O.F.N.I. #8- L'Ange

Il est très peu probable que vous ayez déjà vu un long-métrage tel que L’Ange de Patrick Bokanowski en dehors de certaines salles obscures bien dissimulées au fond de musées d’art contemporain. Nous avons tous déjà vu ces courts essais filmiques dans des biennales ou autres expositions d’art abstrait, ces « œuvres » la plupart du temps mal filmées, souvent absconses et systématiquement masturbatoires… L’Ange, c’est un peu la même idée mais format 1h10.

Il est très rare qu’un film avec un tel niveau expérimental dispose de la distribution qu’a eu celui de Bokanowski, je pense même qu’il fait office d’exception.

Le film a un squelette visible et ce sera bien la seule chose à laquelle nous pourrons nous raccrocher. Il s’agit d’une succession de scènes liées entre elles par une séquence récurrente dans ce que nous devinons être un escalier. A chaque étage, nous entrons dans une nouvelle dimension qui, souvent, a peu de choses à voir avec notre réalité. Le film expérimente ENORMEMENT de choses : travail sur la temporalité en utilisant des ralentis, des accélérés ou des répétitions, travail sur la sensation optique avec des effets stroboscopiques, des arrêts prolongés sur image, travail sur la dimension sonore assez impressionnant avec un paysage de bruitage très vaste et une musique toute aussi barrée que les images. Il s’agit là de la principale force du film car vous verrez des techniques que vous ne connaissez certainement pas mais c’est également sa plus gros faiblesse : la frontière entre l’œuvre d’art et l’exercice technique est souvent très mince.

Parmi les scènes présentées nous aurons par exemple le droit à un épéiste en train de répéter ses mouvements (répéter est bien le terme), un homme se lavant frénétiquement dans une baignoire ou encore l’histoire d’une cruche qui se casse.
C’est un long-métrage certainement très élitiste qui ne parlera qu’à une poignée d’individu, mais en dehors du fait de comprendre chacune des séquences proposées (en supposant qu’il y ait quelque chose à comprendre), je pense que l’aspect hypnotique et trippant des images pourra plaire à un plus grand public. En ce qui me concerne, L’Ange ne m’aura pas embarqué dans sa douce folie. 5.5/10