Eddie Slovik, fusillé pour l'exemple

On a déjà tous entendu parler des 1008 fusillés pour l'exemple français et étrangers de la Première Guerre mondiale, souvent pour avoir refuser d'obéir à des ordres suicidaires, mais il existe un cas à part, beaucoup moins connu :

Edward Donald Slovik, exécuté à 24 ans le 31 janvier 1945 à Sainte-Marie-aux-Mines en France, était un GI de l'US Army durant la Seconde Guerre mondiale, il est le seul soldat américain à avoir été fusillé pour désertion depuis la guerre civile américaine.

Alors que 2 100 soldats américains sont condamnés pour désertion, dont 49 à la peine de mort, seul Slovik est finalement exécuté.

Après avoir été séparé de son groupe pendant six semaines suite à une frappe d'artillerie, puis réaffecté à sa compagnie, Slovik fait une demande par écrit de réaffectation en zone arrière à son chef parce qu'il a trop peur de servir dans une unité d'infanterie. Il lui affirme aussi qu'il n'hésiterait pas à s'enfuir s'il était envoyé de nouveau au combat. C'est ce qui le conduira aux arrêts. Son avocat militaire lui offre alors une dernière occasion de rejoindre son unité sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui. Slovik décline l'offre, en déclarant : « Je me suis décidé. J'irai en cour martiale ».

Contexte de la décision de l'exécution : Alors que les cas de désertion de la 28e Division se multiplient durant les combats de la Forêt de Hürtgen, extrêmement épuisante et coûteuse, certains soldats affirmant qu'ils préféraient être emprisonnés plutôt que de continuer le combat, le commandant de la division Norman Cota, prenant en compte le passé de délinquant de Slovik, décide d'en faire le parfait bouc émissaire. La sentence est confirmée par Eisenhower.

Le jour de l'exécution, Slovik déclare aux soldats chargés de l'amener à l'endroit prévu : « Ils ne me tuent pas parce que j'ai déserté l'US Army, des milliers de gars ont fait ça avant moi. Ils ont seulement besoin de faire un exemple et cela tombe sur moi parce que j'ai été un petit délinquant : ils me font payer le fait que je volais quand j'étais un gamin. Ils me fusillent pour le pain et les chewing-gum que j'ai volés quand j'avais 12 ans. »

Aucune plaque ne signale l'endroit de l'exécution. Slovik est enterré avec 96 autres soldats américains exécutés pour meurtre ou viol.

En 1987, soit quarante-deux ans après sa mort, ses restes sont rapatriés au Michigan pour être enterrés au cimetière de Woodmere à Détroit, auprès de son épouse Antoinette morte quelques années plus tôt, en 1979.

Antoinette Slovik et d'autres avaient demandé leur pardon à sept présidents américains successifs, de Harry Truman à Jimmy Carter, mais sans succès.