Annihilation

Jadis l'on vénérait le corbeau,
Odin dans son déguisement.
Jadis le chat vantait au serpent
Les caresses traitant son ego.

La terre n'était que verdure,
Triste en hiver, belle en été.
L'arbre de vie fut honoré,
Au dur labeur de Dame Nature.

On disait au garçon ébahi :
"Sous sa simplicité apparente,
Envers toute chose vivante,
Se tapit un cycle infini.

Dédale à jamais incompris,
Ces rouages guident le temps,
Agissant à ce même instant
Sur le brin d'herbe et la fourmi.

Respecte cette complexe alchimie,
Car ton existence en dépend ;
Cet équilibre vacillant,
Implique notre minutie."

Le garçon grandit et prend,
Son besoin est insatiable,
Mais après s'être mis à table,
Son âme prit et son corps rend.

Parents, enfants, générations
Succèdent à la lourde tâche ;
Le symbolique coup de hache,
Se perd dans l'automation.

Processus en perte de contrôle,
Surproduction usuelle,
Nous, voleurs, tirons les ficelles
D'êtres qui n'ont plus aucun rôle.

Oublié le petit brin d'herbe !
Fini la trimeuse fourmi !
Annihilons ces ennemis
Ne sachant point tourner le verbe !

Un plaisir de courte durée,
La chute n'est pas sensible ;
Terre en joue, unique cible,
Aux dépens de l'humanité.