des douanes. En 1917, une nouvelle constitution fut ratifiée. Celle-ci avait été rédigé par un américain, le Secrétaire adjoint à la Marine, Franklin D. Roosevelt.
Cette fois-ci, les américains purent investirent grandement sur l'île, mais une guérilla anti-américaine poussa les marines à mener des campagnes militaires. L'occupation fut violente et le racisme envers les haïtiens était constant. Avec la fin de la guerre en Europe, les guérilla perdirent le soutien de l'Allemagne, pour autant les États-Unis continuèrent d'occuper l'île jusqu'au retrait des troupes, organisée par Franklin D. Roosevelt lui-même, alors devenu président des États-Unis, en 1934.

OCCUPATION DE LA REPUBLIQUE DOMINICAINE

La République Dominicaine, voisine d'Haïti, connu également l'instabilité politique durant le XIX siècle, depuis son indépendance définitive avec l'Espagne en 1865. On y retrouva deux partis rivaux, avec d'un côté le Partido Rojo, qui prônait l'annexion par une puissance étrangère et le Partido Azul, qui prônait une république indépendante. Avec la guérilla présente à Cuba, l'exportation de sucre et de tabac augmenta ce qui permit un développement des implantations étrangères, notamment américaines.
Au début du XX siècle, le pays était toujours instable. Théodore Roosevelt envoyait donc des bateaux contrôler les côtes. Les rebelles dominicains anti-annexion avaient déjà endommagé une plantation américaine ainsi que deux navires marchands. Des marines furent alors débarqués en novembre 1903, pour une courte durée.
Ce fut dans ce contexte qu'eut lieu la Crise de Saint Domingue, quand des marins américains débarquèrent du USS Yankee à Saint-Domingue le 1er février 1904 et furent pris pour cible par les rebelles. En réponse, les marines prirent un fort dominicain le 11 février 1904.
La République Dominicaine se trouvant au bord de la banqueroute, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Italie envoyèrent des bateaux. Cependant, refusant de voir les européens intervenir sur l'île, Roosevelt nomma un Receiver General en République Dominicaine, ce dernier avait pour mission de retenir 55% des revenus du pays pour payer les dettes étrangères. Ainsi, les États-Unis prirent le contrôle total des finances. Un traité signé en 1907 fit passer le contrôle des paiements douaniers au Bureau des Affaires Insulaires des États-Unis.
L'économie étant contrôlée par les américains, ces derniers investirent grandement dans les industries sucrières et intervinrent dans la politique intérieure, forçant à la démission ceux qui se montraient hostile à la collaboration. Les tensions politiques plongèrent bientôt le pays dans le chaos. En juin 1914, le président Wilson lança alors un ultimatum : le conflit doit cesser et un nouveau président doit être désigné, sinon les USA en imposeront un par la force.
Jimenes est élu et subit immédiatement des pression des Etats-Unis pour la création d'une force militaire sous commandement américain. Le Congrès Dominicain rejeta cette idée. Les États-Unis, qui occupaient Haïti depuis juillet 1915, menacèrent la République Dominicaine. En novembre, ils exigèrent d'obtenir le contrôle de la collecte et des dépenses de l'état, ainsi que remplacer l'armée nationale par une gendarmerie sous contrôle américain. Face à cela, le ministre de la guerre de Jimenes organisa un coup d’État en avril 1916. Excuse parfaite pour les USA pour envahir le pays.
Le 15 mai 1916, les américains débarquèrent à Saint-Domingue. Wilson annonça alors la mise en place d'un gouvernement militaire américain, instaura la loi martiale et plaça les finances et l'administration sous contrôle US. L'occupation souleva de nombreuses critiques au sein même du peuple, qui résista, contesta et se mit en grève. La guérilla fit rage.
Les forces armées évacuèrent le pays en 1924, après s'être assurées que que leurs intérêts n'étaient pas en danger. Peu de temps après, la République Dominicaine tomba sous la dictature pro-américaine de Trujillo, qui restera au pouvoir de 1931 à 1961.

DICTATURE AU NICARAGUA

En 1925, les États-Unis retirèrent leurs troupes du Nicaragua. Un coup d’État eut aussitôt lieu et permit à Diaz de retrouver le pouvoir et de combattre de nouveau les insurgés libéraux, ces derniers étant toujours majoritaires. Face à ce regain d'hostilité contre le régime pro-américain, les États-Unis réoccupèrent le pays dès 1926, mais la guérilla menée par Sandino ne faiblit pas.
Au contraire même, elle s'agrandit, et reçoit des volontaires étrangers, dont Gustavo Machado, futur fondateur du Parti Communiste Vénézuélien, et Augusto Farabundo Marti, grande figure communiste salvadorienne. L'US Marine Corps combattit les rebelles avec violence, mais les exactions américaines contre la population renforça la popularité de Sandino.
Les forces étasuniennes quittèrent le pays en 1933. Voyant les militaires se retirer, Sandino accepta alors de négocier un traité de paix en février 1934. Cependant, juste avant leur départ, les américains créèrent la Garde Nationale, dirigée par Anastasio Somoza Garcia, un pro-US qui, avec l'autorisation des États-Unis via leur ambassadeur Arthur Bliss Lane, assassina Sandino la même année et prit le pouvoir en 1936. Il fit massacrer tous les anciens guérilleros et leur famille, et commença la dynastie Somoza, qui gouvernera le pays pour les décennies suivantes.

L'Impérialisme Américain en Amérique Latine 2/4
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Mezut
Mezut
5 ans

Excellent série de ta part mon ami !

Si le sujet vous intéresse, je vous recommande le livre La Stratégie du choc & Le Capitalisme du Désastre de Naomi Klein.

Assez édifiant.

Zedix
ZedixCharles Darwin
5 ans

@Mezut: Merci!

Seriousmonkey

L'Amérique du Sud : terrain de jeu (morbide) des USA depuis 200 ans.

D'après le journaliste John pilger si le Venezuela élit Guaido cette année ce sera le 68 em état à être renversé par les USA.

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