Mon pauvre Richard

Richard se gardait bien de parler de son adultère à sa femme Janett. Cependant, il y avait des signes qui ne trompent pas. C'était assez rare, pour un avocat de ramener du travail chez lui, d'autant plus quand le travail était fait de chair. Janett n'était pas dupe. En 30 ans de carrière, son mari ne s'était jamais lié d'amitié pour un client, alors quand il ramena une jeune femme... cela faisait trop de coïncidence.

Il la présenta d'abord comme il devait le faire : une jeune femme, prise à partie pour coup et blessure contre son mari tandis qu'elle tentait en vain de se défendre.Les longues pauses qu'il marquait, alors qu'il cherchait ses mots n'étaient pas naturelles. Lui qui se débrouillait si bien devant le magistrat était bien en peine face à sa femme. C'est que la vieille Janett n'était pas dupe ! Et elle l'aimait son Richard.

Elle proposa à Marie de dîner avec eux, devançant ainsi son mari dans la proposition qu'il aurait fait peu de temps après. La jeune fille accepta avec joie. Elle n'avait de toute façon plus de chez soi depuis la rupture avec son assaillant. Plus de familles non plus. A la mort de ses parents elle n'avait hérité nullement d'un appartement, d'une maison, ou de quelconque argent lui permettant de subvenir à ses besoins. La pauvre pensa Janett, la pauvre... n'hériter que de factures.

Le repas servi, les grâces furent annoncées et le trio pu enfin se délecter. Un repas tout en silence aux cieux, mais bien actif en dessous. C'est que le vieux Richard s'amusait bien à frotter son pied contre le mollet nu de Marie. Et Janett, elle, elle ne se rendait compte de rien ! Les sourires que Marie laissait apercevoir, n'était aperçu qu'après une bouchée de dinde. Laissant croire à Janett qu'elle cuisinait bien. Que nenni ! Richard sortait la plupart du temps après le repas pour manger de nouveau ! Vous me direz sans doute, qu'elle aurait pu se rendre compte de ce qui se tramait sous sa table, puisqu'une table ronde permet à chaque jambe de se retrouver les unes collées aux autres. Mais notre pauvre Janett, ne lui manquait-il pas déjà ces deux gambettes ? C'est certain, dît de cette manière on comprend aisément les défaut culinaire de la vieille dame. Cuisiner le tronc à même le comptoir est une tâche bien compliquée même pour les plus aguerris. [...]