O.F.N.I. #9- Rêves

Je suis loin d’être un spécialiste du cinéma asiatique ; au contraire je suis même assez ignorant sur le sujet. Pourtant je ne pense pas me tromper en disant qu’Akira Kurosawa est au Japon ce que Kubrick est aux Etat-Unis, Tarkovski à la Russie ou encore Bergman à la Scandinavie : une légende incontournable dont la filmographie est une source inépuisable d’inspiration pour les générations de réalisateurs qui suivront.

Il est l’auteur d’œuvres majeures telles que Le Château de l’Araignée, Ran ou Les Sept Samouraïs. Rêves (‘Yume’ en langue originale) est l’un de ses derniers long-métrages, sorti en 1990, qui apparaît comme le rejeton marginal de Kurosawa.
Ce long métrage est découpé en plusieurs actes, 8 courts métrages à priori parfaitement distincts censés représenter l’un des rêves du réalisateur. Cette intention est risquée et l'intimité de l'artiste aurait pu facilement devenir illisible pour un regard différent du sien. Mais ce n’est pas du tout le cas. Chaque court-métrage présente un univers à la représentation onirique impressionnante et dispose d’une trame narrative très fine parfois simple et d’autres fois beaucoup plus complexe, l’auteur se plaisant à insuffler des morales à chacune de ses histoires.

Parmi ses histoires donc nous aurons le droit d’assister au « mariage des renards » sous la pluie vu par un enfant, une tempête de neige aux allures de cauchemar habitée d’une déesse, la marche glaçante de soldats damnés dans le tunnel liant le monde des morts et des vivants ou ma préférée : l’immersion dans les tableaux de Van Gogh (interprété par Martin Scorsese, rien que ça !) pour une ballade fantastique.

Rêves a selon moi vraiment réussi son pari de reconstruire les projections mentales de nos sommeils. Bien-sûr, ces projections sont à contextualiser, elles sont romancées et appartiennent à une culture asiatique bien différente de la nôtre mais je crois qu’en gardant cela à l’esprit, il n’est pas difficile de constater l’honnêteté de Kurosawa dans ce métrage : il nous offre ce qu’il a de plus enfoui. 9/10