La fin du monde en dix minutes.

Il fait chaud. Enfin, j'imagine. Je n'ai pas de corps, j'aurais bien du mal à ressentir la chaleur. Mais le Soleil et le désert alentour me poussent à dire qu'il fait chaud.

Je ne sais pas quelle heure il est. L'astre est bas dans le ciel. Ses rayons dessinent avec peine les formes de quelques tours mystérieuses. À leur pied se profile un mur d'arches infranchissables. Peu importe, je n'ai aucune intention de fuir. On m'a prévenu : le monde s'éteindra dans dix secondes. Des secondes qui - sublimées par le temps - deviennent des minutes.

Quelle drôle d'idée que de vivre ses derniers instants ici, perdu dans cet océan de sable doré. C'est un luxe que de mourir seul. Pas de pleurs, de cris, de lamentations. Il y a bien une mélodie qui s'échappe d'on ne sait où, mais elle n'a rien d'oppressante. Elle m'apaise. Un peu comme si au crépuscule de sa vie, le monde me murmurait : "Ne t'inquiète pas, ça va aller. Marche, marche jusqu'à la fin."

Très bien, mais où ? Les arches en face de moi semblent trop loin pour être atteintes. Dix minutes, ce n'est pas bien long. Derrière moi, des montagnes naissent à l'orée des dunes. Je veux m'éteindre en plein soleil, pas à l'ombre des rochers. En contrebas, je devine une ronde de pierres. Stonehenge serait au milieu du désert ? Qui sait. Après tout, ça n'a plus aucune importance.

Va pour les arches, il faut bien prendre une décision. Sur le haut des murailles, j'aperçois des flammes qui ne dansent plus. L'eau des fontaines est figée, elle aussi. Le temps n'a plus court en ces lieux. Pourtant, il n'a jamais été aussi important. Ce mysticisme titille ma curiosité.

Je ne sais pas ce que j'espère trouver là-bas. Nous verrons bien. Un pas après l'autre, je progresse parmi les grains de sable - toujours accompagné de ces quelques notes doucereuses. La fin du monde est pour bientôt, je dois me hâter.

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