Téhéran, 1973

Époque du Shah...

Téhéran, 1973
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Coronavirus

Pavé César, ceux qui vont lire te saluent !

Ces images de propagande. L'Iran dans les années 1970, c'est une population qui pour la moitié vit à la campagne dans des conditions de pauvreté parfois extrême et qui refuse l'occidentalisation promue depuis Reza Chah (1925-1941). De plus, elle reste fortement attachée aux traditions et à la religion et l’influence du clergé chiite y est forte. Dans les villes, s’il existe bien quelques (très) riches familles et une classe moyenne émergente (voire embryonnaire) qui adopte un mode de vie occidental, une grande partie est pauvre, voire vit dans la misère dans des bidonvilles qui ne cessent de grandir du fait de l’exode rural. Ces quartiers informels regroupent une population miséreuse issue du monde rurale (pour rappel qui reste attachée aux traditions). Il existe également toute une frange de la population urbaine traditionnelle (artisans, commerçants) fortement liée au milieu des oulémas (religieux).

Par ailleurs, l’espérance de vie en Iran n’y était que de 48 ans dans les campagnes et d'à peine 60 ans en ville (pour comparaison en France l’espérance de vie était de 72 ans au début des années 1970...). L’alphabétisation est un autre critère intéressant pour mesurer le développement du pays dans ces années et pour venir nuancer cette image. Si l’alphabétisation a fortement augmenté, celle-ci reste faible : 30 % en moyenne en 1966 avec un fort écart entre ville (51 %) et campagne (15 %) ainsi qu'entre les sexes (4 % des filles en milieu rural sont alphabétisées contre 62 % des hommes en ville...). En France à la même période, 99 % de la population sait lire et écrire, et ce que quel que soit le lieu et le sexe.

Sur la condition de la femme, il existe bien des mouvements féministes en Iran, parfois anciens dans les années 1900, mais ils restent cantonnés à une frange infime de la population appartenant à la haute bourgeoisie ou à l’entourage du Shah. Ainsi, la décision de dévoilement des femmes prise en 1935 par Reza Shah, choque une grande partie de la population, notamment les femmes qui restent attachées au modèle traditionnel (qu’elles ont intégré dans leur inconscient et leur mode de vie et qui leur apparaît normal). Pour éviter le dévoilement, un grand nombre de femmes préfèrent ne plus sortir et rester cloîtrées chez elles pour conserver leurs traditions et éviter ce qu’elles conçoivent comme un déshonneur (être une « pute » en somme). Paradoxalement, ce qui devait libérer la femme, l’a en fait fait disparaitre de l’espace public jusqu’à la Révolution islamique de 1979 qui (là encore paradoxalement), en promouvant le voile et le tchador, voit un retour des femmes dans l’espace public.

Si les femmes reçoivent des droits politiques et sociaux, elles restent néanmoins sous le coup des lois islamiques. La participation des femmes à la vie politique institutionnelle (quasi inexistante et dirigée par le parti unique) est par ailleurs anecdotique (15 femmes au Parlement). Le féminisme en Iran sous le Shah est en fait avant tout un féminisme d’État qui reste conservateur et autoritaire car il est imposé sur le mode du despotisme éclairé. Le modèle mis en avant est celui de la femme qui est avant tout une mère La femme reste aussi sous le contrôle de l’homme. En cela, l’Iran promeut un modèle traditionnel où l’émancipation reste somme toute limitée.

Téhéran peut être considérée comme la seule véritable grande ville moderne (occidentalisée) du pays. Elle sert de vitrine au Shah pour convaincre le reste du monde (comprendre l’Occident) que l’Iran s’est modernisée (occidentalisée) et qu’elle s’apparente à un pays occidental, voire appartient à ce monde qu’il entend intégrer. Cette vitrine ne reflète pas l’état du pays. Ainsi, regarder ces photos comme le signe de la modernité du pays sous le Shah, c’est adhérer au discours du shah et tomber dans le jeu de sa propagande. C’est faire fi des conditions matérielles et culturelles du reste du pays et de ce qui n’est (volontairement) pas montré ou bien de ce qu’on ne veut pas (involontairement ou pire volontairement) voir à travers ces photos et autres témoignages (on voit ce qu’on veut voir ou bien on voit ce que l’on nous donne à voir). S’émouvoir à travers ces photos d’un glorieux passé du régime du Shah où triomphait la modernité et la liberté (qui n’a en fait pas existé ou en tout cas qui est à nuancer fortement) contre l’obscurantisme et l’archaïsme du présent régime politique est idéologique et sélectif. On ne garde que ce que l’on veut et que ce qui nous arrange de voir en se limitant au vernis sans chercher à voir les faits et la réalité qui s’y cachent.

S’il y a bien eu modernisation, celle-ci reste minoritaire et est trompeuse quant à l’état réel de ce pays à cette période.

Japhet
JaphetStanley Kubrick
4 ans

@Coronavirus: t ki

HKarotte
HKarotteGeorge Brassens
4 ans

@Coronavirus: Oh mon dieu, un commentaire en plusieurs paragraphes sur CB ! Tu cherches la merde ? Tu veux la bagarre ?

En vrai c'est très intéressant, et effectivement le fait de questionner les images et c qu'on tente de nous faire passer par elles comme message, c'est essentiel... T'as un bagage en histoire pour pouvoir en parler autant ?

Coronavirus

@HKarotte: Licence d'Histoire Master recherche, CAPES, + prépa agreg, + prof en collège

HKarotte
HKarotteGeorge Brassens
4 ans

@Coronavirus: Cool, ben c'est sympa d'avoir un peu de fond sur des sujets en tout cas

Divico
Divico
4 ans

Tain ma mère y était en 78 au tout début de la révolutions, elles faisaient la fête en boite de nuit a Téhéran et ensuite c'était a Kaboul avant l'invasion, elle a des photos sympas de la-bas, mais je les ai plus

anonyme
anonyme
4 ans

J'vois pas de quoi tu veux parler, j'le trouve très ouvert monsieur Khamenei.

Schloren
SchlorenNikola Tesla
4 ans

@CyrilRool: bof bof, ça ressemble de plus en plus au 9-3...

anonyme
anonyme
4 ans

@Schloren:

IMG
Godela
Godela
4 ans

cha chest chur!

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