Écrire c’est créer

Écrire c’est faire pousser un monde. On est un jardinier, on prend soin de ses plantes tout en les laissant vivre. On l’observe, on vérifie que des pousses de gourmands ne viennent pas asphyxier la plante, on s’inquiète et on passe du temps.

Écrire c’est donner consistance à l’inconsistant. On a un rôle de déterminant : nous actualisons un concept de notre esprit à une réalité qui prend vie sur le papier. Le grammairien nous jugerait utile, le croyant nous prie comme son Dieu, le lecteur s’incruste dans notre âme.

Écrire c’est accepter. On accepte l’Intrus qui viendra observer notre esprit, le disséquer, proclamer sa compréhension, tout autant juste qu’erronée, de notre vie et de nos choix. On accepte les critiques, qu’elles soient où nos constructives. On prend les coups de poing dans la figure mais on sourit.

Écrire c’est donner la vie. Chaque livre est un enfant, chaque personnage est un enfant. On les voit grandir, souffrir, subir ou combattre leur destin. On est parent sans vraiment l’être. Ce sont nos plus belles réussites et nos pires cauchemars. On les adore autant qu’on les hait.

Écrire c’est donner une place. La lecture consiste à incarner, il faut laisser une place à son lecteur. Il faut le laisser prendre part à l’aventure et pas seulement le laisser sur le bas-côté.

Écrire c’est créer. Créer une place pour nos personnages, nos vies, nos idées, nos rêves, notre frustration, nos espoirs, nos déboires, nos peurs, nos angoisses, nos doutes, nos joies, nos peines, nos regrets, nos adieux, notre mort. Mais aussi vous. Une place pour vous, vos personnages, vos vies, vos s idées, vos rêves, votre frustration, vos espoirs, vos déboires, vos peurs, vos angoisses, vos doutes, vos joies, vos peines, vos regrets, vos adieux, votre mort…

Écrire c’est construire un cimetière, où toutes les âmes en peine, parviennent à trouver un instant de repos et de paix.