NSFWLe Massacre des Héréros et des Namas, Südwestafrika, 1904-1908

L'Empire allemand, créé juste après la défaite française de 1871, chercha à affirmer sa puissance en imitant ses voisins et en contrôlant des colonies tout autour du globe. La concurrence était rude, surtout que les britanniques et les français possédaient à eux seuls la majorité des colonies, et ce aussi bien en Afrique, en Asie qu'en Océanie. Grâce à sa position de supériorité suite à la victoire de 1871, l'Empire allemand parvint néanmoins, via une série d'accords, à acquérir quelques territoires en Afrique, dont le territoire d'Afrique du sud-ouest, le Südwestafrika, en 1884.

Ce territoire était considéré comme très riche par les colons allemands, qui croyaient pouvoir y implanter un grand nombre de mines pour en tirer des pierres précieuses. Sauf qu'en cette fin du XIXe siècle, le Südwestafrika était surtout peuplé de tribus vivant de l'élevage et qui n'avaient aucune intention de voir leurs terres être occupées. Malgré des négociation, les deux principaux peuples, les Héréos et les Namas, refusèrent le protectorat allemand en 1888.

L'Empire nomma l'ancien mercenaire Curt von François (3) commissaire impérial de la colonie pour y instaurer l'ordre. Arrivé là-bas en 1889 avec ses troupes, il y construisit des forts, des villes et des ports. Pour autant, les Namas refusaient toujours de se soumettre, se tenant derrière leur chef Hendrik Witbooi (4). Dans la nuit du 12 avril 1893, près de 200 soldats commandés par Curt von François lancèrent un assaut sur le clan Nama et massacrèrent 80 hommes, femmes et enfants. Witbooi parvint à s'enfuir, mais l'assaut porta ses fruits : les Namas furent vaincus et les Héréros acceptèrent de signer un accord protectoral en 1895.

Le Südwestafrika allemand put dès lors se développer, gardant les peuples autochtones loin de leurs terres et les laissant à leur propre sort, jusqu'au 11 janvier 1904. À ce moment là, le chef des Héréros Samuel Maharero (5), souleva son peuple contre l'occupant. Les Héréros attaquèrent les chemins de fers, les lignes de télégraphes et les garnisons sur place. Des colons allemands sont tués, femmes et enfants sont épargnés.

En réponse au soulèvement, Berlin décida de réagir fermement, et envoya 15 000 hommes sous la direction du général Lothar von Trotha, surnommé « le Requin » (6 -debout à gauche- et 7). Débarqué au Südwestafrika le 11 juin 1904, il pratiqua d'abord une guerre d'usure, avant de passer à l'action en octobre. Il parvint à encercler entre 2 500 et 6 000 familles sur le plateau du Waterberg avant de les mitrailler. C'est un véritable carnage, les quelques survivants n'ont qu'une issue : le désert du Kalahari. À partir de là, Trotha ordonna l'extermination de tous les Héréros, tirant à vu et empoisonnant les points d'eaux. Seuls quelques uns, dont Samuel Maharero, réussirent à rejoindre les terres britanniques où ils seront sauvés.

Les Héréros capturés furent déportés et envoyés dans des camps de concentrations (14 à 19), où ils seront quasiment réduit à l'esclavage, condamnés aux travaux forcés, certains subirent même des expérimentations médicales (29). Environ 15 000 Héréros auraient été envoyé dans des camps.

Au début de l'année 1905, Trotha partit à la chasse des Namas qui, bien que non violents, n'étaient toujours pas soumis. Il pista leur chef Witbooi qu'il parvint à tuer le 29 octobre 1905, tout en continuant les combats contre les Namas.

Finalement, le 7 janvier 1908, le Kaiser décida de gracier les Namas et les Héréros, et de fermer les camps. Le massacre dura quatre années, et se termina avec la mort d'entre 65 et 100 000 Héréros, soit 80% de leur population, ainsi que la mort d'entre 10 et 20 000 Namas. Pour mieux se rendre compte de l'ampleur du massacre, le Südwestafrika comptait en 1902 environ 200 000 habitants seulement !

Le Südwestafrika tombera sous mandat anglais après la Première Guerre Mondiale, rattaché à l'Afrique du Sud, le territoire prit enfin son indépendance en 1990, devenant l'actuelle Namibie.
Le massacre des Héréros et des Namas est ainsi considéré comme le premier génocide du XXe siècle.