Le handicap et son image
voir (http://choualbox.com/FeLjy - confessions infirmes 9)
Petit Complément sur le handicap mental.
Mon petit frère, qui a 2 ans de moins que moi, est autiste depuis sa naissance, et doit prendre des médicaments chaque jours pour éviter de faire des crises d'épilepsie.
Il y a de ca quelques années, je devais avoir à peu près 18 ans, son établissement spécialisé a organisé une grande fête de fin d'année. Tous les parents (au sens large) de tout le monde étaient invités. Mon petit frère et moi-même étant en bons termes, j'y suis allé.
C'est, honnêtement, l'un des moments ou je me suis senti le plus mal dans ma vie.
Mon petit frère a une carte d'invalidité à 80%, et pourtant il faisait (il a changé d'établissement) clairement parti des gens ayant le moins de difficultés pour s'exprimer et interagir avec les autres. Par exemple, l'un de ses meilleurs amis est venu me voir. impossible de comprendre un mot. pas un seul. On a "discuté" une dizaine de minutes, il est parti tout content.
Tout ça pour dire qu'en France, je suis très étonné par la médiatisation du handicap. Il y a les handicaps mis en avant, les handicaps tolérables, et puis il y a le rebut des handicaps, ceux qu'on ne veut surtout pas voir, les "handicaps dégueu". J'en ai pris conscience au cours de la fête. La trisomie c'est montrable. Les trisomiques sont en général des gens très sympathiques, c'est pas avec eux qu'on va essayer de faire des opérations matricielles, mais ils ne sont pas "dans leur monde", ils sont accessibles. Et montrables.
Et puis, de l'autre coté, il y a les maladies que personne ne connait. Elles sont sales, pas montrables parce que pas compréhensibles. il y en a plein, je suis pas la pour en faire la liste. On en parle pas parce qu'elles ne touchent que très peu de personnes chacune. Mais en en parlant pas, on minimise ce qu'est le handicap et on en déforme la perception chez les gens, en créant une sorte de clivage entre "handicapés" et "handicapé bizarre". On montre d'un coté les trisomiques et l'autisme léger, et on ne montre pas de l'autre coté le syndrome d'Angelman par exemple.
Autre exemple.
En première année d’étude supérieures, je me retrouve dans une promo tout a fait sympa. bonne ambiance, assez peu de groupes fermés, tout le monde discute. Et il y a une personne que tout le monde connait. "Champion" sera son nom.
Tout le monde se fout de sa gueule. Il est bizarre, un peu perché, il parle de truc vraiment wtf, bref, tout le monde en rit dans la joie et la bonne humeur générale. Au bout de quelques jours, je suis allé voir le directeur, en lui disant que ce type était clairement autiste et que si il en parlait pas, la situation ne s’arrangerait pas. Il a finit par présenter son handicap a toute la promo (et bravo a lui, c'était vachement courageux surtout en étant autiste).
Après ça, les gens se sont pas mal clamés, et ça s'est nettement mieux passé (il se trouve malheureusement qu'il s'agissait d'un sacré connard, raciste, machiste, une sorte de choual en somme)
Tout ça pour répondre à Seoseo :
Le regard des gens qui sont mal a l'aise face au handicap, je comprend totalement. C'est une question de "niveau d'habitude" face au "niveau de handicap". Quelqu'un qui n'a jamais été confronté au handicap et qui a une forte capacité d'empathie peut naturellement se sentir mal a la vue d'un handicapé, même léger. Et ce malaise se traduit souvent par les yeux, qui s'agrandissent ou se détournent.
Je ne dis pas que c'est simple a affronter en tant que handicapé, mais il faut bien comprendre que c'est difficile pour les "valides", qui ne savent pas forcement comment réagir, qui parfois ne voient même pas le handicap sous leurs yeux.
TL;DR : C'est facile d'avoir la flemme de lire. moi j'ai la flemme d'écrire. TDEG ?
Ton histoire me rappelle un chantier que j'ai fais dans un hôpital psychiatrique. J'étais la bas pour repeindre les chambres. Ce que j'y ai vu me hante encore. Avant de commencer les travaux, j'ai du lessiver chaque pièces du sol au plafonds. L'infirmier qui m'y conduisait m'a donner des consignes précises. M'enfermer dans la pièce, ne répondre à la porte qu'après m'être assuré qu'il s'agissait bien du personnel... Dans ces chambres, le mobilier était vissé au sol. La première pièce que j'ai du refaire, l'occupant avait pris sa couche pleine de merde pour l'étaler partout sur les murs et même un peu au plafond... La suivante, il y avait un trou de la taille d'un ballon avec du sang séché et des touffes de cheveux autour...
@Bebecadum: Je travaille en psy, j'ai jamais vu ça... Quand un patient s'envoie la tête dans le mûr, on nettoie le sang bordel ! Ils m'ont l'air d'être une belle bande de rigolos.
Je comprends tout à fait ce que tu veux dire, et c'est pareil avec beaucoup de choses, du moins chez moi. Venant d'un lycée de campagne, on va dire que j'ai pas vu beaucoup de gens de couleur dans ma vie. Du coup depuis que je suis dans le supérieur, j'ai peur de faire la boulette avec une blague mal placée ou quoi que ce soit... Mais c'est une habitude à prendre je pense. On a pas tous les mêmes réflexes.
je suis assez d'accord avec toi mais je vois pas ou tu veux en venir .
PS : Très bon ton TL;DR
@CpTAInKoinKoin: j'aimerais bien te le dire mais j'ai peur que ca remplace le TL;DR...
Bon l'idée c'est que ok le regard des gens c'est dur quand tu es handicapé. le problème c'est que dans l'autre sens aussi c'est dur, principalement parce qu'aucune com ne cible le handicap dans sa globalité: c'est toujours des trucs super génériques "le handicap, parlons-en". Ca donne aux gens l'illusion de la compréhension du handicap. Et une fois confronté au handicap, les gens sont toujours aussi démunis, tout en sachant que leur comportement ne sera pas adapté, parce que c'est admis que le handicap est tabou.
J'ai entendu ça ce matin à la radio et c'est à peu près dans ce que tu racontes.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/fait-divers/la-mere-d-un-petit-autiste-menacee-sur-internet-pour-avoir-scolarise-son-fils_1758808.html
Joli post. Je plussoie la fin, pas facile de savoir comment réagir. La meilleure solution restant d'agir normalement tout en respectant son interlocuteur.
" une sorte de choual en somme ".
T'attends quoi pour l'inviter à s'inscrire ?
Sinon pour la première partie, je vais résumer très simplement :
avant l'église et les autorités condamnaient à mort les gens différents, souvent pour des motifs bidons comme " il était possédé par le diable, on lui a rendu service ".
Aujourd'hui c'est pas éthique de les " supprimer " ces gens, par contre on se donne du mal pour les cacher au reste du monde. Et c'est un business !
En tout cas pour les maladies que personne connait, je veux bien que tu partages des noms, histoire de se coucher moins bête. Merci
Je comprends parfaitement ton ressenti. Moi même dans ma famille, nous avons un handicapé mental et c'est très très dur à vivre, surtout pour les parents. La moindre tâche devient un véritable parcours du combattant. C'est long, épuisant et stressant.
A ceci s'ajoute le rejet d'autrui parce que, bien sur, personne ne veut fréquenter le "malade mental"...
Pour te paraphraser et résumer tout cela, il y a le handicap "propre", celui de la télé et des quelques médias, et le "sale", celui dont personne ne veut entendre parler, ni voir...
Médiatiser le sexe, la "beauté", les mêmes concepts du bonheur NRJ12 Tellement vrai et de la santé ça ça marche, ça vend !
Mais c'est sur qu'il y a un tas de pauvres innocents qui passent à côté du vrai monde. De l'humain. Alors je n'hésite plus une seconde à rendre les gens mal à l'aise avec la vérité du monde. Celle qui dit que ça pourrait être tes parents, ta fratrie ou tes enfants.
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