John Heartfield

L'artiste engagé : le parcours politique

De son vrai nom Helmut Herzfelde (1891-1968) était un artiste allemand engagé dans le combat anti-fasciste qui n'hésita pas à critiquer le pouvoir nazi en pleine ascension. La vie de cet homme est assez chaotique puisqu'il a subi la Première guerre mondiale, le chaos de la République de Weimar, le régime nazi et enfin le régime socialiste de RDA. Son engagement n'en est que plus remarquable.
Son père et sa mère étaient socialistes et très actifs politiquement. Ses parents ayant des problèmes mentaux, Heartfield est abandonné dans une forêt en 1899. Il parvient avec ses frères et sœurs à rejoindre son oncle. Cependant ce dernier est très pauvre et envoie le jeune Helmut dans un monastère catholique (alors qu'il est protestant).
Il s'engage par la suite dans des études d'art qui le conduisent à rejoindre le mouvement dada en 1917. L'art dada s'oppose à la société et se caractérise par son pacifisme. Il a choisi le nom John Hearfield en 1916, en pleine guerre, au moment où la politique anti-britannique faisait rage en Allemagne. Bien qu'il n'ait pas participé à la guerre, ses idéaux communistes l'ont poussé à s'engager toujours plus pour finalement rejoindre le parti communiste allemand en 1919.
Il vit à Berlin en plein chaos jusqu'en 1933 en continuant son œuvre anti-fasciste puis s'enfuit dans les Sudètes après avoir échappé aux SS. Il passe en Tchécoslovaquie mais doit fuir en Angleterre après l'invasion des Sudètes en 1938. Il se rendit en Angleterre où il fut considéré comme un prisonnier.
Rappelé en 1947 en Allemagne pour un poste de professeur, il fut toujours suspecté d'être un espion anglais. La Stasi le surveillait et il ne put exercer ni sa profession, ni son art jusqu'à sa réhabilitation en 1956. Son rêve de l'idéal communiste fut alors brisé et il se contenta de réaliser des décors de théâtre (son ancienne passion), des affiches et quelques montages sans être aussi prolifique qu'auparavant.

Le choix du photomontage

Pendant toute sa vie, Heartfield n'a eu de cesse de réaliser des photomontages. Après sont adhésion au KPD, son art devient alors un instrument de lutte au service de la révolution. Heartfield est très connu pour ses photomontages, technique qu'il a créé avec un de ses amis artistes.
Il rejoignit notamment le journal socialiste AIZ (Arbeiter Illustrierte Zeitung) où il put exposer au public ses photomontages. Ses montages se diffusaient partout en Allemagne grâce à ce média de masse.
Il concevait l'art, non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen de servir le bien commun. Très expressif dans ses émotions, celles-ci transparaissaient largement dans ses œuvres. L'utilisation de photos donne une impression de réalité, souvent tragique. Les images et les mots, qui viennent compléter, l’œuvre, sont d'une force évocatrice incomparable.

http://www.johnheartfield.com/John-Heartfield-Exhibition/
http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Heartfield/152513

Quelques unes de ses œuvres :

1-« Dix ans après, père et fils » (1924)
2-« La rationalisation est en marche ! » (1927)
3-« La signification de Genève » (1932)
4-« Adolf le surhomme, avale l'or et crache du fer blanc » (l'or évoque les financements qu'il reçoit et le fer blanc sa parole) (1932)
5-« Le véritable sens du salut hitlérien » (1932)
6-« Goering le bourreau du Troisième Reich » (Ministre de l'Intérieur en 1933, Goering se charge de la répression contre les communistes en incendiant le Reichstag) (1933)
7-« Outil dans la main de Dieu ? Jouet dans la main de Thyssen ! » (Thyssen est un industriel allemand qui finançait le parti nazi) (1933)
8-« Du Moyen-Âge… au Troisième Reich » (1934)