Confessions Infirmes # 21 - 8 pattes vs 4 roues
L'histoire que je vais vous raconter est toute fraîche. J'ai vécu un terrible traumatisme dans la nuit de dimanche à lundi. Le genre d'épreuve que l'on doit endurer de temps en temps, mais qui, pour le coup, était pour moi la plus difficile dans le genre.
Je vais vous expliquer l'épouvantable sensation d'impuissance que l'on ressent quand on est cloué dans un fauteuil face à une araignée aussi large que la paume d'une main. Et j'exagère à peine.
Il est minuit, et je suis claqué. Je m'apprête à rentrer dans ma chambre, pensant déjà à la douce chaleur de ma couette et à un autre petit plaisir, celui du baptême du Tenga Egg que l'on m'a offert lors de ma soirée d'anniversaire ce week-end (autrement dit, j'allais me branler furieusement dans un Kinder Surprise en élastomère).
Seulement, au moment de franchir le seuil, il y a une tâche noire sur le mur d'en face, tout en haut à quelques centimètres du plafond, qui attire mon attention. Mais qu'est-ce que c'est que cette chose ? Est-ce que mon papier peint est déchiré ? Est-ce que c'est une vieille tache d'humidité, ou de moisissures ?
Bordel de pute ! Ça vient de bouger !
Me voilà en tête-à-tête avec une putain d'énorme et immonde araignée noire aussi véloce que je suis lent. La voilà partie comme une balle, et elle commence à se diriger vers moi, mais toujours à la hauteur du plafond, bien inatteignable comme il faut, bien flippante à souhait.
Je ne me suis jamais considéré comme étant arachnophobe, mais là, en toute honnêteté, je suis vraiment en train de me chier dessus. Elle est tout ce qu'il y a de plus dégueulasse, avec son bulbe arrière gros comme un calot et ses longues pattes qui la font aller plus vite qu'une Bugatti Veyron.
En plus de ça, j'ai l'impression que cette salope me trolle : elle fait le tour de la chambre, mais collée au plafond, longeant chaque mur comme si elle marquait son territoire. Pendant un instant, elle arrive presque à portée de bras : c'est le moment d'avoir des couilles et de saisir un livre pour lui écraser sur sa sale gueule pleine de mandibules. Mais bien sûr, le temps d'attraper un bouquin, elle est déjà repartie et je me retrouve comme un con en train de la chercher des yeux. Je lève la tête : elle est juste au-dessus de moi.
Mouvement de panique, je plaque le joystick de mon fauteuil électrique vers l'arrière et je déglingue la porte comme un gros lâche. Je n'ose même plus rentrer. Je ne l'ai plus dans mon champ de vision. Il est bientôt une heure du matin, et le constat est le suivant : je ne pourrais jamais l'attraper car elle est bien trop haute et rapide (et surtout écœurante), j'ai besoin d'aide.
J'envoie des textos à des amis qui sont susceptibles d'être encore debout (pas comme moi haha !). Il y en a un qui me répond, je l'appelle direct. Mais il ne viendra pas, il est déjà couché, et il n'a pas le courage de se rhabiller, de prendre son vélo pour venir déloger la pute à huit pattes. Quelque part, je peux le comprendre. Mais quel connard de m'abandonner dans cette situation !
J'essaye de réfléchir, de garder la tête froide. Elle est passée deux fois au-dessus de la fenêtre. J'avance donc pour l'ouvrir, en espérant qu'elle s'y dirige, et que je n'ai plus qu'à la fermer pour qu'elle ne rentre plus jamais dans ma chambre. Mais évidemment, lorsque je mets mon plan à exécution, elle arrête de bouger. Je m'installe dans l'entrée de ma chambre avec un livre, levant l'œil environ toutes les 10 secondes pour la surveiller, mais elle ne bouge pas.
Je suis complètement désemparé. Je n'ai plus le choix.
suite en comm
Mais si son bulbe était aussi gros qu'un calot... C'est sûrement qu'elle attendait une portée de centaines de petites, qui remonteront toutes le tuyau de l'aspi, qui iront toutes se planquer dans un coin de ton appart', et qui sortiront toutes le moment venu, une fois qu'elles seront bien grosses et écoeurantes, pour assouvir leur vengeance en criant "Allah Akbar"!!!
Je compose le 18 sur mon téléphone en priant pour tomber sur quelqu'un de compréhensif. Et c'est plus ou moins le cas. La personne voit bien que je suis en panique, je lui explique que je suis en fauteuil et que je ne peux pas me lever pour déloger l'araignée qui me terrorise, et qu'en plus de ça, je suis vraiment tétanisé devant cette créature immonde qui a sûrement rationnellement bien plus peur de moi que j'ai peur d'elle, mais quand même, ça n'empêche pas mon effroi. Et commencez pas à me sortir des conneries d'usage du style « mais c'est pas la petite bête qui va manger la grosse ! », c'est absolument irrecevable ! Après cinq minutes d'explications, comme quoi on ne peut pas mobiliser une équipe pour une intervention de ce genre, j'abandonne. Je le remercie quand même pour la psychologie qu'il a su adopter avec moi, même si au final, je me retrouve toujours avec le même problème sur les roues.
Très bien, puisque le 18 ne marche pas, on va tenter le 17. Oui je sais, j'abuse complètement, c'est totalement ridicule, mais voilà, c'est comme ça, je suis une pauvre tata tétra qui a peur des grosses araignées. Je tombe sur une dame très gentille qui comprend totalement ma situation puisqu'elle-même souffre d'arachnophobie, et de manière pathologique, c'est-à-dire bien plus que moi qui suis « simplement » écœuré par la taille et la dimension de cette monstruosité qui squatte ma chambre. Elle me dit qu'elle conçoit totalement l'épouvante de la situation, mais que tout comme les pompiers, les gendarmes ne peuvent pas intervenir pour « ce genre de cas ». C'est un nouvel abandon, même si le fait de discuter avec quelqu'un me redonne de la sérénité.
Courage ! Il faut trouver quelque chose. J'ai des petits goodies en plastique (pas des godes hein), très légers, et je me dis que si j'arrive à les lancer sur la monstruosité au plafond, je la ferais tomber et à ce moment-là, je pourrais l'écraser. J'ai donc cinq espèces de sphères dans les bras, soit cinq chances de réussir mon cou. On se croirait à la foire, sur un stand de chamboule tout.
Seulement voilà, je suis handicapé, et de base je ne parviens pas à lever les bras (et danse avec moi, en jean, en short, ou en djellaba, comme on le dit là-bas, bébé « inch'allah »). Même si mes projectiles sont aussi légers qu'une plume, mes tentatives se révèlent catastrophiques. Non seulement aucune de mes bastos n'atteint l'araignée, mais plus que ça, elles font à peine un lob raté qui passe à 50 cm de l'objectif, autant de gestes techniques dignes des footballeurs dont se fout Julien Cazarre.
Bien sûr, je ne peux pas me donner de nouvelles chances étant donné que mes balles se retrouvent maintenant au pied de l'étagère au-dessus de laquelle reste figée l'araignée : mon fauteuil ne passe pas entre les meubles jusque là-bas. J'essaye de prendre un balai pour la déloger, mais c'est trop difficile pour moi, même un manche pour le manche que je suis se révèle trop lourd à porter et à maintenir dans une certaine position pour toucher ma cible.
J'ai une dernière idée, la dernière chance : utiliser l'aspirateur. Il faut que j'aille le chercher dans le cagibi, que je le traîne jusqu'à ma chambre, ce qui insinue que je vais devoir rompre le contact visuel avec mon ennemie et de ce fait, lui donner une chance de se planquer et de m'offrir une nuit blanche dans le salon, parce que je suis une vieille merde qui a peur d'une grosse araignée et que mon incapacité à faire des mouvements qui régleraient le problème en cinq minutes me pousse à trouver des solutions compliquées mais qui, du moins je l'espère, feront qu'au moins ça vous fera marrer et que vous vous foutrez de ma gueule. J'accepte la sentence, c'est amplement mérité.
Je vais donc chercher mon arme ultime. Quel soulagement, après 10 minutes à crapahuter dans le cagibi et a traîné mon engin jusque dans ma chambre, que de constater que l'être abject que je tiens à exterminer est toujours prostré au-dessus de mon étagère, en étoile bien visible. L'étoile noire. Il manquerait plus qu'elle me balance un rayon laser destructeur à la sauce Star Wars...
Je suis debout, appuyé à ma commode, l'aspirateur posé sur mon lit et le tuyau maintenu entre mes mains tremblotantes. J'ai du mal à maintenir ma position car mes jambes sont comme des fougères, non seulement à cause de mon handicap, mais aussi à cause de ma frousse. Je lève tant bien que mal le tuyau vers l'araignée, et là je me rends compte d'un défaut de taille dans mon plan machiavélique : je n'ai pas de main disponible pour enclencher l'aspirateur. J'aurais bien tenté avec mon sexe, mais bon, non seulement c'était trop loin, et en plus j'étais dans l'opposé total des conditions pour avoir une érection. D'ailleurs, maintenant que j'écris, j'aurais pu avoir une sixième tentative de lancer pour la déloger avec mon œuf de branlette. Tant pis.
Ça va faire du bruit, et ça va sûrement faire chier les voisins, mais advienne que pourra, je n'ai plus le choix. Je repose le tuyau, allume l'aspirateur, et relève tout ça vers l'araignée. Je me lance vers l'avant, et approche au maximum l'embouchure de la machine, et la créature immonde se fait avaler d'un seul coup, disparaissant dans les tréfonds du sac de l'aspirateur. J'éteins rapidement, je recule aussi vite que je peux pour regagner mon fauteuil, ce qui prend environ cinq minutes pour faire trois mètres. J'attrape l'aspirateur, et ramène le tout dans le cagibi en espérant qu'entre-temps, le monstre à huit pattes ne remonte pas le tuyau pour me ressortir juste au-dessus de la gueule. Fort heureusement, ce n'est pas arrivé.
Je balance le tout dans le cagibi, que je ferme bien consciencieusement. Je suis soulagé, mais je suis toujours tremblotant comme un brin d'herbe au milieu d'une tempête. Trop d'émotions ! Maintenant, il faut que je dorme. J'en ai éliminé une, mais il y en a peut-être d'autres, et cette pensée me torture un peu trop pour que je me couche dans mon lit tranquillement. Mais je n'ai plus la force de faire quoi que ce soit. Je prends trois somnifères, et je vais me coucher. Deux minutes plus tard, j'étais dans les bras de Morphée.
La chasse à l'araignée version handicapée, c'est vraiment un truc que je souhaite à personne !
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Bisous
@Walkshadow: oui, le lendemain matin j'me suis branlé avec l'aspi pour la noyer dans mon foutre !
@Seoseo: "J'ai opté pour une nouvelle technique, d'abord je l'assomme, ensuite je le noie !"
des fois j'ai ce genre de créature de l'enfer qui rôde la nuit quand je vais prendre un truc dans le frigo, je crois que c'est pire que les araignées
@nibor: Haha ces saloperies. C'est chaud à choper, ça se glisse dans des fentes que t'avais jamais vu, et quand tu en éclates une, ça fout des pattes partout.
@Asterawyn: et pourtant... C'est dune fragilité en plus.
Dire c'est moche donc c'est méchant, ça c'est par contre très agressif (et con) comme posture.
@Japhet: Non mais détend toi le chakra de tes tétons, je rigole hein >< Putain Choualbox quoi, vous faites quoi ?
pd.
Le moment de fail où tu lance tes goodies sur l'araignée m'a fait furieusement penser à la taupe-garou dans le Donjon de Naheulbeuk.
"Ses multiples yeux aveugles renvoient à son cerveau, flétri par le Chaos, l'image d'une troupe de baltringues cherchant avec désespoir une issue de secours. Un type se prenant pour le chef de groupe tente une attaque plutôt malhabile, armé d'un sandwich au thon, ayant visiblement oublié que son épée était toujours au fourreau. Et soudain, c'est le drame..."
Je te donne la solution en image. Il m'est arrivé la même chose l'automne dernier, je me suis réveillé avec l'araignée à quelques centimètres de mon visage, sur l'oreiller.
La dernière araignée notablement grosse que j'ai spotted, je lui ai donné des restes et des mouches pendant deux semaines, puis elle a disparu ... ça fait un an, je t'oublierais jamais tarentula!
Perso, c'est plutôt un coup de tatane qui claque bien à plat sur sa gueule de saloperie...
Evidemment, c'est plus facile quand on n'est pas obligé de conduire un tank d'intérieur.
@Weakii: Je les respecte, je ne leur fait pas de mal, très utile dans une maison (surtout en été) mais putain même pas en rêve je m'en approche ou je la laisse m'approcher
C'est chaud le nombre de pleureuses qu'il y a devant des araignées... faut arrêter au bout des moments
@Divico: ça se contrôle très difficilement t'sais... chacun ses peurs, ses angoisses... Tu en as probablement que je n'ai pas, et vice versa
@Seoseo: Exactement. Par exemple, lui il a peur de finir dans un fauteuil roulant, alors que toi...
@Seoseo: non pas vice versa. Avoir peur des araignées en France métropolitaine c'est de la désinformation. C'est dommage. Un trauma social qui pèse à trop de gens et qui vous met en galère exactement pour rien. Aurais tu fait la guerre à un papillon sous les mêmes conditions ?
@Divico: Bien d'accord putain. Ya tellement de choual qui jouent les thug a niquer des mères potentielles et qui peuvent pos' cette box parce que "beurk les araignées", c'est affligeant.
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