La providence nous a fait échoir au Nord
Car même ici retentit le quatuor.
Une valse toute beethovénienne débute
Une valse du désir au milieu des volutes.
C'est le bal des nations qui se meut gentiment
En proie aux grands principes, fiers et arrogants.
Chaque nation trouve cavalière dans la future guerre,
La séduisant par ses promesses et ses manières.
Mais les couples sitôt formé sont happés par la musique,
désappointé par une valse si électrique.
Beethoven cède la place à Brahms sur le parquet.
Les talons rayent ce dernier et le font crisser.
Tous en souffrent, eux qui s'en enchantaient.
Alcools, cigares, sueurs... Puanteur! Quelle atrocité!
Là où tout le monde au début se gargarise,
Apparaît une chorégraphie qui se barbarise.
Les pertes sont lourdes, la fatigue fait ravage.
Les concurrents chutent et se font marcher dessus.
Les restants se défient avec dans les yeux la rage
Valsant dans le sang, les pieds fendus, fourbus.
Un seul vainqueur, un seul gagnant, aucun principes.
Les croches pieds commencent et les bousculades aussi,
La lutte est présente, acharnée et sans merci.
Il ne restera à ce bal qu'une seule équipe.
Bientôt le quatuor laissera sa place,
Beethoven reviendra avec son piano,
Et en une sonate avec quelques adagios
Montrera à tous que ci-gît mes millions de carcasses.