Aujourd'hui, un peu de ma joie de vivre est morte

Aujourd'hui, journée de travail normale.

J'arrive à 10h.
Je suis gonflé à bloc, bien décidé à être d'une productivité exemplaire.
Je passe ainsi une grande partie de ma matinée à réfléchir objectivement sur la manière optimale de meubler mon temps de travail pour cet après-midi.

La réflexion se faisant vite trop intense, je décide d'aller un peu me changer les idées autour de la machine à café, profitant ainsi des ragots et intrigues que se partagent les secrétaires.

Tout le monde parle de la St Valentin, de ce qu'ils ont prévus pour ce soir - restos, soirée en amoureux, etc - et chacun y vas de sa petite anecdote romantique et/ou grivoise, bonne ambiance. Plus par habitude que par miracle, je parviens à détourner le sujet chaque fois que tombe le fatidique : "Et toi Captain, c'est quoi tes plans avec ta chérie ?", n'ayant ni l'envie ni le courage d'expliquer pourquoi et comment je vais passer la soirée du jour des amoureux comme une grosse larve, n'ayant ni plans ni chérie.

Big up à la secrétaire - appelons là Josette - qui nous as explicité sans aucune gêne - pas de son coté en tout cas - son amour du SM et pourquoi elle aime les plans bien hard et à plusieurs si possible, parce que je cite "la taille c'est bien et ça compte, mais le nombre aussi en fait !".
Sacré Josette.

Je passe donc à travers les balles, non sans un certain panache.

Après cela, 14h arrive bien vite, et avec lui la fin de la pause repas.
En bon fonctionnaire, je m'arme de mon téléphone pour la pause Facebook&Caca rituelle du début d'aprèm, et scroll sans ferveur le fil de mes actualités.
Et là, bombe atomique.
Le parpaing de la triste réalité qui se casse la gueule et vient écrabouiller la tartelette aux fraises de mes rêves et de mes espoirs.

Ma meilleure pote de lycée - et accessoirement ZE crush pour qui j'aurais été prêt à faire n'importe quoi - vient de se marier.
Pire, elle attend son premier gosse.

Je sais bien que ce sont des histoires bientôt vieilles de dix ans, mais l'amertume des regrets est là, et elle est assaisonnée à la sauce tant d'années on passé déjà*, supplément *qu'ai je fait de mon enfance déjà si lointaine ?.

Un système solaire de souvenirs me revient en tête, en particulier les occasions manquées la concernant.
Une galaxie de "et si ..." le remplace bien vite, et mon moral, un peu de ma joie de vivre et mon caca finissent par tourbillonner d'un même mouvement dans la cuvette.

Je me lave les mains, en essayant au mieux de camoufler mes larmes au milieu de l'eau et du savon.
Mon big boss rentre, me gratifie d'un "Ah salut Thomas, tu vas bien ?"
Mais je ne m'appelle toujours pas Thomas, la perspective d'avoir gazé les toilettes dans lequel il rentre n'est qu'une maigre consolation.

Je retourne donc à mon bureau, déconfit.
Adieu, mes rêves et mes espoirs de jeunesse.
Adieu, ma belle productivité.
Adieu, Gaëlle.

TL;DR : crush mariée, moi triste, mon boss se trompe encore de nom.
Moi très très la tristesse.