Jardins historiques : La Villa Lante, de l’ombre à la lumière.

Après avoir parlé de la création du jardin Anglais (https://choualbox.com/0ZEJA), j’ai pensé qu’il serait sympathique de revenir un petit peu en arrière pour s’attarder sur un jardin de la renaissance Italienne : La Villa Lante.

Le site eut autrefois appartenu à des évêques pour la pratique de la chasse, ne comportant que quelques petits aménagements. C’est vers 1966 que le Cardinal Giovanni Francesco Gambara décida d’acquérir ces terres pour y construire une Villa ainsi que des jardins. La Villa est située à proximité de Viterbe, au nord de Rome.

La principale caractéristique du jardin est la suivante : Le jardin est divisé en cinq terrasses, toutes situés à une altitude différente. A partir de cet axe, une sorte de trame scénaristique s’installe à mesure que l’on progresse dans le jardin, on commence sur la terrasse la plus haute puis finit par la plus basse.
On passe ainsi de l’ombre à la lumière. Et cela exprime, à travers l’ensemble du jardin, le songe de poliphile. Le songe de poliphile est un livre rédigé au XVe siècle racontant une quête initiatique, ou un homme du nom de poliphile évolue dans un environnement peuplé par des nymphes, des dieux et des monstres pour trouver Polia, celle qu’il aime, à l’île de l’amour : Cythère. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypnerotomachia_Poliphili)

Maintenant, la partie intéressante. On peut diviser le jardin en plusieurs parties :

Le périple débute dans le Bosco. Le bosco est composé d’une fontaine (comportant très peu d’eau) ainsi que, bien évidemment, des arbres (Bosco veut dire bosquet). Cette terrasse représente l’ombre, la méconnaissance. L’humain n’est pas capable de maîtriser l’eau et la nature, des têtes de monstres taillées dans la pierre sont présentes un peu partout, bref, on a ici une allégorie du Moyen-Age et par extension de l’ignorance dont fait preuve Poliphile à l’aube de son périple.

Une fois descendu de quelques marches, on se retrouve directement confrontés à la Grotto (La grotte), très humide et créant un fil d’eau. Cette grotte artificielle à la particularité d’être faite en vrais morceaux de grotte pour donner un aspect le plus naturel que possible. Des plafonds très travaillés à l’aide, entre autres, de coquillages, viennent marquer une légère empreinte de l’humain sur la nature. On y retrouve des nymphes, gardes des grottes pour rappeler celles que poliphile a rencontré durant son périple.

Pour marquer la transition de la Grotta vers la table du cardinal (Y’avait pas de nom alors va l’appeler comme ça), un grand escalier-cascade (visant à rafraîchir les usagers) vient s’interposer devant la progression pour finalement découler vers une balustrade de laquelle on peut admirer une surprenante fontaine. Il faut savoir qu’aucun système de pompe n’est utilisé, seulement l’écoulement par gravité. Cet effet de surprise est créé par un système d’escalier révolutionnaire permettant d’optimiser l’espace sur de forts reliefs (Le mettre perpendiculaire à la prente). La table du Cardinal, bien plus lumineuse (qui renforce la gradation), utilise un système d’eau pour rafraîchir ceux qui mangent mais aussi les aliments.

Une fontaine utilisant des arcs de cercles pleins et creux, s’interpose alors pour laisser place au dernier niveau : Les parterres, qui profitent à la Villa depuis ces Loggias.

Ce dernier niveau présente des parterres taillés au micromètre ainsi qu’une luminosité maximale. Elle représente la sagesse, l’humain qui a réussi à contrôler la nature, Poliphile terminant sont périple à la Fontaine centrale représentant l’île de Cythère. Enfin, on retrouve, bien évidemment, une structure de jardin de paradis (https://choualbox.com/LW7tt).

Pour conclure, le jardin de la Villa Lante raconte une histoire en utilisant le relief disponible pour créer la surprise, marquer une gradation et valoriser l’architecture. Et tout ça à partir d’un livre évoquant l'Antiquité, car bon, c'est la Renaissance.

La bise.