Grande collecte des archives sur le travail des femmes (Archives nationales)

@PunkyZlip: Non, c'était deux bâtiments distincts... Et lorsque je parle de la maison, je pense au ménage, à la bouffe, etc. La ferme, c'était vraiment les animaux, les champs, les près, etc.

@legul: Et ton grand père il faisait quoi du coup, si c'était la grand mère qui faisait déjà les animaux et les champs ?

@PunkyZlip: cf mon commentaire à Wendigo. Mais en gros elle était le cerveau et une partie des bras (la traite, par ex, c'était 100% elle). Mon grand-père bossait également, à mi-temps je dirais (12h par jour...) ainsi que les enfants, mon père et ses frangines, avant et après l'école. Même si il n'y avait qu'un cerveau, c'était le genre de ferme très peu mécanisée (car en retard par rapport à la moyenne nationale) qui nécessitait tous les bras disponibles...

@Wendigo: Alors déjà, mon récit est un peu résumé, certes, mais je n'évoque que le cas familiale, pas une généralité sur les ménagères et ménagers. Je n'ai pas dit que mon grand père était feignant, il bossait sans doute bien plus que toi ou moi et s'il picolait c'était comme la plupart des hommes dans ces campagnes un peu reculée, aussi parce que les journées étaient "longues et dures" !

Par contre tu sembles connaître mieux que moi la vie de mes grands parents, ce qui me perturbe un peu... Je te confirme donc que le cerveau de la ferme était bien ma grand-mère et que nombre d'actions qu'il réalisait dans les champs ou les prés ou avec les animaux étaient habilement dictés par ma grand-mère.

Mon père qui a repris la ferme le dit souvent : c'est sa mère qui décidait de beaucoup de choses mais son père ne s'en rendait pas forcément compte... Et c'est cela l’intérêt, à mon sens, de ce travail des archives : redonner sa place au travail des femmes qui s'est souvent fait dans l'ombre de celui des hommes. En tout cas, dans le village familiale, il y a 70 ans, c'était comme ça. Et ça n'enlève rien aux taches harassantes que faisaient mon grand-père et qu'aucun agri n'accepteraient de refaire aujourd'hui.

@legul: je ne prétends pas connaître tes grands-parents mieux que toi. C'est juste que c'était la vie de 80% des gens pendant des siècles.
Les plus intelligents/doués/chanceux étaient soit ecclésiastiques, soit administrateurs, soit éleveurs, soit artisans (faiseurs -> faber en latin -> le faber -> Lefèvre)(fabricants de roues, de chaises, de balais, d'échelles, de râteaux, de sabots, de barrières, de fourches, forgerons, marechaux-ferrants, fabricants de charbon de bois, ferblantiers, tisseurs, etc...).
Eux ne pouvaient pas produire leur nourriture donc l'achetaient ou la faisaient produire par madame et les enfants.
Les plus pauvres enfin étaient laboureurs, mineurs ou ouvriers agricoles, se tuaient à la tâche pour un salaire de misère.

@Wendigo: Ça me va complètement. Mais tu es d'accord avec le fait que, dans les campagnes en tout cas, le travail des femmes n'était pas forcément reconnu à sa juste valeur, ou en tout cas qu'il n'est pas très bien documenté aujourd'hui ? Parce que c'est un peu l'idée derrière cette collecte...

@legul: le travail des femmes n'est pas documenté car ce sont les érudits qui écrivent l'histoire, et ils sont souvent religieux à l'époque.

@legul: il faudrait peut-être pour tes archives perso recontextualiser ta famille : femme forte et homme gentil/simple ? femme "munitionette" (plus affranchie) pendant la guerre et homme ancien prisonnier de guerre ?

En gros cet équilibre des "pouvoirs" était-il circonstantiel ou lié au caractère de chacun ?

@Wendigo: faudrait-il que l'on retrouve des archives, déjà,ce qui n'est pas gagné ;) Et oui, dans le cas de mes grands parents paysans, il y a une part liée au caractère. Ma grand mère était dirigiste et était plus intelligente que mon grand-père (je ne sais si il était simple, par contre...). Et elle était assez intelligente pour tout négocier, régler (comme la vente d'animaux, l'achat de matériel, négocier le prix...) et laissait mon grand-père signer à la fin.

Mais le cas de mes grand-parents n'est pas forcément représentatif du rôle des femmes à cette époque dans les campagnes. Ce sera aux historiens, après cette collecte nationale, de faire la part des choses.

@legul: tu es de quel département ?

@Wendigo: originaire de Haute-Marne. Du côté de mon père, famille d'agriculteurs classique du Barrois (petite ferme polyculture-élevage) et du côté de ma mère, fabricants de couteaux pour Nogent. Dans les 2 cas, mes grands-mères faisaient double journée sans que ça n'apparaisse dans aucun document.