Confessions Infirmes # 17 - Aussi forte qu'une fourmi

Dans la vie, c'est très important d'avoir des amis sur qui l'on peut compter. Des gens qui vous prennent sous leurs ailes, ou encore qui vous portent sur leurs épaules. Parmi eux, j'ai une copine qui s'est révélée incroyablement forte, aussi forte qu'une fourmi.

Nous sommes le 6 septembre 2007, et c'est la coupe du monde de rugby. Cette copine et moi-même avons décidé de faire un petit tour sur Paris ce jour-là, sans pour autant calculer ce grand événement sportif qui a vu Chabal devenir l'un de mes héros avec ce fameux « no, we are in France, we speak french » ( https://youtu.be/pfUmW_Mf5qc ) envoyé à un journaliste anglais. Et pourtant, cela allait devenir le point de départ de toutes les péripéties que je vais vous raconter...

Notre petit tour de Paname à pieds (et moi avec ma canne, dont je me servais à l'époque) nous amène finalement à la tour Eiffel. Nous découvrons alors une gigantesque foule regroupée autour d'écrans géants qui retransmettent le match de rugby entre les All Black et la France. L'ambiance est très festive, si bien que nous nous faisons rapidement happés par la foule. On se tape l'incruste dans une petite bande de jeunes comme dirait Renaud. Ils sont vraiment cools, et on se retrouve tous là, assis en tailleur à partager des bouteilles, des pilons, des petits gâteaux et des chips, tout en regardant le match de loin.



Enfin, quand je dis que l'on partage, ma copine et moi on ne partage pas vraiment, on pioche et on profite ! De vrais parasites ! Mais tout ça se fait dans l'humeur du moment, dans une certaine exaltation autour de nos bleus qui sont en train de battre les prétendus invincibles néo-zélandais.

Le temps passe et passe et passe et beaucoup de choses ont changé, qui aurait pu s'imaginer que notre alcool serait si vite monté. On fait le point, on compte les joints un par un, et on se demande alors si on pourra rentrer pour demain.

Nous sommes en effet complètement faits. Mais on ne va quand même pas passer la nuit dehors, alors on quitte nos camarades éphémères et nous nous dirigeons tant bien que mal vers le métro. Et c'est là que les choses se compliquent grandement : je ne tiens pas debout. On va dire que l'addition handicap + fatigue + alcool est vraiment salée ! Ma pote a beau essayer de me soutenir pour que je tienne sur mes pattes tremblotantes, en une heure nous parcourons à peine 300 mètres.

La station de métro n'est pas si loin que ça, mais cela me paraît impossible pour l'instant. Je suis en sueur, mais jambes sont comme des roseaux et en plus je suis défoncé. Ma pote prend alors une décision que la folie et le courage se dispute encore : elle décide de me porter sur son dos jusqu'au métro.

Il faut savoir que cette amie en question a environ 17 ans, qu'elle ne doit pas dépasser les 50 kg et fait à peine 1,60 m. OK, moi aussi je suis un poids plume, mais quand même. Elle a bu comme moi, elle a fumé comme moi, elle a marché toute la journée comme moi, et même si forcément elle supporte mieux ces choses-là que moi, elle est quand même touchée.

Cependant, sur le coup on ne voit pas vraiment d'autres solutions. Le périple commence donc, un petit corps frêle sur un autre petit corps frêle (je vous vois venir, rien de sexuel !), et nous avançons, lentement mais sûrement, en tout cas bien moins lentement que ce que nous faisions auparavant. Je ne vous parle même pas des regards des gens autour de nous, et surtout de leur incroyable capacité tout en nous matant de nous venir en aide à aucun moment que ce soit. Certains diront que c'est la mentalité parisienne, d'autres généraliseront ça à l'ensemble de l'humanité.

Mon amie plie mais ne rompt pas. Je ne sais pas quelle espèce d'énergie l'anime, si c'est la force de l'amitié comme dans Pokemon ou si c'est un dieu scandinave qui lui prête sa puissance, mais elle m'épate. Peut-être que c'est une descendante de Laguertha !

Nous arrivons finalement au métro. La nuit est bien avancée, et il y a de moins en moins de foules alentours. Nous descendons dans la rame, bien évidemment en passant par les escaliers puisque dans les souterrains de Paris, il y a autant d'ascenseur que de chance pour moi d'être champion du monde de kick boxing. Et oui, même les rames les plus modernes en sont dépourvues. Non pas que je parcoure la capitale tous les jours, loin de là, mais ce n'est que très rarement que j'ai eu l'incroyable chance d'avoir un ascenseur pour m'aider à descendre, et pas en panne de surcroît.

Ma pote et moi sommes finalement sur le quai, en sueur, épuisés, mais néanmoins heureux : après l'effort, le réconfort, et puis il faut dire que la journée a été excellente. Nous attrapons le dernier wagon et alors que nous attendons d'arriver à destination, celui-ci s'arrête bien avant. Une annonce est faite comme quoi c'est le terminus. Nous sommes un peu sur le cul, et nous ne savons même pas où nous nous trouvons vraiment. Il n'y a plus qu'une seule chose à faire : sortir.

suite en comm

Confessions Infirmes # 17 - Aussi forte qu'une fourmi
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Seoseo
Seoseo
8 ans

Ni elle ni moi ne connaissons les stations, et pour tout vous dire, je ne me souviens même pas du nom de celle qui nous a vu débarquer. J'ai quand même pu me reposer, et mes forces sont revenues, grâce au sacrifice dorsal de mon amie et à la pause accordée par le voyage dans le métro. Hélas, nous ne sommes pas au bout de nos déconvenues.

Bien souvent, dans le métro, il y a des escalators. Ça facilite le trafic et c'est quand même bien moins contraignant que des escaliers (même si ça ne remplace pas des ascenseurs, j'insiste j'insiste mais j'en ai vraiment plein le fion de cet incroyable retard en infrastructures dont fait preuve l'une des plus grandes capitales européennes, voir du monde). Seulement, à cette heure très tardive, les escalators ne fonctionnent plus. Et le pire dans tout ça, c'est que le quai est désert : nous n'avions pas fait gaffe, mais nous étions les seuls passagers dans le wagon, et il n'y a personne non plus en dehors. Il va falloir se débrouiller par nous-mêmes, comme à l'extérieur.

Marche après marche, l'ascension de ce qui pour moi représente l'Everest commence. Je n'irai pas jusqu'à dire que chacune d'entre elles a pris une minute pour être gravie, mais dans l'idée on n'est pas loin. Et je n'ose même plus demander à ma copine de me porter, car elle-même semble être à deux doigts de s'effondrer. Vous imaginez si je dois la prendre sur mes épaules ? Je crois que je serais plus capable d'accomplir des épreuves dans Koh Lantah ou Takeshi Castle. Ouais, après réflexion pas du tout, mais bon vous imaginez à quoi je pense !



Finalement, nous arrivons en haut de la montagne. Nous sommes devant les guichets, vous savez, avec les tourniquets que les gens doivent faire fonctionner avec des billets. Évidemment, ni elle ni moi n'avons de ticket de métro (enfin peut-être elle, mais je ne suis pas allé vérifier). Si elle n'a aucun mal à enjamber les barres de fer, je suis pour ma part obligé de ramper en dessous, sur le sol crasseux, entre les mollards, les chewing-gums écrasés et les mégots, telle une larve qui ondule péniblement pour poursuivre sa route. À ce moment-là, j'ai laissé une part de mon humanité derrière le tourniquet...

Nous pensions alors que c'était fini, mais pas du tout. Nous constatons avec horreur que les portes d'entrée et de sortie du métro sont closes. On est littéralement enfermés à l'intérieur. J'essaye de garder mon sang-froid, mais malgré tout la panique s'installe peu à peu.

C'est alors qu'il est arrivé. Le miracle. Le Messie, celui que tout un peuple a toujours attendu, celui qui n'est jamais arrivé et qui pourtant aujourd'hui se présente sous nos yeux ébahis.

Un agent d'entretien, de l'autre côté des portes vitrées, se pointe avec son balai et son seau. Nous tambourinons sur les portes pour attirer son attention, et par la grâce du destin, il nous entend. Il s'approche de nous, mais l'euphorie retombe aussi rapidement qu'elle est montée : il n'a pas le droit de nous ouvrir.

Bien évidemment, le droit ! Le règlement ! Le texte sacro-saint qui dirige nos destinées pour garantir une protection maximale en dépit de tout bon sens et de toute exception ! La règle numéro un dans le métro est qu'on ne doit jamais remettre en question la règle du métro... bon je m'égare.

Nous commençons tels de braves suppliants à invoquer les bons sentiments du si gentil pakistanais au cœur humain et qui ne va pas laisser crever dans le métro de pauvres jeunes, dont une mineure et un handicapé. Ce serait si vil (et non civil), si diabolique...

Mission accomplie ! L'agent d'entretien est convaincu, faith in humanity restaured ! Nous sortons enfin de la gare, pour nous retrouver au coin de deux rues que nous ne connaissons pas. Tout ce que nous savons, c'est que nous sommes très loin de chez moi. Je demande à mon amie d'aller au coin de la rue pour découvrir au moins le nom de celle-ci, afin que je puisse appeler un taxi qui nous ramènerait jusqu'à chez moi.

Je peux vous dire que la course a été chère, mais bon, dans ces moments-là, l'argent ne fait plus loi.

C'est ainsi que se termine cette petite aventure qui m'aura vu apprécier les installations et les infrastructures toujours plus adaptées aux PMR... heureusement que ma copine s'est révélée aussi forte qu'une fourmi !

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Bisous

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anonyme
anonyme
8 ans

Tu l'as baisée ?

Seoseo
Seoseo
8 ans

@LaGerbe: JOKER

Shtechitsu

@Seoseo: Et est-ce qu'elle t'a baisé ?

Seoseo
Seoseo
8 ans

@Shtechitsu: -_-

anonyme
anonyme
8 ans

@Seoseo: là tu en dis trop ou pas assez!!!

Seoseo
Seoseo
8 ans

@feiho: j'l'ai aimé mais pas baisé

anonyme
anonyme
8 ans

@Seoseo: la salope....

GoldenFist

@Seoseo: dur...

Joko
Joko
8 ans

@Seoseo: du coup elle a Baiser avec tout le monde sauf toi ?

sainsi
sainsi
8 ans

@Seoseo: Tant qu'elle est pas morte, y a toujours moyen.

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Spiral
Spiral
8 ans

@sainsi: Ptet même plus de chances une fois morte

Guezmo
Guezmo
8 ans

"d'autres généraliseront ça à l'ensemble de l'humanité."

Oui c'est moi.

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Kekemousse

PMR Prostituée à Revenu Médiocre ?

Seoseo
Seoseo
8 ans

@Kekemousse: Plouc Marchant Rarement ;)

anonyme
anonyme
8 ans

"Le temps passe et passe et passe et beaucoup de choses ont changé, qui aurait pu s'imaginer que notre alcool serait si vite monté."
à 1:37

Commentaire supprimé.

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