Miore - Auto Stop Trip #7 Baignade, mafia et hippie
Cette anecdote se déroule après avoir perdu ma carte bleue à Venise suivi de 2 semaines de festival en Croatie... Mais à 1500km de chez moi, il faut que je trouve un moyen de rentrer sur Toulouse sans argent. A la sortie du festival à Pula (Croatie), j'ai parlé avec un conducteur de bus et j'ai pu monter gratuitement direction Venise (Photo 1), je m'endors satisfait d'avancer et me réveille... en Slovénie !
(Contrairement aux autres CSB de voyages que j'ai écrit, il n'y aura pas de chute ou d'événement vraiment loufoque, elle sert plus de transitions et puis même j'ai envie d'en parler parce que c'était cool)
Surprise donc ! Mais pas tout seul. Dan, mon voisin de siège est dans le même cas que moi. Et coup de chance, on avait sympathisé lors d'un apéro pendant le festival. Au moins, cette nouvelle galère ne se vivra pas tout seul et on décide de continuer l'aventure ensemble jusqu'à ce qu'il puisse retourner à Venise pour prendre son avion pour Londres.
On descend du bus et on se retrouve dans un lieu totalement étranger (Photo 2, 3 et 4). Tellement étranger que nous n'arrivons même pas à prononcer son nom : Ljubjana (phonétiquement ça se dit djezfiuziuq)
On se prend un café, histoire d'avoir les idées claires et mieux se connaître hors du contexte alcolisé du festival. Et d'un coup je me souviens qu'une petite Australienne avec qui j'avais sympathisé lors d'un shift du festival m'avait dit :
"Hey, d'ailleurs après le festival je voyage en Slovénie, tu peux venir avec moi et ensuite tu retournes en France", je lui avais répondu que ça m'étonnerait que je puisse venir, que je dois rentrer au plus vite en France. Le hasard fait bien les choses au final car elle était vraiment sympathique.
Une petite heure plus tard, nous la retrouvons dans son hôtel, à nous 3 nous étions maintenant une belle petite équipe de voyageurs dans les rues de la capitale Slovène. On visite la vieille ville, on traverse les ponts, on admire de beaux paysages (photo 5 et 6)... Plutôt sympa et inattendu. Mais moi j'ai toujours rien de prévu, je ne sais même pas où je vais dormir ce soir.
Mon père m’envoie un mail "Miore c'est papa, je t'ai fait un virement de 300 euros en Western Union, tu dois pouvoir le récupérer avec ce code", je dis la nouvelle à mes amis et nous nous dirigeons vers une banque WU.
Mais pour être honnête, je n'étais pas particulièrement heureux en recevant ce message. Toutes ces sensations de débrouilles me plaisaient bien et je m'y étais vraiment habitué. Je me disais "Au final, c'est aussi simple ? J'ai juste à donner un code et hop je prend un train pour la France ? Plus d'aventures ?". Oui bon, concrètement je crachais dans la soupe hein.
Nous arrivons, je vais voir la banquière et fait toutes les démarches pour recevoir mon argent en cash. Je lui donne mon code et elle me dit de patienter.
Le code ne marche pas.
Je réessaye,
Elle réésaye.
Le code ne marche toujours pas, ni elle ni même son boss ne sait pourquoi, je demande à mon père de me redonner le code et... non il ne marche toujours pas !
C'est à ce moment précis que je me suis dit : "Vas-y c'est un signe, foutu pour foutu prends le comme tel et rentre à la maison en stop comme tu te l'étais fantasmé."
Mon compagnon de bus anglais nous quitte direction Venise et je reste avec l'Australienne. Elle avait peur de faire un Couchsurfing seule, donc je tombais bien ! On demande à différentes personnes, parmi toute les personnes à qui on a demandé on voit un type torse nu et poilu comme un ours, on rigole avec mon ami "Haha vas-y on va chez le monsieur tout nu".
(Couchsurfing est un site qui permet de dormir gratuitement chez des locaux)
Bien évidemment, le seul à nous accepter était le monsieur tout nu.
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TL;DR : Mon bus pour Venise allait au final en Slovénie, j'ai dû dormir chez un mafieux slovène hippie.
Bien évidemment, le seul à nous accepter était le monsieur tout nu. Heureusement, il avait ses vêtements quand il est venu nous chercher et il était vraiment très sympathique ! Il s'appelle Resad et a fait l'aller retour du petit village de Kamnik avec sa camionnette pour venir nous chercher. C'était un petit gars tout rondouillard qui payait pas de mine, tout sourire et avec un anglais approximatif.
Il nous amène dans son petit village (photo 7 et 8), on rencontre sa mère atteinte d'Alzheimer dont il s'occupe. Il nous montre les monuments de sa ville et on grimpe une montagne pour atteindre son "jardin secret", une cabane qu'il a construit lui même. Avec sa ferme et ses animaux. (photo 9)
On redescend, je passe la soirée en ville avec l'Australienne à visiter Kamnik (photo 10), c'est pas très grand ni très beau mais ça a le mérite d'être en Slovénie. On rentre et Resad est vraiment l'apogée du "trop sympa", au point de nous donner sa grande chambre et qu'il se mette à dormir par terre au pied du lit. Quand un slovène a une idée en tête, difficile de lui faire changer d'avis.
Content d'avoir un lieu où dormir, je prépare mes affaires pour partir le lendemain en stop depuis la capitale, Resad doit travailler à Ljubjana et peut me déposer sur un axe routier intéressant.
Le lendemain (photo 11), Resad a vraiment envie que l'on reste, et j'ai beau lui dire que je dois rentrer vite en France il a l'air d'avoir prévu sa journée avec nous. Il a même appelé son boulot pendant que l'on dormait pour avoir sa journée de libre et ainsi profiter en avec nous ! Quand un slovène a une idée en tête, difficile de lui faire changer d'avis.
Au final, je me dis que ça reste une expérience intéressante et en fait j'ai pas vraiment le choix, donc allons-y.
Hier la montagne, aujourd'hui la mer ! On se dirige vers Koper au bord de la mer méditerranée Slovène. Regardez sur une carte, le pays possède à peine quelques kilomètres de mer enclavés entre l'Italie et la Croatie !
Du coup je peux dire que dans ma vie, je me suis baigné en Slovénie. Et ça, c'est pas banal (photo 12, 13 avant qu'il se mette tout nu, fidèle à sa photo Couchsurfing, 14 et 15)
Sur le chemin, Resad s'ouvre un peu plus sur son passé. Avant d'être le gros ourson tout mignon qu'il est actuellement, il avait ouvert sa première boîte de nuit à l'âge de 20 ans à Ljubjana. Très rapidement, la mafia Russe a commencé à venir chez lui régulièrement et appréciait sa sympathie. Puis, il a pu en ouvrir deux, puis trois (il ne m'a pas dit si il avait eu l'aide de la mafia pour grandir aussi rapidement). Ses clubs, c'était des points de rendez vous important pour les pontes de la criminalité, Et apparemment, il avait aussi baigné dans ces eaux là. Je lui ai demandé à demi mots et avec beaucoup de retenu si il avait déjà eu à faire des choses peu légales avec eux, il a fait style de pas comprendre mon anglais.
Plus tard, quand sa fille est née, il a décidé de vendre tous ses clubs, acheter des terres dans les montagnes, vivre de sa ferme, s'occuper de sa mère malade et de son enfant. Une vie tout à fait différente du jour au lendemain ! Il a arrêté l'alcool, coupé les ponts avec tout ses "amis" et maintenant son rêve : c'est d'ouvrir une "école du bonheur" dans la montagne. Il y accueillerait des personnes qui ont "réussit socialement" mais cherche encore le but de leur vie. Et il leur inculquerais des valeurs importantes.
Et franchement, Resad c'est un des types les plus simples et sympathiques que j'ai rencontré, très direct et franc et toujours souriant ! On sait jamais si ça cache quelque chose de lourd mais en tout cas c'était un vrai plaisir de passer du temps avec lui. Il voyage beaucoup avec son van dans toute l'Europe, et aujourd'hui il est en Suisse. Il a des projets donc c'est super de discuter avec lui
Enfin bon, concrètement c'était quand même un mafieux, il a pas dû décharger que des bouteilles d'alcool dans sa vie.
Avant de rentrer sur Kamnik, il nous fait visiter Medeltek, un quartier grunge de Ljubjana avec des dessins partout et une ambiance vraiment unique (Photo 16, 17 , 18 et 19 j'aimerais vraiment m'étaler sur ce sujet mais la box serait interminable) On rentre sur Kamnik, on fait un hamam, on mange, on regarde un film, on dort.
Je me souviens que ce soir là, Resad m'a donné une paire de chaussures. Alors que j'en avais pas du tout besoin, mais il a vraiment vraiment insisté pour que je me mette à les porter pour la suite de mon aventure. Quand un mafieux slovène a une idée en tête, difficile de lui faire changer d'avis.
Le lendemain il nous dépose tout les deux à la gare, on se fait un câlin et on se dit qu'on se reverra, mon Australienne prend son bus pour la suite de son aventure et je me retrouve de nouveau tout seul et sans argent à Ljubjana.
Je test les bus, mais c'est une grande station de capitale et le « capital » sympathie ne marche pas comme en Croatie pour monter gratuitement. Je continue ma route et arrive à une station service. Là bas personne ne veut me prendre car je suis tout simplement mal positionné, je m'en rends compte lorsqu'un jeune sort avec son paquet de cigarette et me demande où je veux aller.
On parle, il me jauge du regard puis.. me coupe la parole pour me dire qu'il veut bien faire détour pour me déposer dans un meilleur endroit de stop. Bon j'ai rien demandé mais merci. Le fait est qu'il a pas une super allure, vieille bagnole, gros jogging taché, mal rasé avec son paquet de cigarette. Encore une fois je reste à l'afut mais je monte avec lui.
Au final un type super, il est très curieux de mon aventure et on parle énormément du sens de la vie et toutes ces conneries, on passe au final bien une vingtaine de minutes à parler alors que le trajet n'en fait que cinq. Il me souhaite bonne continuation, je descend, je lève le pouce et grâce à lui la première voiture qui s'arrête peut m'emmener jusqu'à la frontière italienne. Je monte avec mon sac à dos et ma nouvelle paire de chaussure issue de la mafia slovène. C'était une dame de l'âge de ma mère adorable qui a pu m'emmener jusqu'à Trieste en Italie, mais ça c'est une autre histoire.
Sympa. mais la question qui brule toutes les lèvres! tu l'as baisé?? ( le slovène hein? on se doute bien que tu n'as pas touché a l'australienne)
Pas encore tout lu mais.... la Slovenie est entre la Croatie et Venise.... donc pourquoi une surprise et pourquoi descendre ?
@Myosotys: Mon bus devait aller de Pula en Croatie à Venise en longeant la méditerranée, le conducteur m'a dit "Vas y monte mais à Trieste il faut descendre", il parlait d'un changement mais je pensais qu'il me disait que le conducteur allait changer.
Et moi vu que j'étais con, j'ai fait style de dormir à Trieste en me disant que j'allais continuer sur Venise, sauf que je me suis vraiment endormi et le bus est partit vers l'Est en s'éloignant de la méditerranée, vers Ljubjana
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