Une journée fade

Grossièrement j'ai pas une vie qui soit un puis à cool story, mais là...

Je bosse depuis novembre dans un office de tourisme. Le taf est pas excitant mais j'ai assez galéré à le trouver pour y être attaché (déjà, victime).
Comme cet office est celui d'une ville à caractère petite et endormie, on s'occupe aussi de l'animation. Donc l'office de tourisme organise chaque année des spectacles scolaires pour les enfants de 3 à 6 ans, avant les vacances de Noël. Élément que je n'avais pas en ma connaissance lorsque j'ai accepté de donner un coup de main.
C'est presque en arrivant le matin à 9h que j'ai pu constater la splendeur du chantier qui m'attendait. Première chose que je fis en entrant dans le hall de la salle des fêtes entièrement dédiée à cet événement, je me dirige vers mon collègue, au physique de Jamel mais blanc, et qui ne touche pas la cotorep, pour lui demander quelques informations sur ce qui s'annonce comme une guerre. Dans son style d'élocution bien à lui et avec son odeur bien à lui il m'explique que nous allons devoir accueillir les écoles maternelles de tous les villages alentours pour les faire ensuite entrer dans la salle où se déroulera le spectacle des "artistes". Cette discussion clause, je me dirige ensuite dans la salle de spectacle.
En entrant, je croyais assister à une caméra cachée dont le but aurait été de subsister tout rire humain à de la profonde haine (légère exagération). Pourquoi ? Il y avait une femme plutôt tassée avec une voie aiguë, à en faire pâlir Roselyne Bachelot, qui faisait les tests de micros que font tous les artistes qui se disent professionnels. De plus, je constatai avec tristesse que le décor présent sur la scène était vraiment ridicule, ce qui m'a fait dire "oh c'est mignon, ce sont les enfants des écoles qui ont décoré la scène". Plus les secondes découlaient, plus je me rendais compte du piteuse état dans lequel se trouvait l'équipe qui organisait le spectacle. Le rideau se ferme, tout est prêt pour les enfants.
Ces mêmes enfants qui arrivaient petit à petit dans le hall, et qu'on me charge de placer dans la salle. Je suis quelqu'un de cool, je peux même par instant posséder quelques degrés de swäg, donc je me suis forcé à placer quelques sourires devant ces graines d'enculés pour les faire entrer dans un climat de confiance.
Une fois tous installés, le seule chose qui ressortait de mes activités était une pensée, qui ne faisait que naître, mais qui allait vite devenir la pensée globale de la journée : "ça va être long".
Les lumières s'éteignent, le silence arrivent, j'exulte. Ma joie fut de cour instant. Le spectacle commença...
Et là, mais sur la vie d'ma mère maintenant, UNE MERDE. Certes, l'interactivité avec les enfants était sympas, mais l'histoire était vraiment mauvaise, les acteurs surjouaient tout et la fin était connue dès le début.
Pour souligner ma tristesse face à ce "show", je profitais des moments de grand bruit de la foule pour fixer les personnages droit dans les yeux et leur asséner un "c'est de la merde enculé", auquel il ne répondait pas puisque je me trouvais hors de leur champs de vision, à l'abri derrière un pilonne.

Par un divin hasard, la spectacle touche à sa fin.
On me réquisitionne alors pour démonter la scène et installer la nouvelle, pour que l'équipe puisse jouer son deuxième spectacle (le premier étant réalisé pour des élèves de maternelles et le second pour des primaires) dans l'après-midi. je vais donc avoir la chance d'aider les deux stars de ce show, Elisabeth et Cornichon.
En portant des projecteurs, je me rends compte que c'est un employé de mairie qui est à la régie, sur une petite table placée en plein milieu de la foule. Je ne le connais pas, lui ne me connait pas, mais il n'hésite pas à me donner des ordres. Moi j'ai rien contre les sosies de Régis Laspalès, après faut pas non plus que tu me prennes pour une merde vieille sous-race de mort, et c'est pas parce que j'ai pas connu Line Renaud jeune que tu dois me manquer de respect.
Au fil de nos quelques mots échangés il me dit :
-Tu iras en haut, dans la régie et tu éteindras les lumière pour qu'on soit dans le noir, car les CP et CE1, n'ont pas peur du noir.
-D'accord (Émile Durkheim). (je n'ai pas osé cette blague, car il ne connait surement pas ce sociologue et moi je ne saurais même pas dire s'il était plutôt Quick ou Mac Dow)

Le (triste) repas de midi est passé, et il déjà l'heure d'accueillir d'autres élèves en provenance des mêmes écoles pour ce nouveau spectacle haletant.
Je m'installe dans la pièce qui sert de régie mais que la troupe n'utilise pas. Le spectacle est sur le point de commencer et j’éteins les lumières, au bon moment. Je suis assez fier. Et alors que je commençais à rédiger mon discours pour ma remise de décoration par le maire de la ville pour "belle manœuvre lumineuse", je constate que le second spectacle est encore plus nul que le premier. Une sombre affaire de chevalier et de princesse, dans laquelle on comprend tout bien trop tôt.
Et au moment où j'allais perdre goût en l'humanité, j'assiste avec joie à une rébellion de la foule. Parmi les 420 enfants présents dans la salle, certains profitaient du noir pour porter leurs couilles. Ainsi, quand la princesse demandait si la salle voulait danser "la danse de la grenouille" avec elle, je fus heureux d'entendre une petite centaine d'enfant répondre : NON. Par la suite, elle se mit à jouer de la harpe (aussi bien que moi je chasse le bébé phoque). Pendant son interprétation, des enfants la huaient ! Dans ma "régie" je riais à gorge profonde.
Ce pourrait-il que les enfants n'aiment pas être pris pour des cons ? Ce pourrait-il que ces enfants fassent, plus tard, sauter les murs de la République ? Ce pourrait-il que le respect épargne enfin les enfants ? Ces questions ne trouveront pas de réponses avant une grosse dizaine d'années.

En conclusion, une journée nulle avec peu de réconfort, si ce n'est la rencontre d'une adjointe au maire plutôt bonne, et à laquelle je n'hésiterai pas à transmettre une vibration sexuelle de 7 sur l'échelle de Rocco Siffredi.

PS : si tu es parvenu(e) à lire l'intégralité de ce texte fade, bravo et je t'aime.
PS² : la photo est une véritable photo du duo, avec laquelle j'ai subtilement joué de mes talents de pirates pour modifier les visages (regardez bien, vous verrez bien que ce ne sont pas leurs visages d'origines, bluffant !)