La Guerre du Football, 14 Juillet - 19 Juillet 1969

Le Honduras et le Salvador sont deux pays voisins d'Amérique central. Pendant très longtemps, le Salvador était plus peuplé que le Honduras, à titre d'exemple, en 1969, le Salvador comptait 3,7 millions d'habitants alors que le Honduras, pourtant cinq fois plus grand, n'en comptait que 2,6 millions.

Dès le début du XX siècle, cette différence démographique et spatiale provoqua l'émigration de nombreux salvadoriens vers le Honduras. Devenant majoritairement fermier, ils étaient plus de 300 000 à vivre au Honduras en 1969.

Cette immigration n'était pas la bienvenue par tout le monde, notamment par certaines grandes entreprises agricoles qui firent pression pour faire adopter une réforme agraire au Honduras en 1962, retirant les terres aux immigrés salvadoriens illégaux pour les redistribuer aux natifs. À la fin des années 1960, les tensions étaient donc déjà élevées entre les populations Salvadoriennes et Honduriennes.

Ce qui fit basculer la situation, n'était rien d'autre que la coupe du monde de football de 1970. En effet, en vu des matchs pour la qualification pour le mondial, le Honduras et le Salvador devaient s'affronter à plusieurs reprises. Le premier match eut lieu le 8 juin 1969 à Tegucigalpa, la capitale du Honduras, qui remporta le match 1-0. Lors de ce premier match déjà, il y eu des combats entre supporters.

Le deuxième match eut lieu le 15 juin, à San Salvador, la capitale salvadorienne. Cette fois-ci, le Salvador l'emporta 3-0, et vit des affrontements entre supporters encore plus importants. Suite à cela, le Salvador coupa les liens diplomatiques avec le Honduras, accusant le pays d'avoir forcé 11 700 immigrés salvadoriens à fuir le pays, déclarant que le gouvernement du Honduras n'avait rien fait pour empêcher des crimes, des viols, des pillages et des expulsions.

Les deux pays ayant chacun remporté une victoire, une troisième rencontre est organisée pour les départager, cette fois-ci le match à lieu au Mexique. Le 26 juin, le Salvador finit par gagner 3-2. Le match ne fit qu'augmenter les tensions, le Honduras accusa les arbitres et les joueurs de tricherie. Des émeutes éclatèrent et les troubles civiles continuèrent entre les deux populations, notamment au Honduras où les populations salvadoriennes furent victimes de nombreux crimes.

Les journaux nationaux s'empressèrent de relayer ces crimes, bien souvent exagérés, et dès les heures suivant le match, les premières escarmouches éclatèrent à la frontière entre les deux pays. Le nombre de salvadoriens expulsés augmenta considérablement les jours suivant, jusqu'à ce qu'un avion du Salvador lâcha une bombe sur Tegucigalpa le 14 juillet.

L'armée salvadorienne, mieux armée, lança aussitôt une offensive en direction de la capitale ennemi, prenant au passage la capital provinciale de Nueva Ocotepeque le 15 juillet. Au début de l'invasion, les forces salvadoriennes progressèrent rapidement, avant d'être stoppée par l'aviation Hondurienne, plus puissante. D'ailleurs, les deux pays possédaient des F-4U Corsairs, des avions américains de la Seconde Guerre Mondiale. Cette guerre ne vit pas seulement les derniers combats des Corsairs, mais également les derniers duels entre chasseurs à hélice.

Finalement, le 19 juillet 1969, un cessez-le-feu fut proclamé et l'armée salvadorienne se retira. Suite à cela, un grand nombre d'immigrés rentrèrent au Salvador. Le cessez-le-feu ne mit pas fin aux tensions cependant, et il fallut attendre 1980 pour voir la signature d'un traité de paix.

La « guerre du Football » provoqua la mort de 3 000 personnes (900 au Salvador et 2 100 au Honduras), environ 15 000 blessés et le retour au Salvador d'entre 60 et 130 000 émigrés.