Durant cette nuit d'insomnie, je me suis prêtée à un petit jeu dont la regle est la suivante: une personne vous donne une phrase ou un ensemble de mots, et vous devez ecrire ce que vous souhaitez en lien avec cette "consigne".

Je suis tombée sur "Le jour où Cuelebre et moi sommes devenus amis", et voici ma contribution :


"Prisonnière

Je suis là, prisonnière.
Ses yeux incandescents me fixent sans jamais defaillir,
Ses ailes gigantesques ouvertes au dessus ma tête cachent le soleil,
Ses dents aiguisées ne semblent attendre qu'un faux mouvement de ma part pour me réduire en un rien.

Je suis là, prisonnière.
J'ai tout tenté pour qu'il disparaisse: l'affronter, l'ignorer, essayer de me tortiller, rien n'y a fait.
Alors que mon corps s'affaisse avec le temps, lui est de plus en plus résistant, sa peau de plus en plus epaisse.

Colossal dragon-serpent, tantôt brûlant mes entrailles, tantôt enserrant mon thorax, il se nomme Cuelebre, et j'en suis la prisonnière.
Toujours plus ou moins present dans ma vie, il fait partie de moi.
Il est desagreable mais rassurant: grâce à la douleur qu'il m'inflige, je peux me rendre compte que je ne suis pas totalement insensible.
Personne ne connait la force ni le pouvoir de mon Cuelebre. Personne ne se doute à quel point il dirige ma vie. Personne ne sait à quel point j'ai lutté et lutté.

Alors aujourd'hui, c'est terminé.
Je suis là, prisonnière mais je l'accepte.
Ses écailles me protège du monde exterieur,
Les flammes qu'il crache tiennent les autres à distance.
Ce géant garde un minuscule trésor comme la prunelle de ses yeux: ma survie.
Alors je ne lutte plus.
Je pourrrais aller voir des spécialistes, prendre des medicaments, ou essayer d'arreter de me morfondre,
Mais non.
Deprime, neurasthenie, depression,
Peu importe le nom qu'on lui donne, je suis devenue amie avec mon Cuelebre.
Grâce à lui, je suis enfin sûre d'une chose: je suis en vie. "